Dans la tradition de l’Église, il était de coutume d’honorer les martyres, en leur attribuant un jour qui porte leurs noms. Dès lors, pour nos ancêtres, toute commémoration, toute action, tout projet dans le temps était désigné non par le jour du mois mais par le nom du saint qui y était associé sur le calendrier. On ne se mariait pas le 25 août mais à la Saint-Louis, on ne payait pas ses dettes le 29 septembre, mais à la Saint-Michel, etc...
Le mois de janvier des Heures d'Egerton (folio 6). Enluminure sur parchemin
Et à la Saint-Glingin ? Bien sûr, même en cherchant bien, vous ne trouverez pas la Saint-Glingin sur le calendrier car il n'existe pas ! Et, soit dit en passant, heureusement pour tous les nouveaux-nés !
Statue de Sinte-Juttemis, le saint Glinglin néerlandais, à Breda (Pays-Bas) en 2008
Dans l'expression « à la Saint-Glinglin » , « saint » a été confondu par homophonie avec le mot « seing » qu'on retrouve dans « blanc-seing » ou sous « seing-privé ». Issu du latin « signum », il signifie « signe » ou « signal » dans le sens de sonnerie de cloche. A noter que le « toscin », qui s'écrit également « tocseing » cette sonnerie de cloche à coups répétés et prolongés utilisée pour donner l’alarme, a la même origine : de l’ancien provençal « tocasenh », formé de « toca », dérivé de « tocar », sonner (les cloches) et de « senh », cloche, issu du latin « signum ».
Associé à l’onomatopée burlesque « glinglin », le son d'une cloche qu'on agite, sans doute dérivée du verbe « glinguer, » lui-même issu de l’allemand « klingen » pour « sonner », l'expression « à la Saint-Glinglin » signifie au final "quand les cloches sonneront". Une façon de repousser une échéance au jour où les cloches du Jugement dernier sonneront pour signaler la fin des temps.
Biblio. « Romanesque – La folle aventure de la langue française » de L. Deutsch – Ed. Michel Lafon, 2018