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PASSION GENEALOGIE, HISTOIRES de NORMANDIE et d'AILLEURS - Page 42

  • La toilette de Guillaume

    On ne s'agit pas là ni de l'hygiène corporelle du duc de Normandie ni de ses choix vestimentaires mais de la "broderie de Bayeux" ou « tapisserie de la reine Mathilde » dont on sait par l'historien et archiviste Antoine Lancelot (1675-1740) que les chanoines de la cathédrale la nommait à l'époque « Telle du Conquest » (toile de la Conquête), « toilette de Saint-Jean » ou «toilette du duc Guillaume », le mot « toilette » désignant une simple toile fine.

    Ce que l'on sait moins c'est que cette broderie datant de la fin du XIe siècle et racontant en images les circonstances du débarquement des Normands en Angleterre et la bataille d’Hastings (1066) n'est mentionnée pour la toute première fois qu'au XVe siècle, sur l'inventaire manuscrit des trésors de la Cathédrale de Notre-Dame de Bayeux (Manche) de l'an 1476.

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    Il y est indiqué que ladite broderie était accrochée dans la nef « le jour et par les octaves des reliques », c'est-à-dire le jour de la fête des Reliques et pendant son octave. La fête des Reliques était alors célébrée le 1er juillet. La Tapisserie était donc probablement tendue du 1er au 8 juillet.

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    Cathédrale Notre-Dame de Bayeux (Manche)

    Et à part cela, rien... Jusqu'à ce que, trois siècles plus tard , Nicolas Joseph Foucault (1643-1721), intendant de la généralité de Caen de 1689 à 1706, la redécouvre roulée dans une des chapelles latérale de la cathédrale. Il en fait réaliser un croquis dépourvu d'indications, lequel, après sa mort, attise toutefois la curiosité d'Antoine Lancelot (1675-1740), Inspecteur au Collège royal et Commissaire au Trésor des chartes, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Ce dernier, convaincu que le dessin n'est qu'une partie d'une œuvre de grande taille, fait appel à Bernard de Montfaucon (1655–1741), historien et bénédictin, qui, en octobre 1728, retrouve sa trace. L'année suivante, il publie le dessin de l'entièreté de la tapisserie qu'il attribue à la reine Mathilde dans son ouvrage « Les monumens de la monarchie françoise ».

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    Malgré tout, en 1752, quand le libraire-antiquaire anglais Andrew Coltee Ducarel (1713-1785) se présente un jour à Bayeux dans le but d'admirer l'ouvrage relatant la conquête de l'Angleterre, il constate avec stupéfaction que nul n'en connaît ni son contenu ni son sens : «  Les prêtres de la cathédrale auxquels je me suis adressé pour voir cette broderie remarquable par son antiquité n'en avaient aucune connaissance : la circonstance seule de son exposition annuelle dans la cathédrale leur fit comprendre ce que je désirais ; mais personne ne se doutait que l'objet de mes recherches avait quelque rapport avec Guillaume le Conquérant. »

    Conservée jusqu'à la fin du XVIIIe siècle dans le trésor liturgique de la cathédrale, la tapisserie de Bayeux va échapper de peu à la destruction lors de la Révolution française soit découpée pour couvrir un chariot militaire ou transformée en bandes destinées pour décorer un char d'une fête civique.

    Classée au titre des monuments historiques en 1840, ce n'est que deux ans plus tard que le public sera enfin autorisé à la découvrir. Elle est depuis 1983 hébergée au centre Guillaume-le-Conquérant de Bayeux qui lui est entièrement dédié. En 2007, elle a fait l'objet d'une inscription au registre international Mémoire du monde par l'Unesco.

  • Quand la Seine jouait au facteur...

    Le 19 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse. 14 mois plus tard, le 19 septembre 1871, les Allemands encerclent Paris. La ville est coupée du reste du monde.

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    Boule de Moulins conservée au Musée de la Poste

    Afin que le courrier continue d'être acheminé entre la Province et la capitale, divers moyens de communication vont être employés. Cela va de la construction de petits aérostats, des ballons chargés uniquement de lettres que le vent emporte au-delà des lignes ennemies, au ballon-poste monté où aérostiers et passagers se côtoient. Certains s'égareront tandis que d'autres disparaîtront corps et biens. A l'instar de ces pigeons-voyageurs porteurs de microphotographies et qui vont perdre la vie en tentant de regagner, lestés de leur précieux chargement, leur colombier parisien.

