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PASSION GENEALOGIE, HISTOIRES de NORMANDIE et d'AILLEURS - Page 54

  • De l'auberge au restaurant...

    « La Couronne » fondée en 1345 sur sur la place du Vieux-Marché de Rouen revendique le titre prestigieux de plus vieille auberge de France. Mais qu'en est-il du plus vieux restaurant de France ? Selon l'historien Pierre Jean-Baptiste Legrand d’Aussy (1737-1800), il s'agirait de celui de Chantoiseau fondé à Paris en 1765.

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    Auberge de La Couronne à Rouen (Seine-Maritime)

    « Restaurant ». Voilà un mot français qui a réussi à s'introduire tel quel ou presque dans nombre de langues étrangères ! Le terme est issu du latin « restaurare » signifiant « remettre en état » ou « remettre debout ». Et c'est bien pourquoi, à l'origine, le « restaurant »  désignait non pas comme aujourd'hui l'endroit où l'on se restaure mais le contenu de l'assiette qui était servie à ceux qui venaient récupérer des forces ! Pour eux, un bouillon« restaurant » fait de jus de viande concentré auquel était ajouté selon les chefs et les recettes, des légumes-racines, des oignons, des herbes, des épices, du sucre, du pain, des raisins...». C'est  cette définition du mot "restaurant" qu'entérina l'Académie dans l'édition 1798 de son dictionnaire.

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    La Tour d'Argent (1582), l'un des plus vieux restaurant de Paris

    À cette époque, la plupart des Français sont des paysans dont la priorité est de manger tout court. Le concept du “bien-manger” n'est qu'une préoccupation des plus riches. C'est à eux que Mathurin Roze de Chantoiseau aidé de son associé le sieur Pontaillé, cuisinier de son état, va s'adresser en créant le premier « restaurant » de l'histoire du royaume de France ! L'établissement qu'il ouvre en cette année 1765 à Paris, rue des Poulies (sur le tracé de l'actuelle rue du Louvre) a pour enseigne la seconde partie d'un verset de l’Évangile selon Matthieu «et ego restaurabo vos  » ( Venez tous à moi, vous dont l’estomac crie misère, « et je vous restaurerai »). Son propriétaire offre à la bonne société parisienne une grande variété de bouillons fortifiants mais pas que... Non seulement il ajoute à son menu des plats « plus solides » comme des pieds de mouton sauce blanche, des volailles au gros sel ou des œufs mais surtout il propose à sa clientèle un service qui va trancher sérieusement avec les habitudes de l'époque.

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    Scène dans une taverne française au XVIIIe siècle (peinture)

    Car les auberges et hôtels qui tiennent table d'hôtes en cette fin du XVIIIe siècle servent à heure fixe sur des tables collectives, un plat du jour unique qui, s'il tient au corps, ne régale pas vraiment les papilles. Et tant pis pour le voyageur qui arrive en retard et doit se contenter d'un plat déjà entamé. Tant pis s'il doit le partager avec des voisins de tables parfois encombrants ! Tant pis aussi si son addition est une mauvaise surprise ! Avec Chantoiseau, tout change ! Le client est traité comme un roi ! Il est servi dès son arrivée et peu importe l'heure. Il s'installe à la table individuelle de son choix. Il commande le plat qui lui fait envie et dont il a connaissance du prix avant de le déguster.

    Il faudra toute de même attendre soixante-dix années pour que, dans l'édition de 1835 de son Dictionnaire, l'Académie officialise enfin le nouveau sens du mot "restaurant" comme "établissement du restaurateur".

     

     

    Biblio. « Made in France » - France-Loisirs Ed., 2011 et « Et Paris inventa la gastronomie ! » Le Parisien – Histoires de Paris, n°17 – Novembre 2021.

  • Hâ à la crème

    Avec ses 640 km de côtes, le littoral normand est un véritable vivier qui nous pourvoit généreusement en crustacés et en poissons. Des espèces connues comme les Bulots, coques, coquilles Saint-Jacques, étrilles, huîtres, moules, homards ou bien encore les tourteaux bars, soles, dorades, harengs, maquereau, cabillaud, barbues, turbot,.... ou moins connues comme le « Hâ » !

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    Aussi appelé « chien de mer », le  hâ  nous rappelle d'où nous venons. Son nom vient en effet du scandinave « har » signifiant « requin ». Le « hâ » est bien un petit requin totalement inoffensif pour l'homme. Présent sur les côtes de Basse-Normandie, il se déplace et se nourrit depuis les eaux de surface jusqu'à 800 mètres voire 1100 mètres de fond de coquillages, crustacés, harengs et sardines.

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    Pour vous, amis gourmands aux babines alléchées, une recette facile et délicieuse de hâ à la crème* :

    Pour 6 personnes, prévoir un morceau de hâ de 1,2 kg, 1 oignon, 1 bouquet garni, 1,5 litre d'eau, 1 verre de vin blanc, 1 filet de vinaigre, 10 pommes de terre moyennes, 50 cl de crème épaisse, 1 noix de beurre, 1 cuillère à soupe de persil haché, 6 rondelles de citron, du sel et du poivre.

    Préparer le court-bouillon. Dans une casserole, mettre l'oignon épluché et coupé en quatre, le bouquet garni, le vin, le vinaigre, du sel et du poivre. Ajouter l'eau. Porter à ébullition. Faire bouillir 30 minutes et filtrer. Laisser refroidir.

