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PASSION GENEALOGIE, HISTOIRES de NORMANDIE et d'AILLEURS - Page 62

  • Changements de nom à la cour d'Angleterre

    22 janvier 1901. Londres est en liesse. Édouard VII (1841-1910), fils aîné de la reine Victoria (1819-1901), reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, du Canada, d'Australie et Impératrice des Indes et de son mari le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha (1819-1861) est couronné à l' Abbaye de Westminster. Là même où, le 25 décembre 1066, le Normand Guillaume le Conquérant le fut avant lui.

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    Édouard VII et son épouse légitime, Alexandra de Danemark, montés sur le trône du Royaume-Uni en 1901

    Dissous après la Première Guerre mondiale, la Saxe-Cobourg et Gotha, fondée en 1826 par Ernest Ier (1784-1844) est l’un des duchés saxons de l’époque contemporaine allemande.

    En 1917, face à une opinion publique antigermanique, le roi George V (1865-1936), fils du précédent et cousin germain du tsar Nicolas II (1868-1918 et de l'empereur allemand Guillaume II (1859-1941), juge préférable de changer son nom de "Saxe-Cobourg-Gotha", à la consonance allemande trop prononcée, en "Windsor", nom d'une forteresse médiévale située dans le Berkshire dont la construction remonte au XIe siècle. Ses proches vont alors faire de même, comme son cousin, le prince Louis Alexandre de Battenberg (1854-1921) qui anglicisera son nom en celui de "Mountbatten".

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    Élisabeth II et le Prince Philip lors du couronnement de la Reine le 2 juin 1953

    En 1947, la princesse Élisabeth, héritière du trône de George VI (1895-1952), épouse son cousin issu de germains Philippe de Grèce dont la famille est membre de la maison d'Oldenbourg, une famille elle-aussi de la noblesse allemande. Le jeune prince est le petit-neveu de la dernière tsarine Alexandra Feodorovna de Russie (1798-1860) et de la princesse Irène de Prusse (1866-1953), belle-sœur de l'empereur allemand Guillaume II. Confronté au même sentiment anti-allemand, quelques mois avant son mariage, alors qu'il a été naturalisé sujet britannique, Philip choisit de prendre le nom de "Mountbatten", celui de ses grands-parents maternels britanniques, mais surtout celui de son oncle, le très prestigieux Louis Mountbatten (1900-1979), dernier vice-roi des Indes.

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    Arbre généalogique d’Elizabeth II et du Prince Philip

     

    En 1952, après l'accession au trône d'Élisabeth II, ce dernier souhaite que la maison royale du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord ainsi que de quinze autres États souverains, appelés royaumes du Commonwealth, et de leurs territoires et dépendances, prenne le nom de "Mountbatten", comme le veut la pratique pour les épouses d'adopter le nom de leur mari. Mais voilà, la reine Mary (1867-1953) épouse du roi George V, et Winston Churchill (1874-1965) s'y opposent. Le 9 avril 1952, Élisabeth II signe une proclamation déclarant sa « volonté et plaisir que moi et mes enfants seront appelés et connus comme la Maison et la Famille de Windsor, et que mes descendants et leurs descendants, porteront le nom Windsor. » Philip va se plaindre en privé d'être « le seul homme au pays non autorisé à donner son nom à ses propres enfants."

    Le 8 février 1960, la reine va confirmer qu'elle et ses enfants continueront à être appelés maison et famille de Windsor ainsi que les descendants agnatiques qui portent le prédicat d'altesse royale et le titre de prince ou princesse. Cependant, elle va décider que les descendants agnatiques qui ne portent pas ces titres et prédicats porteront alors le nom Mountbatten-Windsor.

     

  • Normande la chanson de Roland ?

    A ce jour, personne n'est en mesure de déterminer les origines de ce monument épique du XIe siècle qu'est "la Chanson de Roland". Cette chanson de geste, composée de 9000 vers dans sa version la plus ancienne, relate le combat fatal à la bataille de Roncevaux en 778 du chevalier Roland, marquis des marches de Bretagne, territoire composé des comtés francs du Rennais, du Nantais, du Vannetais, ainsi que d'une partie du Maine, et de ses fidèles preux contre une armée Vasconne en représailles au pillage de Pampelune.

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    Bataille de Roncevaux en 778 - Mort de Roland -

    Grandes chroniques de France, enluminées par Jean Fouquet, Tours, v. 1455–1460, BNF

    Roland ou Hruotland (Hruodland en francique), dit « Roland le preux », chevalier né dans la région de Trêves, d'après la légende, neveu de Charlemagne, fut chargé de défendre la frontière du royaume des Francs contre les Bretons.

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    Statue de Roland à Brême (Allemagne)

    Si nombre de thèses s'affrontent autour de la question, une seule certitude s'impose : le manuscrit le plus ancien datant des années 1170 et le plus complet qui la contient, redécouvert en 1834 par l'abbé de La Rue (1751-1835) et considéré aujourd'hui par les historiens comme étant l'original, est rédigé en anglo-normand, la langue des élites continentales outre-Manche au XIIe siècle.

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    Dernier feuillet du manuscrit le plus ancien

    Ce texte s'achève par ce vers sibyllin : "Ci-fait le geste que Turoldus declinet" (Ainsi s'achève l'histoire que Turold raconte).

