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PASSION GENEALOGIE, HISTOIRES de NORMANDIE et d'AILLEURS - Page 10

  • Crier haro sur le baudet !

    Voilà une expression qui doit beaucoup à la Normandie. Selon le « Coutumier de Normandie », issue du plus ancien droit normand, la clameur du haro, restée en vigueur jusqu'à la Révolution Française, était à l'origine un cri de détresse et d'appel au secours » permettant de désigner au public le coupable d'un acte délictueux que chacun avait devoir d'arrêter.

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    Il pouvait être « interjeté non seulement pour maléfice de corps et pour chose où il y aurait éminent péril, mais pour toute introduction de procès possessoire ». C'est ainsi qu'est resté l'expression « Faire haro sur quelqu'un ou quelque chose », pour manifester publiquement son indignation ou sa réprobation, livrer quelqu'un à la vindicte populaire, réclamer un châtiment contre un coupable voire désigner un bouc émissaire ou accuser un innocent.

    Ensuite, rentre en scène Jean de La Fontaine (1621-1695), l'homme qui aimait tant à dépeindre dans ses Fables sous l'apparence d'animaux le caractère et les défauts des hommes.

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    Jean de La Fontaine par Hyacinthe Rigaud

    Dans « Les animaux malades de la peste » (1678), ces derniers, victimes d'une épidémie, cherchent le coupable qui détourneraient d'eux la colère divine. Après avoir disculpés le lion, le tigre et autres rois de la gent animale, il ne reste qu'un pauvre baudet qui avoue avoir brouté un peu d'herbe dans le pré d'un couvent. Un âne, un sot, si maladroit dans son discours, qu'il devient le coupable idéal. !

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    Gravure de Gustave Doré (1876)

    Tous crièrent « haro sur le baudet » rendant responsable d'un désastre un être inoffensif et d'ordinaire innocent. La raison du plus fort n'est-elle pas toujours la meilleure ?

     

    Biblio « Les cent expressions nées de l'Histoire » de Gilles Henry – Revue Historia, janvier 2009.

  • La Seine-Maritime s'enflamme pour les Jeux

    La flamme olympique des jeux de Paris 2024 sera à Rouen le 5 juillet prochain. Elle passera notamment devant les deux monuments incontournables de la ville, la cathédrale Notre-Dame et le Gros-Horloge, avant de continuer sa route en Seine-Maritime pour rejoindre la ville du Havre en fin de journée.

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    Symbole de paix, de l'unité et de la sportivité, elle est censée, selon la volonté du baron Pierre de Coubertin (1863-1937), rénovateur des Jeux olympiques de l'ère moderne, faire le lien avec les Jeux de la Grèce antique.

    En effet, selon la mythologie, puisant sa source auprès des dieux, le feu né des rayons du soleil était attiré dans une skaphia, miroir parabolique de l'Antiquité tenu par des jeunes filles vierges. Signe de pureté, il brûlait devant les temples comme devant celui d'Olympie où se tenaient les Jeux.

    Bien que la célébration des premiers jeux de l'ère moderne eut lieu à Athènes en 1896, la flamme olympique n'est apparue pour la première fois qu'en 1928 lors des Jeux olympiques d'été d'Amsterdam (Pays-Bas).

    Ce n'est que 8 ans plus tard que le cérémonial de son allumage et des relais de sa torche aurait été proposé par Carl Diem (1882-1962), théoricien du sport et secrétaire général du Comité d'Organisation des JO d'été de Berlin de 1936. C'est lui qui aurait eu l'idée d'adapter l'ancien rituel des messagers olympiques qui annonçaient aux provinces de la Grèce antique le début de la trêve sacrée pendant les jeux. Sa proposition d'une flamme allumée à Olympie devant les ruines du temple d'Héra puis transportée à l'aide d'une torche à travers les continents jusqu'à la ville hôte des Jeux ne pouvait que séduire l'Allemagne nazie d'Hitler.

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    Enriqueta Basilio, première femme à allumer le chaudron avec la flamme olympique lors des JO de Mexico en 1968



    En 2009, sur décision du CIO, le chemin de la torche va se réduire à un circuit à l'intérieur du pays hôte.

