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HISTOIRE - Page 19

  • Montauciel et le premier vol habité de l’histoire

    Vendredi 19 septembre 1783. 13 h. Versailles. Un coup de canon vient de retentir dans l'avant-cour du château royal. Le roi Louis XVI (1754-1793), féru de sciences, son épouse la reine Marie-Antoinette (1755-1793), la famille royale, toute la cour et une foule nombreuse retiennent leur souffle. Le moment est historique.

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    Onze minutes après un premier coup de canon, un second coup annonce que l'expérience est prête à commencer. « Le Martial », un ballon grand comme une maison de six étages et gonflé à l'air chaud, la machine aérostatique des frères Joseph (1740-1810) et Étienne (1745-1799) Montgolfier, prend doucement son envol et s'élève dans le ciel sous les acclamations nourries d'un public ébahi. Il s'élève dans les airs emportant avec lui, enfermés dans une cage d'osier suspendue au bout d'une longue corde, trois passagers insolites : un coq, un canard et un mouton. Si ces animaux reviennent en vie, ils auront prouvé qu'il est possible de respirer à haute altitude !

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    Joseph (1740-1810) et Étienne (1745-1799) Montgolfier

    Huit minutes plus tard, après une montée à 240 toises soit environ 470 m au-dessus du sol, poussés par un petit vent du sud, le ballon et son équipage survolent la forêt de Vaucresson. Huit minutes plus tard, endommagé par une déchirure, le voici qui entame sa descente. Il a parcouru quelque 1 700 toises soit environ 3,3 km quand quand il s'écrase au lieu-dit le Carrefour-Méréchal devant deux gardes-chasses qui n'en reviennent pas ! De la cage d'osier disloquée, s'échappent tout de même un peu étourdis le coq et le canard. Quant au mouton, à peine sur ses pattes, le voilà qu'il est allé se restaurer d'herbe fraîche.Les animaux sont recueillis par Jean-François Pilâtre de Rozier (1754-1785), physicien et futur aéronaute mais aussi future première victime d’un vol en montgolfière. La démonstration est un véritable succès. Elle ouvre la voie au premier vol humain, lequel sera réalisé à Paris le 21 novembre suivant du jardin de la Muette à la Butte-aux-Cailles.

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    En guise de récompense, les animaux, véritables héros des airs, seront accueillis à la ménagerie de Versailles. La reine Marie-Antoinette se prendra de passion pour le flegmatique ovidé aux yeux et au pelage si doux. Baptisé « Montauciel », elle le fera transférer dans un panier tapissé de soie rose à la Bergerie du Petit Trianon, où il finira sa vie, la toison toute tressée de rubans multicolores, gavé par sa maîtresse de guimauve et de sucre candi.

  • Des noms d'oiseaux ou plutôt d'oiselles...

    Sous le terme informel d’oiseaux de basse-cour, on regroupe traditionnellement tous les oiseaux élevés dans la cour de la ferme réservée à cet usage, la basse-cour, pour leurs œufs ou leur chair : poules, coqs, pintades, canards, dindons, oies et autres pigeons... Sans oublier les paons même si leur usage alimentaire a aujourd'hui disparu.

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    Tous bruyants et grégaires, ce n'est pourtant que les femelles de ces volatiles, allez savoir pourquoi, que des esprits machistes ont utilisées à des fins métaphoriques ! Et ce n'est pas nouveau !

    Ainsi, dès la Renaissance, aux XVe siècle et XVIe siècle, une « bécasse », peut être à cause de son long bec, définit une femme sotte d'aspect ridicule. Quatre-cents ans plus tard, après le succès de ses aventures, une bande dessinée publiée à partir de 1905, la même est surnommée « bécassine » !.

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    Vers 1752, sous le règne du roi Louis XIV (1638-1715), on qualifie volontiers de « dinde » une femme imbue d'elle-même. La même devient une « oie » en 1835, sous le règne de Louis-Philippe (1773-1850)

    En 1855, cette fois, c'est George Sand (1804-1876) qui qualifie de « perruche » une femme bavarde et vaniteuse.

