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PASSION GENEALOGIE, HISTOIRES de NORMANDIE et d'AILLEURS - Page 52

  • Matelote normande

    « On m'a offert des petits verres et des fritures, et des matelotes pour me faire causer ! (…)

    Ah ! Oui, on m'a tapé sur le ventre pour connaître ma recette...

    Il n'y a que ma femme qui la sait... et elle ne la dira pas plus que moi !... Pas vraie, Mélie ? »

    Guy de Maupassant (1850-1893), « Le Trou », 1886.

     

    Vieille recette normande la Matelote ? Pas vraiment ! Mais en tout cas, une digne héritière de la soringue d'anguille, une recette de la cuisine parisienne médiévale qui nous a été révélée par un bourgeois de la capitale dans son livre manuscrit «  Le Ménagier de Paris ». Ce livre d'économie domestique et culinaire, il l'avait écrit à l'intention de sa jeune épouse à laquelle il voulait apprendre la façon de tenir une maison et de faire la cuisine !...

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    Page manuscrite du Ménagier de Paris

    L'appellation « matelote » est attestée par le Dictionnaire de l'Académie en 1694 et provient bien de « matelot ». Un mot qui a pour origine le norois « mötunautr » que l'on peut traduire pas «compagnon de table ». D'ailleurs, à bord d'un navire, le personnel se répartissait en plusieurs « mötuneyti » ou compagnies de table.

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    Si à l'origine les matelots cuisinaient leur matelote au vin, les normands quant à eux lui préférèrent bien entendu leur cidre. C'est cette recette de « chaudronnée » ou « Matelote normande »* que je vous propose aujourd'hui de découvrir, amis gourmands aux babines alléchées.

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    Prévoir : 1 barbue ou turbot, 2 livres de moules, 6 oignons, 250 g de crevettes, 1 dl de cidre brut, 50 g de beurre, 1 petite cuillerée de farine, persil et citron.

    Préparer les moules à la marinière. Dans une sauteuse, faire braiser au beurre pendant une demi-heure les oignons émincés avec un peu de persil haché. Verser dans un grand plat creux allant au feu, le jus de cuisson des moules (ces dernières étant réservées) et les oignons avec leur jus. Poser le poisson dessus et mouiller mi-eau, mi-cidre pour que le poisson baigne un peu plus de la moitié. Couvrir et faire partir au feu. A mi-cuisson, mettre à four bien chaud et arrosant souvent.

    Juste avant de servir, ajouter un bon morceau de beurre manié d'un rien de farine et persil haché et aromatisé d'un jus de citron.

    Garnir avec les moules retirées de leur coquille et les crevettes. Donner un bouillon à plein feu et servir.

    Bon appétit !

     

    * Recette extraite de « Recettes Normandes de nos Grands-Mères » de L. Gildas, Ed. Reflets de Terroir – CPE - 2005 .

  • Sauvée des flammes de Notre-Dame...

    Si son authenticité ne peut être scientifiquement attestée, une chose est certaine : la Sainte-Couronne est porteuse de plus de seize siècles de prière fervente de la chrétienté.

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    Louis IX (1214-1270), dit « le Prudhomme » plus communément appelé Saint-Louis l'aurait achetée à des marchands vénitiens pour la somme de 135 000 livres soit environ la moitié du revenu annuel du domaine royal et l'équivalent de plusieurs millions de nos euros d'aujourd'hui ! Un si précieux trésor que, le 10 août 1239, suivi d’un imposant cortège, il va l' accueillir en personne à Villeneuve l’Archevêque (Yonne). 9 jours plus tard, à Paris cette fois, c'est pieds nus, sans aucun de ses atours royaux mais vêtu d'une simple tunique, qu'il la présente à la cathédrale Notre-Dame avant de la déposer dans la chapelle de son palais.

    Considéré comme un saint de son vivant, le souverain a l'objectif de Paris une ville qui, en prestige et en sainteté, égalera Jérusalem ou Rome et de sa personne le chef de la chrétienté occidentale. En 1246, il décide de faire édifier au cœur du Palais de la Cité, son principal lieu de résidence, un imposant reliquaire, la Sainte-Chapelle, où seront déposées les nombreuses reliques de la Passion du Christ acquises à grands frais lors de ses croisades et bien entendu la principale d'entre-elles, la couronne d'épines supposée avoir été portée par le Christ lors de son calvaire.

