Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

HISTOIRE - Page 21

  • La grâce d'une main

    Une main. Une simple main. Une main de plâtre d'après nature. Est-ce celle d'un d'homme ? D'une femme ? Cette main est légère, semblant prête à prendre son envol. Le poignet est fin. Les doigts sont longs, fuselés, les oncles larges, courts, presque carrés. "Dans la grâce de cette main au frémissement maîtrisé, dans cette douceur virile, rien qui pose ou qui pèse". 

    main de chopin.jpg

    Moulage de la main de Frédéric Chopin par Jean-Baptiste Clésinger

    Cette main, c'est celle de Frédéric Chopin (1810-1849). Georges Sand, son amante, disait de lui qu'il faisait "parler à un seul instrument la langue de l'infini..."

     

    main de chopin 4.JPG

    Daguerréotype de Frédéric Chopin - 1846 ou 1847

     

    Né d'un père français et d'une mère polonaise, le moulage de sa main de pianiste a été réalisée par un de ses amis proches, le sculpteur Jean-Baptiste Auguste Clésinger, dit Auguste Clésinger (1814-1883) , gendre de Georges Sand.

    main de chopin 3.jpg

    Clésinger - Photographie de Nadar

    Au XIXe siècle, il était fréquent de reproduire des parties du corps de l'être aimé, de son vivant ou à sa mort. C'est peut-être en février 1847, peu de temps avant la rupture des deux amants, que Clésinger exécute le moulage. Car "l'ange déguisé en homme" est aussi un "écorché vif que le pli d'une feuille de rose, l'ombre d'une mouche faisaient saigner". Leur passion n'y résistera pas...

     

    La main de Chopin se trouve aujourd'hui au Musée de la Vie Romantique de Paris, situé à deux pas de la place Clichy, Hôtel Scheffer-Renan.

  • La destinée tragique de l'ormeau ferré de Gisors

    Au XIIe siècle, grâce à sa proximité avec la frontière, Gisors, ancienne capitale du Vexin normand, est un lieu de rencontre entre les souverains anglo-normands et les rois de France. Trois traités entre la France et l’Angleterre y furent signés en 1113, 1158 et 1180. Le château de Gisors est l’une des forteresses les plus connues de l’architecture militaire du XIIe siècle. Déjà avant cette date, Gisors "Gisus-Ritum", signifiant "homme du gué-sur-l’Epte", était un camp retranché dépendant du château de Neaufles-Saint-Martin dans la vallée de l’Epte.

    gisors 0.png

    Le 15 août 1188, Henri II Plantagenêt (1133-189) et Philippe Auguste (1165-1223) se retrouvent dans un vaste champ situé non loin de la ville pour y parler de paix. Il y a là un orme immense, rond, verdoyant et très beau, qui donne en été un ombrage agréable et qu'Henri affectionne particulièrement. Pour le consolider et garantir sa pérennité, il l'a d'ailleurs fait renforcer de plaques de fer et d'airain.

    Les Anglo-normands s'installent confortablement à l'ombre du large feuillage et se gaussent de ces français qui, en contrebas, cuisent, enfermés dans leurs armures chauffées à blanc par un soleil de plomb.

    gisors 3.JPG

    Au troisième jour de ce traitement, ces derniers n'en peuvent plus et foncent les armes à la main en direction des moqueurs, qui se replient dans un désordre indescriptible vers les murailles de Gisors. Une fois maîtres du terrain, les Français se jettent sur le pauvre "ormeau ferré",  l'abattent sans autre forme de procès et le découpent en rondelles !

    orme de gisors 1.jpg

    « La rupture de l’Orme » est attestée dans un manuscrit de l’époque qui relate : « Hors de la ville, il y avait un orme rond, verdoyant et beau, qui donnait en été un ombrage agréable ; les hommes du Roi, par stupidité, le découpèrent pièce à pièce".

     

    Biblio. "Normandie Médiévale" - Le Routard - Hachette, 2018.