    Mais qui est donc ce Turold ? Simple copiste ? Récitant reprenant une version antérieure aujourd'hui perdue ? Compositeur de génie ?... Rien de sûr sauf qu'il s'agit d'un normand ! En effet, l'emploi de ce prénom est strictement limité à la Normandie et l'on en connaît de nombreuses occurrences dans les chartes, pouillés et cartulaires relatifs à cette province. Il y apparaît généralement sous la forme latinisée de "Turoldus", tout comme dans la Chanson. Ce nom de personne, qui sorti de l'usage en tant que prénom, va, à partir du XIIe siècle, se perpétuer comme patronyme normand sous les formes encore connues aujourd'hui de Théroulde, Théroude, Touroude, Troude et Throude.

    A noter qu'on retrouve le Turold de la chanson sur la Tapisserie de Bayeux. Car, malgré la fréquence de ce prénom, tout porte à croire qu'il s'agit là de la même personne.

    Un dernier détail : les historiens s'accordent pour placer la rédaction de Chanson de Roland vers l'an 1100, au moment de la première croisade. Pourtant, à la bataille d'Hastings, le 14 octobre 1066, Taillefer, combattant aux côtés de Guillaume le Conquérant (1027/28-1087), aurait entonné celle-ci pour galvaniser ses troupes. Étrange ? Pas vraiment, car d'après le témoignage même de Turold, celui-ci aurait puisé son inspiration dans des œuvres antérieures et demeurées totalement inconnues...

    Biblio. "Normandie Médiévale" - Le Routard - Ed. Hachette, 2018.

  • Michèle Morgan et la Normandie

    « Avec ces yeux-là, vous devez voyager beaucoup

    et en embarquer pas mal ! »

    Jean Gabin

     

    C'est chez nous, en Normandie, que sa vocation est née. Sa beauté, son talent et sa bonne étoile vont faire d'elle une immense actrice admirée dans le monde entier. Le « T'as d'beaux yeux, tu sais» de Jean Gabin (1904-1976) lui restera attaché à jamais.

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    Michèle Morgan (1920-2016)

    Michèle Morgan ou plutôt Simone Roussel naît à Neuilly-sur-Seine, le 29 février 1920. Elle est l'aînée d'une fratrie qui comptera quatre enfants. Son père, chef de service dans une maison d'exportation de parfum, a subi de plein fouet la crise de 1929. Au chômage, il décide en 1933 d'installer sa famille chez nous, à Dieppe où il va tenir une épicerie tout en haut de la rue de la Barre.

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    Gala de Danse du Casino

    Les voici donc arrivés sur la côte normande. L'adolescente a 13 ans. Elle se passionne pour la gymnastique et la rythmique. C'est lors d'un gala de son école de danse qu'elle découvre pour la toute première fois la scène. Cela se déroule dans la salle du Casino de Dieppe. Avec ses amies, la voilà qui voltige tout en lançant des ballons multicolores. Le spectacle est un succès que la presse locale relate dès le lendemain.

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    C'est l'époque où, avec sa jeune tante, sœur cadette de sa mère, Michèle fréquente assidûment les deux cinémas de la ville. Elle rêve devant les affiches des actrices françaises auxquelles elle voudrait tant ressembler. Danielle Darrieux (1917-2017) ou Gaby Morlay (1893-1964) sont ses idoles. Cependant, à ses yeux, aucune n'égale le pouvoir de séduction de Greta Garbo (1905-1990)  : « Garbo était mon idéal. Je voulais être comme elle. »

    L'été 1935, sur la plage de Dieppe, elle est enrôlée dans un concours de photogénie et gagne le second prix. C'est le déclic : elle fera du cinéma. Elle décide alors de « monter à Paris ». Son frère cadet Paul l'accompagne et tous deux s'installent chez leurs grands-parents à Neuilly.

    Elle fréquente si assidûment les agences de casting qu'elle finit par obtenir un rôle de figurante dans « La Vie Parisienne » de Robert Siodmak (1900-1973) puis un petit rôle, celui d'une entraîneuse, dans « Mademoiselle Mozart » d'Yvan Noé (1895-1963). Suivant les conseils de ce dernier, elle s'inscrit aux Cours Simon. Nous sommes en 1937. Une année cruciale pour elle. Elle décide d'adopter un pseudonyme. Elle choisit « Michèle » parce que le garçon dont elle est amoureuse « rêve d'avoir une Michèle dans sa vie » et « Morgan » du nom de l'agence de la banque américaine d'investissement devant laquelle elle passe quotidiennement et qui lui fait imaginer une carrière outre-Atlantique.

    Puis elle obtient un rôle dans « Gribouille », le film de Marc Allégret (1900-1973). Le succès est immédiat. Un an plus tard, en 1938, elle donne la réplique à Jean Gabin (1904-1976) dans le fameux « Quai des brumes » de Marcel Carné (1906-1996). Avec ce film, elle se hisse au rang de star du cinéma, en France comme à l’étranger. Sa carrière est lancée !

    Sa filmographie est riche de plus de 70 films. Elle a été élue a dix reprises « actrice française la plus populaire ». Elle est aussi la première à recevoir le prix d'interprétation féminine au premier Festival de Cannes en 1946. En 1992, elle reçoit un César d'honneur et quatre ans plus tard, en 1996, un Lion d'or, les deux en hommage à sa contribution au septième art.

    Elle s'est éteinte le 20 décembre 2016 et a été inhumée au cimetière de Montparnasse.