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    La plus originale des tentatives est sûrement l'emploi des "boules de Moulins". Elles portent le nom de la ville où est alors centralisé le courrier à destination de Paris. L'idée des ingénieurs qui les ont conçues, Messieurs Delort, Robert et Vonove, est d'utiliser, selon le principe de la bouteille à la mer, le courant de la Seine. Ils mettent au point des sortes de cylindres en tôle de zinc, d'une longueur de 20 cm pour un diamètre de 12 cm et d'un poids à vide d'un peu plus de 2 kg. Munis d'ailettes destinées à les faire tourner sur eux-mêmes dans le courant du fleuve, les "boules de Moulins" sont immergées après avoir été remplies de quelques centaines de lettres.

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    Afin de déjouer la surveillance des assiégeants et les dispositifs qu'ils ont installés pour barrer la Seine, il est impératif que ces "boules de Moulins" ne flottent pas en surface ni même entre deux eaux mais qu'elles descendent le courant en roulant sur le fond. Mises à l'eau en amont de la capitale, au niveau du département de la Seine-et-Marne, depuis Bray-sur-Seine jusqu'à Samois-sur-Seine, entraînées par le courant du fleuve, elles devaient être récupérées derrière les lignes ennemies, au niveau du Port à l'Anglais à Alfortville (Val-de-Marne) grâce à un filet tendu en travers du cours du fleuve,

    Hélas, aucune des 55 boules envoyées du 4 au 29 janvier 1871, date à laquelle le service fut interrompu, ne fut repêchée ! Probablement ont-elles été envasées, arrêtées par des obstacles ou sont-elles passées au travers des filets...

    Certaines d'entre-elles, entre 25 et 30, vont être retrouvées après la fin du siège : la première en mars 1871 aux Andelys (Eure) et les deux dernières en 1982 et 1988 à Vatteville-la-Rue (76). A chaque fois, selon le principe que le courrier confié à la poste doit arriver coûte que coûte et sans limite de temps, l'administration postale s'est employée à remettre les missives que ces boules contenaient aux descendants des destinataires d'origine.

     

  • Crevettes au cidre

    Le saviez-vous, la crevette, ce petit crustacé gris que l’on pêche sur nos côtes, tient son nom du normand « Kevrette » signifiant « chevrette ». En effet, dès le XVIe siècle, en raison de la manière dont elle se déplaçait, par petits sauts successifs, la crevette a été comparée à une petite chèvre.

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    Dans le même esprit, le bouquet, cette grosse crevette rose, a été nommé ainsi à cause de ses barbes qui le faisait ressembler cette fois à un petit bouc.

    Pour vous aujourd'hui, amis gourmands aux babines alléchées, cette recette toute simple, rapide ( pas plus de 5 minutes de préparation et 5 minutes de cuisson) mais cependant délicieuse de crevettes au cidre*

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    Pour 4 personnes, prévoir 500 g de crevettes grises crues, 1 feuille de laurier, 1 brin de thym frais, 50 cl de cidre brut, du gros sel de mer et du poivre noir du moulin.

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    Dans une grande sauteuse, versez le cidre, ajoutez 50 cl d'eau, une poignée de gros sel, 1 cuillerée à soupe rase de poivre, le thym et le laurier. Portez à ébullition. Jetez les crevettes dans le bouillon.

    Laissez cuire à découvert sur feu vif 4 minutes environ, en terminant à pleine ébullition.

    Égouttez bien les crevettes et servez-les de préférence chaudes avec du pain de campagne ou de seigle et du beurre frais.

    Servir accompagné d'un cidre brut.

     

    Bon appétit !

     

    * Recette extraite de « Normandie, Recettes cultes moulées à la louche » de S. Girard-Lagorce – Solar Ed. 2014.

    Biblio. « Les mots aux origines étonnantes » de S. Brunet – First Ed., 2012.