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Quand la Seine jouait au facteur...

Le 19 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse. 14 mois plus tard, le 19 septembre 1871, les Allemands encerclent Paris. La ville est coupée du reste du monde.

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Boule de Moulins conservée au Musée de la Poste

Afin que le courrier continue d'être acheminé entre la Province et la capitale, divers moyens de communication vont être employés. Cela va de la construction de petits aérostats, des ballons chargés uniquement de lettres que le vent emporte au-delà des lignes ennemies, au ballon-poste monté où aérostiers et passagers se côtoient. Certains s'égareront tandis que d'autres disparaîtront corps et biens. A l'instar de ces pigeons-voyageurs porteurs de microphotographies et qui vont perdre la vie en tentant de regagner, lestés de leur précieux chargement, leur colombier parisien.

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La plus originale des tentatives est sûrement l'emploi des "boules de Moulins". Elles portent le nom de la ville où est alors centralisé le courrier à destination de Paris. L'idée des ingénieurs qui les ont conçues, Messieurs Delort, Robert et Vonove, est d'utiliser, selon le principe de la bouteille à la mer, le courant de la Seine. Ils mettent au point des sortes de cylindres en tôle de zinc, d'une longueur de 20 cm pour un diamètre de 12 cm et d'un poids à vide d'un peu plus de 2 kg. Munis d'ailettes destinées à les faire tourner sur eux-mêmes dans le courant du fleuve, les "boules de Moulins" sont immergées après avoir été remplies de quelques centaines de lettres.

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Afin de déjouer la surveillance des assiégeants et les dispositifs qu'ils ont installés pour barrer la Seine, il est impératif que ces "boules de Moulins" ne flottent pas en surface ni même entre deux eaux mais qu'elles descendent le courant en roulant sur le fond. Mises à l'eau en amont de la capitale, au niveau du département de la Seine-et-Marne, depuis Bray-sur-Seine jusqu'à Samois-sur-Seine, entraînées par le courant du fleuve, elles devaient être récupérées derrière les lignes ennemies, au niveau du Port à l'Anglais à Alfortville (Val-de-Marne) grâce à un filet tendu en travers du cours du fleuve,

Hélas, aucune des 55 boules envoyées du 4 au 29 janvier 1871, date à laquelle le service fut interrompu, ne fut repêchée ! Probablement ont-elles été envasées, arrêtées par des obstacles ou sont-elles passées au travers des filets...

Certaines d'entre-elles, entre 25 et 30, vont être retrouvées après la fin du siège : la première en mars 1871 aux Andelys (Eure) et les deux dernières en 1982 et 1988 à Vatteville-la-Rue (76). A chaque fois, selon le principe que le courrier confié à la poste doit arriver coûte que coûte et sans limite de temps, l'administration postale s'est employée à remettre les missives que ces boules contenaient aux descendants des destinataires d'origine.

 

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