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HISTOIRE - Page 22

  • Sauvée des flammes de Notre-Dame...

    Si son authenticité ne peut être scientifiquement attestée, une chose est certaine : la Sainte-Couronne est porteuse de plus de seize siècles de prière fervente de la chrétienté.

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    Louis IX (1214-1270), dit « le Prudhomme » plus communément appelé Saint-Louis l'aurait achetée à des marchands vénitiens pour la somme de 135 000 livres soit environ la moitié du revenu annuel du domaine royal et l'équivalent de plusieurs millions de nos euros d'aujourd'hui ! Un si précieux trésor que, le 10 août 1239, suivi d’un imposant cortège, il va l' accueillir en personne à Villeneuve l’Archevêque (Yonne). 9 jours plus tard, à Paris cette fois, c'est pieds nus, sans aucun de ses atours royaux mais vêtu d'une simple tunique, qu'il la présente à la cathédrale Notre-Dame avant de la déposer dans la chapelle de son palais.

    Considéré comme un saint de son vivant, le souverain a l'objectif de Paris une ville qui, en prestige et en sainteté, égalera Jérusalem ou Rome et de sa personne le chef de la chrétienté occidentale. En 1246, il décide de faire édifier au cœur du Palais de la Cité, son principal lieu de résidence, un imposant reliquaire, la Sainte-Chapelle, où seront déposées les nombreuses reliques de la Passion du Christ acquises à grands frais lors de ses croisades et bien entendu la principale d'entre-elles, la couronne d'épines supposée avoir été portée par le Christ lors de son calvaire.

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    L'édifice achevé après seulement 7 années de travaux est un joyau du gothique rayonnant. Véritable “cathédrale de verre”, admirable de légèreté et d’équilibre, elle se compose de deux chapelles : la chapelle basse, dédiée à l’origine aux domestiques du palais et aux officiers, et la chapelle haute, au roi et à sa famille. A l'intérieur, illuminée jour et nuit, une châsse de plus de trois mètres de hauteur, en or et en argent incrustée de pierres précieuses, abrite selon un inventaire datant de 1740, outre quelques reliques de la Vierge Marie, un clou et un morceau de la vraie croix offerts par le Pape Léon III à Charlemagne lors de son couronnement à Rome en l'an 800, le fer de lance qui transperça le flanc du Christ, un fragment du Saint Suaire, un peu du Saint Sang, le manteau pourpre, l’Éponge, la Chaîne ou lin de fer, la pierre du Sépulcre et enfin la Sainte-Couronne, un cercle de joncs réunis en faisceaux et retenus par des fils d’or.

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    De toutes ces reliques, il n’en reste aujourd’hui plus que 3 : un fragment de la croix, un clou et la Sainte-Couronne ! Déposées à l’abbaye de Saint-Denis pendant la Révolution Française, elles furent rendues en 1804 à l’archevêque de Paris. Faisant partie du trésor de la Cathédrale Notre-Dame, elles ont été miraculeusement épargnées lors du terrible incendie du 15 avril 2019.

     

  • Une contredanse devenue chant révolutionnaire

    « Le Carillon national » ! Si vous ne connaissez pas cet air de musique, vous connaissez au moins son refrain ! Allez, je vous aide : on le doit au composteur parisien Jean-Antoine Bécourt (1760-1794), violoniste de l'orchestre du théâtre des Beaujolais. Non?... Toujours pas ?... Si j'ajoute qu'il se dit que la reine de France Marie-Antoinette (1755-1793) aimait le fredonner en s'accompagnant de son clavecin... Toujours rien ?... Et si je complète par " ça commence par « Ah ! Çà ira, ça ira, ça ira »"?

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    Portrait de Marie Antoinette a son Clavecin (1769)

    On doit les paroles de cette chanson à un chanteur de rue du nom de Ladré, lequel s'est inspiré pour l'écrire de l’optimisme imperturbable dont faisait preuve Benjamin Franklin (1706-1790) !

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    Benjamin Franklin reçu par Louis XVI en mars 1778

    Lorsqu'on demandait des nouvelles de la guerre d’Indépendance américaine à cet éminent représentant du Congrès continental, l'assemblée législative commune aux treize colonies britanniques en Amérique du Nord à l'origine des États-Unis, il répondait invariablement dans un mauvais français : « Ça ira, ça ira ...»

    « Ah ça ira, ça ira ! Pierrot et Margot chantent à la ginguette.

    Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Réjouissons nous, le bon temps viendra ! 

    Le peuple français jadis à quia, L’aristocrate dit : « Mea culpa ! »

    Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Le clergé regrette le bien qu'il a,
    Par justice, la nation l’aura.
    Par le prudent Lafayette,
    Tout le monde s’apaisera.
    Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! »

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    Mais dans le royaume de France l'orage gronde et l’optimisme fait place à une ambiance nettement plus menaçante. Le texte initial, qui va devenir symbole de la Révolution, est alors revu par des sans-culottes, des mains anonymes qui vont y ajouter notamment ce couplet assassin à l'égard de l'aristocratie et du clergé :

    « Ah ! Çà ira, ça ira, ça ira,

    Les aristocrates à la lanterne !

    Ah ! Çà ira, ça ira, ça ira,

    Les aristocrates on les pendra ! »

    Le « Ah ! Ça ira, ça ira » va être chanté jusqu'à la fin du règne de la Terreur en 1794 avant d'être totalement interdit en 1799 sous le Consulat.

  • Inconnu au calendrier

    Dans la tradition de l’Église, il était de coutume d’honorer les martyres, en leur attribuant un jour qui porte leurs noms. Dès lors, pour nos ancêtres, toute commémoration, toute action, tout projet dans le temps était désigné non par le jour du mois mais par le nom du saint qui y était associé sur le calendrier. On ne se mariait pas le 25 août mais à la Saint-Louis, on ne payait pas ses dettes le 29 septembre, mais à la Saint-Michel, etc...

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    Le mois de janvier des Heures d'Egerton (folio 6). Enluminure sur parchemin

    Et à la Saint-Glingin ? Bien sûr, même en cherchant bien, vous ne trouverez pas la Saint-Glingin sur le calendrier car il n'existe pas ! Et, soit dit en passant, heureusement pour tous les nouveaux-nés !

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    Statue de Sinte-Juttemis, le saint Glinglin néerlandais, à Breda (Pays-Bas) en 2008

     

    Dans l'expression « à la Saint-Glinglin » , « saint » a été confondu par homophonie avec le mot « seing » qu'on retrouve dans « blanc-seing » ou sous « seing-privé ». Issu du latin « signum », il signifie « signe » ou « signal » dans le sens de sonnerie de cloche. A noter que le « toscin », qui s'écrit également « tocseing » cette sonnerie de cloche à coups répétés et prolongés utilisée pour donner l’alarme, a la même origine : de l’ancien provençal « tocasenh », formé de « toca », dérivé de « tocar », sonner (les cloches) et de « senh », cloche, issu du latin « signum ».

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    Associé à l’onomatopée burlesque « glinglin », le son d'une cloche qu'on agite, sans doute dérivée du verbe « glinguer, » lui-même issu de l’allemand « klingen » pour « sonner », l'expression « à la Saint-Glinglin » signifie au final "quand les cloches sonneront". Une façon de repousser une échéance au jour où les cloches du Jugement dernier sonneront pour signaler la fin des temps.

     

    Biblio. « Romanesque – La folle aventure de la langue française » de L. Deutsch – Ed. Michel Lafon, 2018