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PASSION GENEALOGIE, HISTOIRES de NORMANDIE et d'AILLEURS - Page 32

  • Tartines à la normande

    « Nul pain sans peine. »

    Cotgrave, 1611

     

    Autrefois, en Normandie, jamais un pain ne s'entamait sans une croix tracée avec la pointe d'un couteau au dos de la miche. Et sur la table, il reposait toujours croûte au-dessus ! Ainsi, on respectait Dieu qui l'avait offert mais aussi l'homme qui l'avait pétri.

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    La Pourvoyeuse, toile de Jean-Siméon Chardin (1699-1779)

     

    Car, jusqu'à la fin du XIXe siècle, surtout en milieu rural, le métier de boulanger est un métier très dur, entièrement manuel, identique à peu de choses près à celui des boulangers romains.

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    La tâche la plus pénible pour lui, c'est celle du pétrissage à bras. Courbé sur son pétrin de bois durant de longues heures, il mélange, malaxe, soulève, sépare et « souffle » jusqu'à 150 kg de pâte à la fois. Un « crève-bonhomme » qui use rapidement les corps même les plus robustes les affligeant d'épaules et de dos voûtés bien avant l'âge ! Jusqu'à la guerre de 1914, seulement 5% des boulangeries sont équipées de pétrins mécaniques...

    Rien que pour vous, amis gourmands aux babines alléchées, cette recette simple et rapide de « Tartines à la normande*" qui régaleront petits et grands !

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    Pour 3 personnes, prévoir 150 g de lardons, 6 pommes, 20 g de beurre, 1 camembert, 3 grosses tranches de pain de campagne, du vinaigre de cidre.

    Éplucher les pommes et les couper en dés. Faire fondre le beurre dans une poêle. Y ajouter les pommes et laisser cuire 10 minutes en remuant de temps en temps.

    Déglacer avec le vinaigre de cidre puis baisser le feu et continuer la cuisson pendant une dizaine de minutes, jusqu'à ce que les pommes soient bien fondantes.

    Préchauffez le four à 200°C. Dans une autre poêle, faire revenir les lardons jusqu'à ce qu'ils soient légèrement dorés. Réserver sur du papier absorbant.

    Couper le camembert en tranches. Garnir chaque tranche de pain de campagne avec la compotée de pommes. Ajouter les lardons et les tranches de camembert. Enfournez pour 10 minutes.

    Bon appétit !

     

    *Recette extraite de www.leporc.com

    Biblio. « A la recherche du pain perdu » de J.-F. Loisel – Imprimerie Lecerf Rouen, 2000.

  • L'Ile Lacroix, paradis des guinguettes rouennaises du XIXe siècle

    Au centre de la capitale normande, les pieds dans la Seine et les berges vertes, elle a l’âme marinière. Dernière île sur le fleuve avant la mer, l'île Lacroix de Rouen (en référence à une croix placée à son extrémité) ne s'est pas toujours appelée comme ça ! Elle a successivement reçu, soit en totalité, soit partiellement, un assez grand nombre de dénominations différentes, dues en partie aux noms de ceux qui l'habitaient ou qui y avaient des propriétés. C'est ainsi qu'on la trouve mentionnée sous les noms d''île de la Mouque, d'île Augustine, d'île Amette, d'île du Valet, d'île Bras-de-Fer, etc...

    Pendant des lustres, l'île rouennaise n'a été qu’un banc de sable régulièrement envahi par les eaux. Longtemps accessible uniquement en barque, tout change avec la visite de l'Empereur Napoléon (1769-1821) en mai 1810. En remplacement de  l'unique et fragile pont provisoire de bateaux en fonction dans la ville depuis 1626,  il décide la construction d'un pont de pierre qui reliera l’île aux deux rives de la ville. Le chantier qui s'ouvre en 1813 va s'étaler sur 16 longues années. En 1829, composé de deux volées de trois arcades enjambant le fleuve, apparaît enfin le Pont de Pierre surnommé le Pont Circonflexe en raison de sa forme, puis successivement appelé Pont d'Angoulême, Pont d'Orléans, et enfin, à partir de 1848, Pont Corneille.  Au-milieu, à la pointe de l'île, un terre-plein est aménagé sur lequel, en 1834, est installée la statue de Pierre Corneille (1606-1684).

