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PASSION GENEALOGIE, HISTOIRES de NORMANDIE et d'AILLEURS - Page 30

  • Un trait d'union qui change tout !

    Belle mère ou belle-mère ? Beau père ou beau-père ? Beaux parents ou beaux-parents ? On peut être l'un ou l'autre ou les deux à la fois ! Un simple trait d'union et l'on ne parle plus d'esthétique mais de parenté.

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    En la matière, sous l'Antiquité, pour désigner une belle-mère, on employait le terme de « marastre » issu du bas-latin « matrasta », lui-même du latin classique « mater » signifiant « mère ». (Les termes de « parastre » et « fillastre » pour beau-père et belle-fille ont aujourd'hui complètement disparu). Ce n'est qu'à partir du Moyen Âge que le suffixe  « -astre » devenu « âtre » avec le temps », ayant pris le sens péjoratif de mère dénaturée ou mauvaise mère qu'on lui connaît aujourd'hui, va progressivement être remplacé par le préfixe « beau- » désignant plutôt l'affection et le respect que l'esthétisme. En effet, issu du latin « bellus », il signifie à la fois joli, superbe, charmant, élégant, ravissant mais aussi aimable, délicat, bon, distingué et noble. Pour désigner un membre de la famille qu'on chérit, on va dès lors s'adresser à lui en ces termes « bele suer, bele amie, biaux dous fils ». Un peu comme on dit « chère madame » ou « cher ami ».

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    « Belle-mère »ou cactus « Echinocactus grusonii »

    A savoir que le terme « bru » est issu du bas-latin des balkans « brutis » (belle-fille). Il a été introduit par les Goths au IIIe siècle et a supplanté le latin « nurus ». De même, « gendre » vient de « generum », accusatif du latin « gener » (mari de la fille), de la famille de gignere (engendrer). Dans les registres paroissiaux, on trouve quelquefois la mention « fils en loy». « En loy » a ici le même sens que « par alliance ». Nos voisins anglo-saxons utilisent aujourd'hui encore les termes de « mother in law », « father in law » et « brother in law ».

     

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    La voiturette-tandem de Léon Bollée

    Par métaphore péjorative, la « belle-mère », c'est aussi en botanique l'autre nom du cactus « Echinocactus grusonii » dont les épines sont particulièrement nombreuses et fortes. C'est en argot professionnel une épingle à nourrice pour les costumières, une remorque dans le transport routier ou une grille d'effaçage pour les dessinateurs quand ils travaillaient sur du papier. On trouve également dans le bâtiment le « test de la belle-mère », un test de résistance d'une vitre, d'une porte, d'un garde-corps,... par chute ou lancement d'un sac rempli de billes d'acier. C'est encore en politique québécoise un ancien premier ministre venant embarrasser son ancien parti par des critiques ou des déclarations incendiaires. Quant à la « Tue belle-mère », c'est le surnom donné à la « voiturette » inventée par Léon Bollée (1870-1913) en 1896. Un véhicule à trois roues où le passager, placé à l'avant, était dans une position qui le rendait particulièrement vulnérable.

  • Un 14 juillet, oui, mais lequel est à l'origine de notre fête nationale ?

    Si, le 14 juillet de chaque année, nous célébrons dans notre pays notre fête nationale, ce n'est pas vraiment la prise de la Bastille que l'on commémore ce jour-là mais son premier anniversaire !

    Voilà l'histoire : en 1880, la Troisième République en place, qui se présente comme un modèle de démocratie libérale, est à la recherche de symboles, de rituels et de pratiques collectives destinés à cimenter la nation autour des valeurs de liberté, égalité et fraternité héritées de la Révolution. Les députés républicains au pouvoir sont convaincus qu'il leur faut offrir aux français une grande fête républicaine et collective.

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    Prise de la Bastille le 14 juillet 1789 - Collection De Vinck (XVIIIe siècle)

    Mais quelle date anniversaire retenir  ? Ils sont convaincus qu'il leur faut choisir un jour où le peuple, à la recherche de sa liberté, dans une démarche d'émancipation, d'affirmation de se souveraineté, a joué sans violence un rôle majeur. Bien sûr, entre 1789 et 1880, ça ne manque pas vraiment ! Sans regret, les jours glorieux de la Révolution de 1830 qui coïncide avec le retour au pouvoir des Orléaniste et ceux de 1848 qui a conduit au Second Empire, sont écartés. Reste la Révolution française qui offre à elle seule de multiples possibilités ! Pourquoi pas le 5 mai, en mémoire de l'ouverture des États généraux du tiers état ou le 20 juin, en référence au serment du Jeu de Paume, ou bien encore le 4 août, nuit de l'abolition des privilèges voire le 21 janvier, jour de l'exécution du roi Louis XVI ? Après moult débats, une date s’impose peu à peu, celle du 14 juillet, jour de la prise de la Bastille et symbole de la fin de la monarchie absolue.