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    Torches olympiques exposées au Musée olympique à Lausanne en Suisse.

    Pour la petite histoire, alimentée par des cartouches de propane, la flamme olympique millésime 2024 brûle au "gaz biosourcé". À la disposition des 10 000 porteurs-relais, pas moins de deux milles torches en acier recyclé (1.500 pour les JO et 500 pour les Jeux paralympiques), dessinées par le designer français Mathieu Lehanneur et conçues pour résister au vent et à la pluie. A chaque ville-étape, le dernier porteur du jour embrase un "chaudron" composé d'un anneau comme suspendu au-dessus d'un socle métallique avec un effet rappelant des ondes et des vagues.

    Ce n'est qu'au dernier jour du relais, le 26 juillet, que la flamme embrasera la vasque qui se substituera au "chaudron" lors de la cérémonie d'ouverture.

  • Les limonades de Voltaire ou comment "l'espérance de guérir est déjà la moitié de la guérison"

    30 mai 1778 à Paris, quai de Théatins (aujourd'hui Quai Voltaire). À l'angle de la rue de Beaune. Hôtel du marquis Charles de Villette (1736-1793). Dans une chambre du deuxième étage sur cour, s'éteint l'écrivain et philosophe Voltaire. Il a 83 ans, un âge très avancé pour l’époque.

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    Hôtel parisien du marquis Charles de Villette où décéda Volatire

    Si, de santé fragile, l'homme a enduré toute de sa vie de nombreuses maladies récurrentes, la posture du « savant souffreteux » lui convenait parfaitement. Il répétait à l'envi être au bord de la mort et prêt à rendre son dernier soupir. Rien ne lui faisait plus plaisir que d'entendre ses amis s'effrayer de sa maigreur, s'alarmer de sa faiblesse, le penser plus âgé et plus dégradé qu'il n'était. Même qu'un jour en société, pour attirer la compassion, il se mit à énumérer les 42 pathologies dont il était atteint !

    Évidemment, il se montrait aussi à l'affût de tous les remèdes nouveaux, n'hésitant pas à ingurgiter une quantité inimaginable de médicaments.

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    Portrait de Francois Marie Arouet dit Voltaire (1694-1778) par Quentin De La Tour (1736)

    La pathologie la plus sérieuse dont il fut victime, il n'avait alors que 29 ans, fut la variole. En cette année de 1723, elle fit pas moins de 14 000 morts dans la capitale, n'épargnant aucune classe sociale. On sait tout de cette épisode de la vie du grand homme grâce à dans une lettre qu'il a adressée à Louis-Nicolas Le Tonnellier de Breteuil-Preuilly (1648-1728). Il y décrit sa maladie, le traitement qu'il a subi et sa guérison miraculeuse :

    « Je vais vous obéir, monsieur, en vous rendant un compte fidèle de la petite vérole dont je sors, de la manière étonnante dont j’ai été traité. (...) Cette maladie parut après deux jours de fièvre, et s'annonça par une légère irruption. Je me fis saigner (…) Soigné par le médecin de Monsieur le cardinal de Rohan (lequel lui infligea en outre une quantité de saignées et de purges), il me fit boire deux cents pintes de limonade. Cette conduite, qui vous semblera extraordinaire, était la seule qui pouvait me sauver la vie ; toute autre route me conduisait à une mort infaillible, et je suis persuadé que la plupart de ceux qui sont morts de cette redoutable maladie vivraient encore s'ils avaient été traités comme moi. »

    Et de poursuivre, convaincu que les cent litres de limonade qu'il avait bus, une boisson à base de citron, riche en vitamine C et réputée pour ses vertus antivirales, l'avaient guéri mieux que les médecins de son temps : « Cela fait voir démonstrativement que tous ces charlatans dont Paris abonde, et qui donnent le même remède (je ne dis pas pour toutes les maladies, mais toujours pour la même), sont des empoisonneurs qu'il faudrait punir. »

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    Voltaire ressortira de cette terrible épreuve convaincu de l’intérêt de l’inoculation, ancêtre des vaccins et combat des Lumières. Celui contre la variole fut découvert en 1796 par le médecin britannique Edward Jenner (1749-1823) .