    Démarrer la cuisson du hâ dans le court-bouillon froid. Porter à ébullition puis baisser le feu. Cuire à feu doux 20 minutes.

    Peler les pommes de terre et les couper en quatre. Les cuire 15 minutes à l'eau bouillante salée.

    Réchauffer la crème avec le beurre. Saler et poivrer.

    Quand le hâ est cuit, le sortir avec une écumoire, retirer la peau et découper six morceaux. Les mettre dans un plat avec les pommes de terre égouttées. Rectifier l'assaisonnement.

    Napper le poisson et les pommes de terre de crème chaude. Servir avec du persil haché et des rondelles de citron.

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    Suggestion : Dans l'assiette, écraser les pommes de terre et le hâ pour une une « minchie » comme on dit en normand. Et rajouter une bonne cuillerée de crème.

     

    Bon appétit !

    * Recette de Martine Nouet dans « Cuisine Normande », édition Ouest-France, 2010.

  • Quand une jolie normande sauve une principauté...

    Tout commence par une belle histoire d'amour. Une histoire de prince et de bergère... ou presque. Le prince, c'est Louis Grimaldi, le fils unique du prince régnant de Monaco Albert Ier (1848-1922). Il est né le 12 juillet 1870 à Baden-Baden (grand-duché de Bade). La bergère, c'est Juliette Louvet, une jeune normande née à Pierreval (Seine-Maritime), le 9 mai 1867 d'un père contrôleur aux Oomnibus et d'une mère au foyer. Le 6 octobre 1885 elle a épousé le photographe Achille Delmaet (1860-1914) surtout connu pour ses clichés de nus. Le couple a deux enfants.

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    Marie Juliette Louvet (1867-1930)

    Comment les amoureux se sont-ils rencontrés ? Nul ne le sait vraiment. Après son divorce prononcé le 14 janvier 1893, on retrouve Juliette à Paris. Elle est hôtesse de cabaret et modèle de photographie d'art... Puis elle s'exile en Algérie. La voici à Constantine, lingère dans la caserne du Prince Louis, le 3ème régiment de chasseurs d'Afrique. Peut être sont-ils arrivés ensemble ?

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    Louis II Prince de Monaco ( 1870-1949)

    Quoi qu'il en soit, le 30 septembre 1898, la belle donne naissance à une petite fille qu'on prénomme Charlotte Louise Juliette. De retour d’Algérie, l’année suivante, le prince installe sa compagne et leur fille à Luzarches, au nord de Paris, dans une jolie maison de style Art nouveau qu'il baptise "Villa Charlotte". A l'aube de ses 30 ans, l'héritier souhaite se fixer et envisage sérieusement d'épouser la mère de sa fille. Un projet auquel son père, le prince Albert Ier, oppose un veto formel : la fiancée ne présente pas vraiment à ses yeux le profil idéal d’une future souveraine. La romance entre le prince et la bergère va alors s'étioler... En 1906, pour complaire au souverain, Charlotte est éloignée de sa mère et son éducation confiée à des religieuses. « Pensionnée » par la principauté, dont elle n'aura pourtant jamais les honneurs ni ne recevra aucun titre, Juliette se partage désormais entre Londres, Paris et Biarritz et n'entretient plus qu'une relation épistolaire avec sa fille.

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    Princesse Charlotte de Monaco (1898-1977)

    De son côté, Louis s'occupe avec tendresse de Charlotte. En 1911, pour elle, il obtient de son père une reconnaissance semi-officielle assortie du titre de « Mademoiselle de Valentinois ».

    A l'abri du Palais familial durant la Grande Guerre, l'adolescente va gagner ses « galons de princesse » dans les hôtels de Monaco transformés en hôpitaux. Aux chevet des blessés, elle force l'admiration de ses compatriotes... et celle de son grand-père qui lui donne finalement rang dans l'ordre de succession au trône. Une décision tout de même un peu contrainte par les clauses du « traité d'amitié franco-monégasque » de juillet 1918. A cette époque, après le prince héréditaire Louis, quinquagénaire et encore célibataire, l'héritier en second du trône monégasque n'est autre que Guillaume de Wurtemberg, duc d'Urach et éphémère roi de Lituanie sous occupation germanique. Une succession bien entendu inenvisageable pour l’État français.

    En 1919, Charlotte est légitimée par adoption et titrée princesse de Monaco, duchesse de Valentinois. Sur ses épaules repose l'avenir de la dynastie. De son union avec le comte Pierre de Polignac (1895-1964) vont naître la princesse Antoinette de Monaco (1920-2011) et le prince Rainier III de Monaco (1923-2005), père de l'actuel prince Albert II.

    Marie Juliette Louvet est ma cousine au 8ème degré. Nos ancêtres communs, Jean Portrait (ca 1606-1687) et Jeanne Levesque (ca 1609-1687) vivaient à Préaux (Seine-Maritime). Marie Juliette Louvet descend de leur fils Noël (ca 1658-1734) et de son union avec Marie Orel (ca 1660-1681) célébrée le 4 février 1681 à Préaux (Seine-Maritime). Je descends de leur fils Jean (ca 1653-1734) et de son union avec Geneviève François (ca 1659-1724) célébrée dans la même église le 14 février 1684.

     

    Biblio. « La saga des princesses de Monaco » - Point-de-Vue-Histoire n°8 – Juin 2011.