Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le fauteuil maudit de l’Académie française

Paris, quai Conti, Coupole du collège Mazarin aussi appelé des Quatre-Nations de l'ancienne Université de Paris. Là se trouve l'Institut de France où se réunissent régulièrement les 40 membres de l'Académie française, ces « immortels » œuvrant à normaliser et à perfectionner la langue de Molière. Chacun d'eux à son fauteuil attitré, un fauteuil tapissé de velours vert présentant une assise pliante comme celle d'un strapontin de luxe et affecté d'un numéro allant de 1 à 40.

academie française.jpg

A priori, rien ne distingue le fauteuil numéro 32  des autres ! Non, vraiment rien... Si ce n'est une sinistre réputation : le fauteuil numéro 32 serait maudit !...

Fruit du hasard ou réelle damnation, toujours est-il que, pour nombre des occupants dudit fauteuil, la vie n'a pas été un long fleuve tranquille... A commencer par Lucien Bonaparte (1775-1840), frère de Napoléon Ier (1769-1821), 6ème immortel à occuper ce siège. Élu en 1803, il en exclu par ordonnance en 1816 avant d'être tout simplement proscrit de France. Son successeur, le dramaturge Louis-Simon Augier (1772-1829) sera le premier immortel à se donner la mort en quittant la Coupole, se jetant dans la Seine du haut du Pont des Arts.

academie française 4.jpg

Il n’est nullement question à l’époque de parler de malédiction. Mais un normand aux racines brayonnes, Gaston Leroux (1868-1927), va semer le trouble... En 1909, il publie un roman inspiré de la célèbre institution française. Une œuvre de fiction qu'il intitule « Le fauteuil hanté », un fauteuil dont chaque nouvel occupant trouve la mort dans des circonstances mystérieuses.

Et la réalité va alors rejoindre la fiction ! En 1911, le Général Hyppolyte Langlois (1839-1912), auteur d’ouvrages de théorie militaire, prend place à son tour sur le siège 32. Il meurt sept mois à peine après son intronisation ! Et la série noire continue ! L'historien Robert Aron (1898-1975) élu le 7 mars 1974 décède six jours avant son discours de réception. Quant au romancier Alain Robbe-Grillet (1922-2008) élu en 2004, il perd quant à lui la vie avant même d' avoir été intronisé.

Le fauteuil 32 va rester vacant jusqu'en mars 2009 et l'élection du réalisateur et écrivain François Weyergans (1941-2019). Son discours d'intronisation est fixé au 16 juin 2011. Le jour « J », stupeur dans l'hémicycle : le siège 32 est vide ! On se regarde. On se scrute. On prend peur. Quand enfin l'intéressé arrive avec un quart d’heure de retard. Du jamais vu à l’Académie française ! Il est accueilli par Erik Orsenna, maître de cérémonie. Ses premiers mots déclenchent l'hilarité des présents : « Vous voici. Vous voici enfin ! Élu le 26 mars 2009, reçu aujourd’hui, 27 mois plus tard. Nous avons failli attendre ! »

academie française 5.jpg

Allez, pour conclure, d'une part, il a été démontré que le nombre de décès des immortels occupant le fauteuil 32 n’est pas le plus important : 21 membres contre 24 pour le fauteuil n° 4. D'autre part, pour permettre des travaux de rénovation au sein du bâtiment, tous les fauteuils des académiciens ont été changés en octobre 2020 ! Cela a dû rassurer l'écrivain et historien Pascal Ory qui, depuis le 4 mars 2021, a hérite du fauteuil n°32 !...

Écrire un commentaire

Optionnel