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ONOMASTIQUE

  • Le massicot où l'idée de génie d'un coutelier

    Les imprimeurs et les relieurs vous le diront : cet homme là a radicalement changer leur vie ! Comment ? Tout simplement en inventant un outil capable de couper aux dimensions souhaitées les rames de papier ! La machine, initialement appelée rogne-papier, va prendre ensuite le nom de son inventeur : le massicot est né !

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    Guillaume Massiquot (1797-1870), qui en dépose le brevet le 18 mars 1844, est né le 5 septembre 1797 à Issoudun (Indre) d'un père maréchal-ferrant. Il se révèle très tôt habile au travail du métal. Épris d’indépendance, il monte à Paris à de 16 ans. Formé à la coutellerie, il fait alors son tour de France : Lyon, Marseille, Bordeaux, puis de nouveau dans la capitale avant de s’installer comme coutelier à Bourges. Là, son habileté lui vaut le titre de coutelier du duc de Bordeaux. En 1840, sa santé l’oblige à revenir à Paris. Il met à profit sa convalescence pour inventer et perfectionner son fameux« rogne-papier ». Devenu membre de l’Académie de l’Industrie, ce beau-frère de Félix Potin décède en 1870 et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

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    Machine à couper le papier, vers 1820

     

    Bien sûr, depuis les années 1830, des machines à couper le papier existent déjà mais elles ne sont loin d'être aussi performantes que l'outil de Massiquot. Elles utilisent le principe de la cisaille, c'est-à-dire celui de " lame et contre-lame". A la différence, le massicot ou massicotier est équipé d'une presse qui bloque le papier et une lame descendante pour le couper. Cette coupe est alors dite de "lame contre support".

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    Le patronyme de cet homme de génie a également produit le verbe "massicoter", c'est-à-dire "rogner ou couper aux dimensions voulues" et les noms communs de "massicoteur", l'ouvrier chargé du "massicotage". A noter qu'à l'origine, porté dans le Centre et rencontré également en Charente-Maritime à partir du XVIIe siècle, ce patronyme a donné la variante rare de "Massicault". C'est un des nombreux hypocoristiques du nom de baptême Thomas, formé par aphérèse (suppression de la première syllabe). A noter que le matronyme Massicotte se rencontre au Québec.

     

    Biblio. "Les 100 inventions qui font la fierté de la France" d'E. Hecht - Ed. Le Figaro Magazine, 2018.

    Merci au site www.janinetissot.fdaf.org/jt_massicot.htm

  • Un charlot peut en cacher un autre...

    Qualifier une personne de « charlot », c'est à la fois souligner son manque de sérieux, s'amuser de ses mésaventures improbables ou rire de ses maladresses. C'est le comparer au personnage de fiction du même nom, connu du monde entier, qui a été créé par Charlie Chaplin (1889-1977), cet acteur majeur du cinéma muet mais aussi réalisateur, scénariste et compositeur de talent, qui se disait très inspiré par le style burlesque du Français Max Linder ( 1883-1925).

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    A l'image de son « Charlot », un vagabond sans le sou, un peu maladroit, galant voire joli cœur, mais particulièrement astucieux, qui sait se sortir sans encombre du pétrin dans lequel il ne manque pas une occasion de se plonger, Charlie Chaplin saura mener sa carrière d'une main de maître.

    Repéré dès 1913 par le producteur et cinéaste américain Mack Sennett (1880-1960), c'est à ses côtés qu'il fait ses premiers pas d'acteur. Dès l'année suivante, il met au point « son » personnage, celui d'un clochard désargenté, arborant une drôle de moustache, un pantalon trop large, une veste étriquée, un chapeau melon cabossé, de grands godillots, une canne et une démarche de canard. Il le baptise « Charlot », diminutif de son propre prénom et, le 7 février 1914, sort pour la première fois sur les écrans de cinéma français « Charlot est content de lui », une comédie burlesque américaine de Henri Lehrman (1886-1946) dont il est le principal interprète. Le succès est immédiat ! Très vite, Charlie Chaplin va s'effacer devant « Charlot », le comique le plus populaire du monde,.

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    D'après le britannique David Robinson, connu pour être le biographe officiel de Charlie Chaplin , ce dernier aurait des racines huguenotes, ces protestants des royaumes de France et de Navarre qui, pendant les guerres de Religion de la seconde moitié du XVIe siècle, vont être en conflit avec les catholiques. « La famille Chaplin a vécu pendant des générations dans le Suffolk, un comté de l'Angleterre de l'Est. Le nom suggère qu'ils descendaient des Huguenots, qui s'étaient installés en grand nombre en East Anglia depuis la fin du XVIIe siècle ».