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    Dès lors, l'île qui jusque là n'était encore que parsemée de quelques chétives habitations entourées de jardins, va voir arriver plusieurs cafés et restaurants qui vont contribuer rapidement à lui conférer une réputation d’île Festive. En 1848, le tout-Rouen se précipite au «Château Baudet » et au « Tivoli Normand » où se tiennent fêtes et banquets mondains !

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    Trente ans plus tard, en 1878, les « Fantaisies Lyriques », un établissement de spectacle de plus de 1000 places qui sera rebaptisé au début du vingtième siècle « Théâtre des Folies Bergères » accueillent opérettes et spectacles de music-hall. Des « stars » de l'époque comme Félix Mayol, Ouvrard, Mistinguett, Aristide Bruant, Berthe Sylva, Yvette Guilbert, Dranem et Maurice Chevalier s'y produisent. En 1903, son enseigne en forme de lyre, visible des deux rives de la Seine, trône au-dessus des toits. Endommagé pendant la guerre, il rouvrira ses portes en 1952 et pour douze années sous le nom de « Théâtre de la Lyre », un complexe festif en avance sur son temps, doté d’une discothèque, la deuxième du monde après le Whisky à Gogo de Paul Pacini.

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    "La Lyre avant destruction" aquarelle de Tony FRITZ VILLARS (1965)

    Depuis le 27 novembre 2012, l'ancre de la Jeanne d'Arc, croiseur-porte-hélicoptères désarmé en 2010, dont la ville de Rouen était la marraine, a été installée à l'extrémité aval de l'île.

     

    Biblio. "Dictionnaire des rues et places de Rouen" de N. Periaux - Ed. Page de Garde, 1997.

  • Comment naît un nom de légende ?

    Le public parisien des cafés-concerts de la fin du XIXe siècle est fan de« scies », ces refrains que l'on retient facilement et qu’on se répète sans fin dans la tête. « Qui qu'a vu Coco ? » en fait partie. Cette complainte canine qui raconte les mésaventures d'une jeune femme qui a perdu son chien dans un square a été écrite par Félix Baumaine et Charles Blondelet sur une musique Édouard Deransart .

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    Elle est au répertoire de la chanteuse de café-concert Élise Faure. Celle-ci, le poing sur la hanche, accentuant les sous-entendus grivois du texte, hurle plus que chante son texte pour le plus grand plaisir de son auditoire ! Et chaque soir, le public hilare reprend en chœur le refrain en bissant la plantureuse chanteuse qui ne demande que ça !

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    Coco Chanel a 26 ans peu après son départ de Moulins

    Au tout début du XXe siècle, Gabrielle Chasnel qui exerce à Moulin le métier de couseuse dans un atelier de couture spécialisé en trousseaux et layettes où elle s'ennuie un peu, se met à rêver de music-hall. En 1904, à vingt-quatre ans, elle est recrutée dans la très chic brasserie de style Art Nouveau de la ville, en qualité de « pauseuse », chanteuse censée meubler le silence en attendant le retour des artistes. Sur scène, la voici qui entonne à son tour « Qui qu'a vu Coco dans l'Trocadéro ? » La Rotonde est le lieu de rendez-vous des officiers du 10ème régiment de chasseurs à cheval, lesquels, sous le charme de la jeune femme, vont la surnommer « Coco ! »

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    Acte de naissance de Gabrielle Chasnel

    Coco Chanel ne changera pas seulement prénom ! Née Gabrielle Chasnel le 19 août 1883 à Saumur (Maine-et-Loire), elle simplifiera aussi son patronyme en lui ôtant le « s ».