Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

HISTOIRE - Page 16

  • Un 14 juillet, oui, mais lequel est à l'origine de notre fête nationale ?

    Si, le 14 juillet de chaque année, nous célébrons dans notre pays notre fête nationale, ce n'est pas vraiment la prise de la Bastille que l'on commémore ce jour-là mais son premier anniversaire !

    Voilà l'histoire : en 1880, la Troisième République en place, qui se présente comme un modèle de démocratie libérale, est à la recherche de symboles, de rituels et de pratiques collectives destinés à cimenter la nation autour des valeurs de liberté, égalité et fraternité héritées de la Révolution. Les députés républicains au pouvoir sont convaincus qu'il leur faut offrir aux français une grande fête républicaine et collective.

    14 juillet 01.jpg

    Prise de la Bastille le 14 juillet 1789 - Collection De Vinck (XVIIIe siècle)

    Mais quelle date anniversaire retenir  ? Ils sont convaincus qu'il leur faut choisir un jour où le peuple, à la recherche de sa liberté, dans une démarche d'émancipation, d'affirmation de se souveraineté, a joué sans violence un rôle majeur. Bien sûr, entre 1789 et 1880, ça ne manque pas vraiment ! Sans regret, les jours glorieux de la Révolution de 1830 qui coïncide avec le retour au pouvoir des Orléaniste et ceux de 1848 qui a conduit au Second Empire, sont écartés. Reste la Révolution française qui offre à elle seule de multiples possibilités ! Pourquoi pas le 5 mai, en mémoire de l'ouverture des États généraux du tiers état ou le 20 juin, en référence au serment du Jeu de Paume, ou bien encore le 4 août, nuit de l'abolition des privilèges voire le 21 janvier, jour de l'exécution du roi Louis XVI ? Après moult débats, une date s’impose peu à peu, celle du 14 juillet, jour de la prise de la Bastille et symbole de la fin de la monarchie absolue.

     

    14 juillet 02.jpg

     

    100 000 Parisiens au Champ-de-Mars pour la Fête de la Fédération le 14 juillet 1790

    Oui mais voilà, le 14 juillet 1789 est tout de même jugé par certains parlementaires comme un peu trop sanglant à la différence  du 14 juillet 1790, jour de la Fête de la Fédération, un grand moment populaire de réconciliation et d'unité nationale auquel a participé, sur le Champ de Mars parisien, le roi en personne.

     

    14  juillet 03.jpg

    Défilé du 14 juillet 1880 - Gravure extraite de H. Barthélémy, La Guerre, Paris, Jules Rouff

    Signée par 64 députés, adoptée par l'Assemblée le 8 juin et par le Sénat le 29 juin, la loi dite loi Raspail promulguée le 6 juillet 1880 stipule que « La République adopte le 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle » en omettant sagement de préciser l’événement commémoré...  La Première célébration du 14 juillet en tant que fête nationale a eu lieu le 14 juillet 1880. 

  • La toilette de Guillaume

    On ne s'agit pas là ni de l'hygiène corporelle du duc de Normandie ni de ses choix vestimentaires mais de la "broderie de Bayeux" ou « tapisserie de la reine Mathilde » dont on sait par l'historien et archiviste Antoine Lancelot (1675-1740) que les chanoines de la cathédrale la nommait à l'époque « Telle du Conquest » (toile de la Conquête), « toilette de Saint-Jean » ou «toilette du duc Guillaume », le mot « toilette » désignant une simple toile fine.

    Ce que l'on sait moins c'est que cette broderie datant de la fin du XIe siècle et racontant en images les circonstances du débarquement des Normands en Angleterre et la bataille d’Hastings (1066) n'est mentionnée pour la toute première fois qu'au XVe siècle, sur l'inventaire manuscrit des trésors de la Cathédrale de Notre-Dame de Bayeux (Manche) de l'an 1476.

    tapisserie_de_bayeux_ok.jpg

    Il y est indiqué que ladite broderie était accrochée dans la nef « le jour et par les octaves des reliques », c'est-à-dire le jour de la fête des Reliques et pendant son octave. La fête des Reliques était alors célébrée le 1er juillet. La Tapisserie était donc probablement tendue du 1er au 8 juillet.

    tapisserie de bayeux 01.jpg

    Cathédrale Notre-Dame de Bayeux (Manche)

    Et à part cela, rien... Jusqu'à ce que, trois siècles plus tard , Nicolas Joseph Foucault (1643-1721), intendant de la généralité de Caen de 1689 à 1706, la redécouvre roulée dans une des chapelles latérale de la cathédrale. Il en fait réaliser un croquis dépourvu d'indications, lequel, après sa mort, attise toutefois la curiosité d'Antoine Lancelot (1675-1740), Inspecteur au Collège royal et Commissaire au Trésor des chartes, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Ce dernier, convaincu que le dessin n'est qu'une partie d'une œuvre de grande taille, fait appel à Bernard de Montfaucon (1655–1741), historien et bénédictin, qui, en octobre 1728, retrouve sa trace. L'année suivante, il publie le dessin de l'entièreté de la tapisserie qu'il attribue à la reine Mathilde dans son ouvrage « Les monumens de la monarchie françoise ».