    Outre-Manche comme en France, le sens du patronyme « Chaplin » est identique. Contraction de « chapelin », variante de « chapelain », il désigne un serviteur de l’Église, un prêtre chargé de dire la messe dans une chapelle particulière. On le retrouve sous différentes formes : Chapelain, Caplain et Le Caplain (Cotentin), Chaplin, Lechaplin, Lechaplain, Lechapelain (Normandie), Capelain (Sud-Est, Sud-Ouest ou encore Capéran (Gascogne).

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    Anobli par la Reine d’Angleterre en 1975, Charlie Chaplin s'est éteint à l'âge de 88 ans et après 65 années de carrière, au matin du 25 décembre 1977, dans sa propriété de Corsier-sur-Vevey en Suisse où il a été inhumé. .

    Hélas, la célébrité n'a pas que du bon ! Le 2 mars 1978, soit quelques mois après sa disparition, deux hommes vont déterrer sa dépouille et réclamer à sa famille une rançon d'un million de francs pour la leur restituer. Après plusieurs mois d'enquête, le cercueil est finalement retrouvé en avril 1978, enterré dans un champ de maïs près du lac de Genève. La tombe de Charlot est aujourd'hui protégée par une dalle de béton de 2 mètres d’épaisseur.

  • Un bien curieux service rendu à la Couronne de France...

    Elle devait son surnom à son œil de verre qu'elle cachait dans la journée, à l'image des corsaires, sous un bandeau de tissu. Saint-Simon (1675-1755) la décrivait comme une « créature de beaucoup d'esprit, d'une grande intrigue, fort audacieuse, qui eut le grappin sur la reine-mère, et qui était plus que galante… » Ainsi, bien que borgne mais aussi laide, bossue et avare, Cateau la Borgnesse née Catherine Henriette Bellier  (1614-1689 ) aurait eu jusqu'à sa mort, à l'âge de 75 ans, un nombre considérable d'amants...

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    Un des macarons de la cour d'honneur de l'hôtel de Beauvais - Peut-être le portrait de Catherine Bellier.

    Elle avait épousé Pierre Beauvais, Marchand de rubans et c'est grâce à lui qu'elle fit son entrée au Louvre où elle fut rapidement remarquée par Anne d'Autriche (1601-1666). Très proche de la reine à laquelle, en qualité de première femme de chambre, elle administrait notamment clystères, lavements et autres traitements médicaux usuels à l'époque, elle avait déjà quarante ans quand celle-ci lui demanda de déniaiser son fils, le futur Louis XIV (1638-1715) alors âgé d'à peine 16 ans, qui tardait d'après elle à montrer de l'appétit pour le sexe opposé.

    Apparemment, elle aurait su y faire car, toujours selon Monsieur de Saint-Simon, le jeune prince, ayant prit goût à la chose, prit du plaisir à rejoindre fréquemment sa pourtant assez repoussante maîtresse.

    Pour ce royal dépucelage, une pension de 2000 livres lui fut versée ainsi que la jouissance d'un beau terrain dans le quartier parisien du Marais. Elle s'y fit construire un véritable palace, l'Hôtel de Beauvais, qui abrite aujourd'hui la Cour administrative d'appel de Paris.

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    Gravure de Jean Marot montrant la façade d'origine de l'hôtel (1660) et son registre décoratif

    Et c'est du balcon de la nouvelle demeure de sa Dame de compagnie que la reine-mère entourée du Cardinal Mazarin (1602-1661) et de Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne 1611-1675) vont assister l'après-midi du 26 août 1660 à l’entrée dans la capitale du jeune roi venu présenté son épouse Marie Thérèse (1638-1683) aux parisiens. Françoise d’Aubigné qui s’y trouvait, vit pour la première fois de sa vie son futur mari et souverain. Le porche est surmonté des armes de France en souvenir de la journée du 26 août 1660.

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    La magnifique entrée du Roy et de la Royne dans leur bonne ville de Paris le 26 août 1660

     [estampe] Ladame, Gabriel (1613?-1682?) -Graveur

    Quant à son mari, en récompense de sa complaisance, en plus du titre de cocu, il reçut celui de baron ! Devenue veuve en 1674, elle se retrouva submergée de dettes. Contrainte par son âge avancé de s'éloigner de la vie de cour, elle se retira à Arrou (Eure-et-Loir). Elle acheva misérablement sa vie, ruinée par le jeu et quelques gigolos.