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PASSION GENEALOGIE, HISTOIRES de NORMANDIE et d'AILLEURS - Page 63

  • Michèle Morgan et la Normandie

    « Avec ces yeux-là, vous devez voyager beaucoup

    et en embarquer pas mal ! »

    Jean Gabin

     

    C'est chez nous, en Normandie, que sa vocation est née. Sa beauté, son talent et sa bonne étoile vont faire d'elle une immense actrice admirée dans le monde entier. Le « T'as d'beaux yeux, tu sais» de Jean Gabin (1904-1976) lui restera attaché à jamais.

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    Michèle Morgan (1920-2016)

    Michèle Morgan ou plutôt Simone Roussel naît à Neuilly-sur-Seine, le 29 février 1920. Elle est l'aînée d'une fratrie qui comptera quatre enfants. Son père, chef de service dans une maison d'exportation de parfum, a subi de plein fouet la crise de 1929. Au chômage, il décide en 1933 d'installer sa famille chez nous, à Dieppe où il va tenir une épicerie tout en haut de la rue de la Barre.

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    Gala de Danse du Casino

    Les voici donc arrivés sur la côte normande. L'adolescente a 13 ans. Elle se passionne pour la gymnastique et la rythmique. C'est lors d'un gala de son école de danse qu'elle découvre pour la toute première fois la scène. Cela se déroule dans la salle du Casino de Dieppe. Avec ses amies, la voilà qui voltige tout en lançant des ballons multicolores. Le spectacle est un succès que la presse locale relate dès le lendemain.

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    C'est l'époque où, avec sa jeune tante, sœur cadette de sa mère, Michèle fréquente assidûment les deux cinémas de la ville. Elle rêve devant les affiches des actrices françaises auxquelles elle voudrait tant ressembler. Danielle Darrieux (1917-2017) ou Gaby Morlay (1893-1964) sont ses idoles. Cependant, à ses yeux, aucune n'égale le pouvoir de séduction de Greta Garbo (1905-1990)  : « Garbo était mon idéal. Je voulais être comme elle. »

    L'été 1935, sur la plage de Dieppe, elle est enrôlée dans un concours de photogénie et gagne le second prix. C'est le déclic : elle fera du cinéma. Elle décide alors de « monter à Paris ». Son frère cadet Paul l'accompagne et tous deux s'installent chez leurs grands-parents à Neuilly.

    Elle fréquente si assidûment les agences de casting qu'elle finit par obtenir un rôle de figurante dans « La Vie Parisienne » de Robert Siodmak (1900-1973) puis un petit rôle, celui d'une entraîneuse, dans « Mademoiselle Mozart » d'Yvan Noé (1895-1963). Suivant les conseils de ce dernier, elle s'inscrit aux Cours Simon. Nous sommes en 1937. Une année cruciale pour elle. Elle décide d'adopter un pseudonyme. Elle choisit « Michèle » parce que le garçon dont elle est amoureuse « rêve d'avoir une Michèle dans sa vie » et « Morgan » du nom de l'agence de la banque américaine d'investissement devant laquelle elle passe quotidiennement et qui lui fait imaginer une carrière outre-Atlantique.

    Puis elle obtient un rôle dans « Gribouille », le film de Marc Allégret (1900-1973). Le succès est immédiat. Un an plus tard, en 1938, elle donne la réplique à Jean Gabin (1904-1976) dans le fameux « Quai des brumes » de Marcel Carné (1906-1996). Avec ce film, elle se hisse au rang de star du cinéma, en France comme à l’étranger. Sa carrière est lancée !

    Sa filmographie est riche de plus de 70 films. Elle a été élue a dix reprises « actrice française la plus populaire ». Elle est aussi la première à recevoir le prix d'interprétation féminine au premier Festival de Cannes en 1946. En 1992, elle reçoit un César d'honneur et quatre ans plus tard, en 1996, un Lion d'or, les deux en hommage à sa contribution au septième art.

    Elle s'est éteinte le 20 décembre 2016 et a été inhumée au cimetière de Montparnasse.

  • L'expression "avoir un Jules" et la Reine Marie-Antoinette

    L'histoire de la langue française est aussi surprenante que passionnante ! Savez-vous que l'expression "avoir un Jules" nous vient de l'infortunée reine de France Marie-Antoinette (1755-1793) ? Ou plutôt de son amie, Gabrielle de Polignac (1749-1793) dite "la comtesse Jules".