    Plus près de nous, en 1909, dans un de ses romans, Roger Martin du Gard (1881-1958), parle de « oie blanche » pour une jeune fille niaise et vertueuse.

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    Quant à la « poule », un terme simplement affectueux depuis le XIIIe siècle, devient sous le Second Empire (1852-1870), un nom pour désigner une prostituée qui jusqu'à là était appelée « grue ».

  • Le troisième homme...

    Non, je ne parle pas du film britannique de Carol Reed dont la musique originale fut un succès planétaire, mais de notre lointain cousin, l'homme de Denisova ou Dénisovien, représentant d'une espèce archaïque qui s'est éteinte il y a seulement 15 000 ans, et qui, après Homo sapiens et Néandertalien, est le troisième à intégrer l'arbre généalogique de l'espèce humaine.

    On ignorait tout de lui jusqu'en 2008 et la découverte dans la grotte de Denisova, au sein des montages de l'Altaï, dans le sud-ouest de la Sibérie (Russie), près de la frontière de la Chine et de la Mongolie,  de fragments d'os vieux d'environ 41 000 ans. Une phalange d'auriculaire ayant appartenu à une fillette d'environ sept ans, un os d'orteil et deux dents dont une molaire. Il va falloir deux années d'analyses pour que les scientifiques mettent en lumière une nouvelle espèce humaine, un nouveau génome qui n'appartient ni à Homo sapiens ni au Néandertalien et qu'ils vont baptiser Denisova. Va suivret une vaste enquête anthropologique, lancée partout dans le monde, pour tenter de savoir quel héritage nous a laissé cette espèce, comment elle vivait, quelles étaient ses principales caractéristiques,..

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    Fragment de phalange de l'Homme de Denisova, et sa position dans la main.

    On s'aperçoit alors que, quelques années auparavant, sur un plateau tibétain, à deux mille kilomètres de la grotte sibérienne, avait été déterrée une demi-mandibule âgée d'environ 160 000 ans dite mandibule de Xiahe, un bout de mâchoire où étaient restées accrochées deux dents. Et ce fossile va être identifié en 2019 comme ayant appartenant à un Dénisovien. La communauté scientifique va légitimement en déduire que l'homme de Denisova s'était répandu sur divers territoires.

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    Mandibule de Xiahe

    Désormais, son obsession va être d'accrocher un visage sur ce génome. Après l'Europe, le Tibet, la Chine, le Laos ou encore la Papouasie-Nouvelle-Guinée, tous acteurs majeurs de découvertes sur l'homme de Denisova, c'est au tour des scientifiques israéliens, en 2010, d'apporter leur pierre à l'édifice. Grâce aux technologies modernes, ils vont séquencer les échantillons recueillis et recouper ces données avec celles des Néandertaliens pour esquisser le portrait de ce lointain cousin lesquel, selon eux, partageait certains de leurs traits notamment un front plutôt bas et une mâchoire robuste. .

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    Néandertalien, Homo-sapiens et Dénisovien

    Tandis que les fouilles se poursuivent pour trouver d'autres fossiles de Dénisoviens, les anthropologues vont démontrer que les Denisoviens partageaient bien un ancêtre commun avec les Néandertaliens et qu'ils se sont hybridés avec les ancêtres de certains hommes modernes (3 à 5 % de l'ADN des Mélanésiens et des Aborigènes d'Australie est issu des Dénisoviens). C'est ainsi qu'ils auraient transmis aux Tibétains un gène permettant leur adaptation à la vie en altitude. On sait aussi avec certitude que des populations du Sud-Est asiatique et d'Océanie détiennent une proportion de génome denisovien.

    Biblio. « L'homme de Denisova, notre lointain cousin » de S. Karas -Télè-Star, Juin 2022.