Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

HISTOIRE - Page 16

  • Naître coiffé, un présage de bonheur

    Les nouveaux-nés que l'on dit “nés coiffés” viennent au monde doté d'une "coiffe céphalique", c'est-à-dire entourés, totalement ou en partie, de la poche de liquide amniotique, la fameuse “poche des eaux”dans laquelle baigne l'embryon puis le fœtus jusqu'à l'accouchement. Ce phénomène rarissime (environ 1 naissance sur 80 000 ) n'est absolument pas dangereux ! En effet, la bulle ne se maintient qu'à peine quelques secondes avant que le médecin ou la sage-femme la perce.

    La naissance de ces bébés aussi nommés “bébés sirènes » a été durant des siècles source de superstitions. Ils avaient la réputation de porter chance. D'ailleurs, l'expression "naître coiffé" signifie bien être né sous le signe de la bonne fortune.

    Sous l'Antiquité, les sages-femmes romaines revendaient à prix d'or le liquide amniotique des enfants nés coiffés à des avocats superstitieux désireux de remporter leur procès. Dans certaines cultures, on pensait que ces enfants étaient mieux protégés des maladies ou bien encore qu'ils avaient un risque moins élevé de mourir par noyade. Longtemps, l'Église devra lutter pour empêcher la bénédiction de ces coiffes par les curés de paroisse...

    chevalier d eon naissance.jpg

    AD 89 Tonnerre Notre-Dame BMS 1721-1740 (vue 225/575) - Acte de baptême du chevalier d'Éon

    né Charles-Geneviève-Louis-Auguste-André-Timothée d’Éon de Beaumont

    Chez nous, le plus célèbre bébé « né coiffé » n'est autre que le chevalier d'Éon né Charles-Geneviève-Louis-Auguste-André-Timothée d’Éon de Beaumont, diplomate, espion, officier, homme de lettres français, né le 5 octobre 1728 à l’hôtel d'Uzès de Tonnerre (Yonne) et décédé le 21 mai 1810 à Londres.

    chevalier d eon 00.jpg

    Ce personnage insolite et mystérieux de notre histoire, qui a passé la moitié de sa vie en homme et l’autre en femme, célèbre pour son goût prononcé pour le travestissement, fut l’un des meilleurs agents secrets de son époque. Il avait lui-même raconté dans son autobiographie «  Les Loisirs du chevalier d'Éon de Beaumont » , qu'il est né « coiffé  », tête et sexe cachés, et que le médecin qui l'avait mis au monde avait été dans l'incapacité de déterminer son sexe.

    chevalier d eon x 2.jpg

    Le chevalier d’Éon, en capitaine des dragons du roi et en Demoiselle de Beaumont...

    A sa mort, la pratique d'une autopsie va définitivement levé le voile sur cette question : sans contrefaçon, le chevalier d’Éon était un garçon !

     

  • Comme une injure au talent...

    Figure de proue du mouvement impressionniste, le rédacteur de l'acte de décès de cette très grande dame de la peinture qui suscitait l'admiration et le respect de ses pairs, efface en seulement deux mots son immense carrière artistique. Un « sans profession »  qui sonne comme un véritable outrage !

    morisot acte de deces.JPG

    Acte de décès – Archives de la Ville de Paris – V4E10016 – acte n°306 – vue 12/31

    Quand Berthe Morisot (1841-1895) et sa sœur ont commencé à peindre, le mépris pour les femmes peintres atteignait des sommets ! Pour preuve, ce qu'écrivait Edouard Manet (1832-1883), son futur beau-frère,  à Fantin-Latour (1836-1904) : « Je suis de votre avis, les demoiselles Morisot sont charmantes, c'est fâcheux qu'elles ne soient pas des hommes. Cependant, elles pourraient, comme femmes, servir la cause de la peinture en épousant chacune un académicien et en mettant la discorde dans le camp de ces gâteux. »

    Mais Berthe Morisot est une « rebelle » Avec sa volonté de rupture avec les traditions, la transcendance de ses modèles et surtout son immense talent, elle va devenir un des chefs de file de la nouvelle tendance impressionniste. Il faut dire qu'elle excelle dans tout : peinture, aquarelle, pastel et même la gravure.

    Son goût pour l'art pictural fut cultivé par sa mère, Marie-Joséphine-Cornélie Thomas, elle-même petite-nièce du peintre Jean Honoré Fragonard (1732-1806). Pour faire plaisir à son mari qui avait étudié l'architecture et qui était amateur d'art, et comme à cette époque l'École des beaux-arts n'était pas ouverte aux femmes, elle va offrir à deux de ses filles, Berthe et Edma (1839-1921), des leçons de peinture qui vont les mener à exposer pour la première fois leurs œuvre en 1864.