    tapisserie de bayeux 02.jpg

    Malgré tout, en 1752, quand le libraire-antiquaire anglais Andrew Coltee Ducarel (1713-1785) se présente un jour à Bayeux dans le but d'admirer l'ouvrage relatant la conquête de l'Angleterre, il constate avec stupéfaction que nul n'en connaît ni son contenu ni son sens : «  Les prêtres de la cathédrale auxquels je me suis adressé pour voir cette broderie remarquable par son antiquité n'en avaient aucune connaissance : la circonstance seule de son exposition annuelle dans la cathédrale leur fit comprendre ce que je désirais ; mais personne ne se doutait que l'objet de mes recherches avait quelque rapport avec Guillaume le Conquérant. »

    Conservée jusqu'à la fin du XVIIIe siècle dans le trésor liturgique de la cathédrale, la tapisserie de Bayeux va échapper de peu à la destruction lors de la Révolution française soit découpée pour couvrir un chariot militaire ou transformée en bandes destinées pour décorer un char d'une fête civique.

    Classée au titre des monuments historiques en 1840, ce n'est que deux ans plus tard que le public sera enfin autorisé à la découvrir. Elle est depuis 1983 hébergée au centre Guillaume-le-Conquérant de Bayeux qui lui est entièrement dédié. En 2007, elle a fait l'objet d'une inscription au registre international Mémoire du monde par l'Unesco.

  • Quand la Seine jouait au facteur...

    Le 19 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse. 14 mois plus tard, le 19 septembre 1871, les Allemands encerclent Paris. La ville est coupée du reste du monde.

    boules de moulins 01.jpg

    Boule de Moulins conservée au Musée de la Poste

    Afin que le courrier continue d'être acheminé entre la Province et la capitale, divers moyens de communication vont être employés. Cela va de la construction de petits aérostats, des ballons chargés uniquement de lettres que le vent emporte au-delà des lignes ennemies, au ballon-poste monté où aérostiers et passagers se côtoient. Certains s'égareront tandis que d'autres disparaîtront corps et biens. A l'instar de ces pigeons-voyageurs porteurs de microphotographies et qui vont perdre la vie en tentant de regagner, lestés de leur précieux chargement, leur colombier parisien.

    boule de moulins 3.jpg

    La plus originale des tentatives est sûrement l'emploi des "boules de Moulins". Elles portent le nom de la ville où est alors centralisé le courrier à destination de Paris. L'idée des ingénieurs qui les ont conçues, Messieurs Delort, Robert et Vonove, est d'utiliser, selon le principe de la bouteille à la mer, le courant de la Seine. Ils mettent au point des sortes de cylindres en tôle de zinc, d'une longueur de 20 cm pour un diamètre de 12 cm et d'un poids à vide d'un peu plus de 2 kg. Munis d'ailettes destinées à les faire tourner sur eux-mêmes dans le courant du fleuve, les "boules de Moulins" sont immergées après avoir été remplies de quelques centaines de lettres.

    boules de moulins 03.jpg

    Afin de déjouer la surveillance des assiégeants et les dispositifs qu'ils ont installés pour barrer la Seine, il est impératif que ces "boules de Moulins" ne flottent pas en surface ni même entre deux eaux mais qu'elles descendent le courant en roulant sur le fond. Mises à l'eau en amont de la capitale, au niveau du département de la Seine-et-Marne, depuis Bray-sur-Seine jusqu'à Samois-sur-Seine, entraînées par le courant du fleuve, elles devaient être récupérées derrière les lignes ennemies, au niveau du Port à l'Anglais à Alfortville (Val-de-Marne) grâce à un filet tendu en travers du cours du fleuve,

    Hélas, aucune des 55 boules envoyées du 4 au 29 janvier 1871, date à laquelle le service fut interrompu, ne fut repêchée ! Probablement ont-elles été envasées, arrêtées par des obstacles ou sont-elles passées au travers des filets...

    Certaines d'entre-elles, entre 25 et 30, vont être retrouvées après la fin du siège : la première en mars 1871 aux Andelys (Eure) et les deux dernières en 1982 et 1988 à Vatteville-la-Rue (76). A chaque fois, selon le principe que le courrier confié à la poste doit arriver coûte que coûte et sans limite de temps, l'administration postale s'est employée à remettre les missives que ces boules contenaient aux descendants des destinataires d'origine.