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    L'édifice achevé après seulement 7 années de travaux est un joyau du gothique rayonnant. Véritable “cathédrale de verre”, admirable de légèreté et d’équilibre, elle se compose de deux chapelles : la chapelle basse, dédiée à l’origine aux domestiques du palais et aux officiers, et la chapelle haute, au roi et à sa famille. A l'intérieur, illuminée jour et nuit, une châsse de plus de trois mètres de hauteur, en or et en argent incrustée de pierres précieuses, abrite selon un inventaire datant de 1740, outre quelques reliques de la Vierge Marie, un clou et un morceau de la vraie croix offerts par le Pape Léon III à Charlemagne lors de son couronnement à Rome en l'an 800, le fer de lance qui transperça le flanc du Christ, un fragment du Saint Suaire, un peu du Saint Sang, le manteau pourpre, l’Éponge, la Chaîne ou lin de fer, la pierre du Sépulcre et enfin la Sainte-Couronne, un cercle de joncs réunis en faisceaux et retenus par des fils d’or.

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    De toutes ces reliques, il n’en reste aujourd’hui plus que 3 : un fragment de la croix, un clou et la Sainte-Couronne ! Déposées à l’abbaye de Saint-Denis pendant la Révolution Française, elles furent rendues en 1804 à l’archevêque de Paris. Faisant partie du trésor de la Cathédrale Notre-Dame, elles ont été miraculeusement épargnées lors du terrible incendie du 15 avril 2019.

     

  • Une contredanse devenue chant révolutionnaire

    « Le Carillon national » ! Si vous ne connaissez pas cet air de musique, vous connaissez au moins son refrain ! Allez, je vous aide : on le doit au composteur parisien Jean-Antoine Bécourt (1760-1794), violoniste de l'orchestre du théâtre des Beaujolais. Non?... Toujours pas ?... Si j'ajoute qu'il se dit que la reine de France Marie-Antoinette (1755-1793) aimait le fredonner en s'accompagnant de son clavecin... Toujours rien ?... Et si je complète par " ça commence par « Ah ! Çà ira, ça ira, ça ira »"?

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    Portrait de Marie Antoinette a son Clavecin (1769)

    On doit les paroles de cette chanson à un chanteur de rue du nom de Ladré, lequel s'est inspiré pour l'écrire de l’optimisme imperturbable dont faisait preuve Benjamin Franklin (1706-1790) !

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    Benjamin Franklin reçu par Louis XVI en mars 1778

    Lorsqu'on demandait des nouvelles de la guerre d’Indépendance américaine à cet éminent représentant du Congrès continental, l'assemblée législative commune aux treize colonies britanniques en Amérique du Nord à l'origine des États-Unis, il répondait invariablement dans un mauvais français : « Ça ira, ça ira ...»

    « Ah ça ira, ça ira ! Pierrot et Margot chantent à la ginguette.

    Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Réjouissons nous, le bon temps viendra ! 

    Le peuple français jadis à quia, L’aristocrate dit : « Mea culpa ! »

    Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Le clergé regrette le bien qu'il a,
    Par justice, la nation l’aura.
    Par le prudent Lafayette,
    Tout le monde s’apaisera.
    Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! »

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    Mais dans le royaume de France l'orage gronde et l’optimisme fait place à une ambiance nettement plus menaçante. Le texte initial, qui va devenir symbole de la Révolution, est alors revu par des sans-culottes, des mains anonymes qui vont y ajouter notamment ce couplet assassin à l'égard de l'aristocratie et du clergé :

    « Ah ! Çà ira, ça ira, ça ira,

    Les aristocrates à la lanterne !

    Ah ! Çà ira, ça ira, ça ira,

    Les aristocrates on les pendra ! »

    Le « Ah ! Ça ira, ça ira » va être chanté jusqu'à la fin du règne de la Terreur en 1794 avant d'être totalement interdit en 1799 sous le Consulat.