    Tournant le dos très vite à l'enseignement académique, Berthe Morisot fonde avec Claude Monet (1840-1926), Auguste Renoir (1841-1919), Alfred Sisley (1839-1899), Camille Pissarro (1830-1903) et Edgar Degas (1834-1917) le groupe d'avant-garde les « Artistes Anonymes Associés » lequel deviendra la « Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs » regroupant des impressionnistes. Au printemps de 1874, lors de leur Première exposition dans les Salons Nadar du boulevard parisien des Capucines, sur 29 exposants, elle sera la seule femme ! Elle y présentera néanmoins plusieurs tableaux, dont « Cache-cache ». 

    morisot cache cache.jpg

    Berthe Morisot. Cache-cache (1873) - Huile sur toile, 45 × 55 cm

    C'est l'été de la même année qu'en Normandie, à Fécamp (Seine-Maritime) où elle passe des vacances en famille, qu'elle va se lier à Eugène Manet (1833-1892), le frère puîné d'Édouard Manet. Il a quarante et un ans et aime peindre à ses côtés tout en la courtisant. Le 22 décembre suivant, elle l'épouse à la Mairie puis à l'église de Notre-Dame-de-Grâce de Passy. Leur fille Julie naîtra en 1878.

    morisot en famille.JPG

    Eugène Manet, Berthe Morisot et leur fille Julie à Bougival en 1880

    Eugène Manet décédera à Paris le 13 avril 1892. Elle le rejoindra un peu moins de trois ans plus tard, le 2 mars 1895. Elle est enterrée dans le caveau des Manet au cimetière de Passy. Sur sa tombe est simplement gravé : « Berthe Morisot, veuve d'Eugène Manet ».

     

  • L'histoire d'un trésor de notre patrimoine musical...

    Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
    Tu vois je n'ai pas oublié.
    Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
    Les souvenirs et les regrets aussi...

     

    Curieusement, malgré une paternité des plus prestigieuses, Joseph Kosma (1905-1969) pour la musique et Jacques Prévert (1900-1977) pour les paroles, ça n'a pas marché tout de suite pour ce titre pourtant aujourd'hui un très grand classique de la chanson française !

    les feuilles mortes 00.JPG

    Chanson de film et non musique de film, « Les feuilles mortes » a été écrite pour « Les Portes de la Nuit » un long-métrage sorti le 3 décembre 1946. Ce film, c'est l'adaptation du ballet « Le Rendez-vous » écrit par Jacques Prévert et mis en scène par Roland Petit (1924-2011) en 1945. Un an plus tard, le réalisateur Marcel Carné (1906-1996) décide de le transposer au cinéma et prévoit d'en confier les rôles principaux à deux stars du moment : Marlène Dietrich (1901-1992) et Jean Gabin (1904-1976), lesquels, venant de se séparer, les refuseront. En remplacement, il choisit deux acteurs qui sont loin d'avoir la notoriété de leurs aînés : Nathalie Nattier (1924-2010) et Yves Montand (1921-1991) dont c'est le second film et le premier dans un rôle principal.

    les feuilles mortes 01.jpg

    Cette dernière réalisation du tandem Prévert-carné à qui l'on doit notamment « Drôle de drame » et « Les enfants du Paradis », est un échec commercial. Il faut dire qu'en ces lendemains de guerre, le sujet traité, l'amour entre un jeune résistant et la femme d'un collaborateur, est particulièrement délicat. Toutefois, comme toute les chansons de film, « Les feuilles mortes » va avoir une magnifique carrière indépendante de son support cinématographique.

    les feuilles mortes 02.jpg

    Si Cora Vaucaire (1918-2011), Juliette Gréco (1927-2020) ou bien encore Jacqueline François (1922-2009) interprètent "Les feuilles mortes" dans les cabarets parisiens de la rive Gauche, c'est à Yves Montand que la chanson doit un succès qui ne viendra pourtant que quatre ans plus tard. Le chanteur qui, dans le film, se contente de la fredonner sur un air joué à l’Harmonica, va l'inscrire à son tour de chants, persuadé que ça ne peut que marcher ! Hélas, malgré ses efforts, « ça n'accroche pas vraiment ». En 1949, il réussit malgré tout à convaincre sa maison de disques de le laisser l'enregistrer. Sa persévérance finira par payer à partir de 1953 ! La chanson est traduite en anglais sous le titre « Autumn leaves » et devient très vite un standard du jazz appelé à faire le tour du monde et une chanson qui sera reprises par la suite par les plus grands artistes de variétés, mais aussi par de célèbres interprètes classiques et lyriques. On compte aujourd'hui plus de 600 interprétations différentes mais curieusement pas une seule de Marlène Dietrich ! Il se dit que, Prévert, rancunier, s'y serait opposé...

    La veuve du compositeur, Lily Kosma, a fait don à la ville de Nice des droits de la chanson, sous réserve qu'une rue de la ville porte le nom de son époux. Cette rue se trouve dans quartier des musiciens de la ville.

     

    Biblio. : « Florilège de la chanson française » de J.-Cl. Klein, Ed. France-Loisir,s, 1990 ; « Y'a d'la Frane en chansons » de P. Saka, J.-P. Germonville et F. Perrault – Ed. France-Loisirs,2001.