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    Portrait de la duchesse de Polignac - Élisabeth Vigée Le Brun (1782)

    Voici l'histoire : En 1775, Gabrielle de Polastron épouse à 17 ans le comte Jules de Polignac (1746-1817), capitaine du régiment de Royal-Dragons. Les deux familles sont de même rang, toutes deux de vieille noblesse mais toutes deux sans fortune. La même année, alors que les deux jeunes époux sont conviés à un bal au château de Versailles, la reine remarque la jeune femme et est instantanément éblouie par le charme de la comtesse Jules. Jolie, élégante, enjouée, de nature vive et spontanée, la souveraine conçoit alors pour la comtesse une très vive amitié. Auprès de sa nouvelle favorite, elle redécouvre la légèreté et l'insouciance qui lui font tant défaut à Versailles. Pour la garder auprès d'elle, elle n'hésite pas à faire éponger par le Trésor royal les dettes du couple Polignac et donne au mari la charge de grand écuyer.

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    Portraits de Marie-Antoinette et du roi Louis XVI

    Et le couple s'installe à Versailles. La comtesse Jules obtient de la Reine de nombreux avantages pour elle, son mari, sa famille et son entourage. Ainsi, le 20 septembre 1780, Jules de Polignac est élevé au rang de duc héréditaire de Polignac. A ce titre, deux ans plus tard, s'ajoute la charge pour son épouse de Gouvernante des enfants de France. Et pour accompagner le tout, on leur attribue un appartement de treize pièces.

    Ce favoritisme heurte nombre de familles aristocratiques et alimente l'impopularité de Marie-Antoinette, non seulement auprès de ses sujets qui jugent scandaleux les privilèges accordés à la favorite alors que le royaume est en proie à des difficultés financières, mais aussi auprès d'une part grandissante de la noblesse. Les griefs s'accumulent contre les deux femmes, les médisances aussi... À la fin des années 1780, on n'hésite pas à leur prêter des relations dépassant le cadre de l'amitié. Des pamphlets circulent présentant sans détour le "Jules de la Reine" comme sa maîtresse ! C'est de là qu'est née l'expression "avoir un Jules", c'est-à-dire avoir un amoureux.

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    Lettre d'adieu de Marie-Antoinette à Mme de Polignac en date du 16 juillet 1789

    Sur ordre du couple royal, les époux Polignac quittent Versailles le 16 juillet 1789 avec une bourse de 500 louis attribuée par la reine. La duchesse de Polignac mourra en exil à Vienne (Autriche) le 9 décembre 1793, soit un peu plus d'un mois après la reine. Sur sa pierre tombale, son nom est suivi de cette mention : « Morte de douleur ».

  • La grâce d'une main

    Une main. Une simple main. Une main de plâtre d'après nature. Est-ce celle d'un d'homme ? D'une femme ? Cette main est légère, semblant prête à prendre son envol. Le poignet est fin. Les doigts sont longs, fuselés, les oncles larges, courts, presque carrés. "Dans la grâce de cette main au frémissement maîtrisé, dans cette douceur virile, rien qui pose ou qui pèse". 

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    Moulage de la main de Frédéric Chopin par Jean-Baptiste Clésinger

    Cette main, c'est celle de Frédéric Chopin (1810-1849). Georges Sand, son amante, disait de lui qu'il faisait "parler à un seul instrument la langue de l'infini..."

     

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    Daguerréotype de Frédéric Chopin - 1846 ou 1847

     

    Né d'un père français et d'une mère polonaise, le moulage de sa main de pianiste a été réalisée par un de ses amis proches, le sculpteur Jean-Baptiste Auguste Clésinger, dit Auguste Clésinger (1814-1883) , gendre de Georges Sand.

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    Clésinger - Photographie de Nadar

    Au XIXe siècle, il était fréquent de reproduire des parties du corps de l'être aimé, de son vivant ou à sa mort. C'est peut-être en février 1847, peu de temps avant la rupture des deux amants, que Clésinger exécute le moulage. Car "l'ange déguisé en homme" est aussi un "écorché vif que le pli d'une feuille de rose, l'ombre d'une mouche faisaient saigner". Leur passion n'y résistera pas...

     

    La main de Chopin se trouve aujourd'hui au Musée de la Vie Romantique de Paris, situé à deux pas de la place Clichy, Hôtel Scheffer-Renan.