     

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    100 000 Parisiens au Champ-de-Mars pour la Fête de la Fédération le 14 juillet 1790

    Oui mais voilà, le 14 juillet 1789 est tout de même jugé par certains parlementaires comme un peu trop sanglant à la différence  du 14 juillet 1790, jour de la Fête de la Fédération, un grand moment populaire de réconciliation et d'unité nationale auquel a participé, sur le Champ de Mars parisien, le roi en personne.

     

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    Défilé du 14 juillet 1880 - Gravure extraite de H. Barthélémy, La Guerre, Paris, Jules Rouff

    Signée par 64 députés, adoptée par l'Assemblée le 8 juin et par le Sénat le 29 juin, la loi dite loi Raspail promulguée le 6 juillet 1880 stipule que « La République adopte le 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle » en omettant sagement de préciser l’événement commémoré...  La Première célébration du 14 juillet en tant que fête nationale a eu lieu le 14 juillet 1880. 

  • La toilette de Guillaume

    On ne s'agit pas là ni de l'hygiène corporelle du duc de Normandie ni de ses choix vestimentaires mais de la "broderie de Bayeux" ou « tapisserie de la reine Mathilde » dont on sait par l'historien et archiviste Antoine Lancelot (1675-1740) que les chanoines de la cathédrale la nommait à l'époque « Telle du Conquest » (toile de la Conquête), « toilette de Saint-Jean » ou «toilette du duc Guillaume », le mot « toilette » désignant une simple toile fine.

    Ce que l'on sait moins c'est que cette broderie datant de la fin du XIe siècle et racontant en images les circonstances du débarquement des Normands en Angleterre et la bataille d’Hastings (1066) n'est mentionnée pour la toute première fois qu'au XVe siècle, sur l'inventaire manuscrit des trésors de la Cathédrale de Notre-Dame de Bayeux (Manche) de l'an 1476.

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    Il y est indiqué que ladite broderie était accrochée dans la nef « le jour et par les octaves des reliques », c'est-à-dire le jour de la fête des Reliques et pendant son octave. La fête des Reliques était alors célébrée le 1er juillet. La Tapisserie était donc probablement tendue du 1er au 8 juillet.

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    Cathédrale Notre-Dame de Bayeux (Manche)

    Et à part cela, rien... Jusqu'à ce que, trois siècles plus tard , Nicolas Joseph Foucault (1643-1721), intendant de la généralité de Caen de 1689 à 1706, la redécouvre roulée dans une des chapelles latérale de la cathédrale. Il en fait réaliser un croquis dépourvu d'indications, lequel, après sa mort, attise toutefois la curiosité d'Antoine Lancelot (1675-1740), Inspecteur au Collège royal et Commissaire au Trésor des chartes, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Ce dernier, convaincu que le dessin n'est qu'une partie d'une œuvre de grande taille, fait appel à Bernard de Montfaucon (1655–1741), historien et bénédictin, qui, en octobre 1728, retrouve sa trace. L'année suivante, il publie le dessin de l'entièreté de la tapisserie qu'il attribue à la reine Mathilde dans son ouvrage « Les monumens de la monarchie françoise ».

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    Malgré tout, en 1752, quand le libraire-antiquaire anglais Andrew Coltee Ducarel (1713-1785) se présente un jour à Bayeux dans le but d'admirer l'ouvrage relatant la conquête de l'Angleterre, il constate avec stupéfaction que nul n'en connaît ni son contenu ni son sens : «  Les prêtres de la cathédrale auxquels je me suis adressé pour voir cette broderie remarquable par son antiquité n'en avaient aucune connaissance : la circonstance seule de son exposition annuelle dans la cathédrale leur fit comprendre ce que je désirais ; mais personne ne se doutait que l'objet de mes recherches avait quelque rapport avec Guillaume le Conquérant. »

    Conservée jusqu'à la fin du XVIIIe siècle dans le trésor liturgique de la cathédrale, la tapisserie de Bayeux va échapper de peu à la destruction lors de la Révolution française soit découpée pour couvrir un chariot militaire ou transformée en bandes destinées pour décorer un char d'une fête civique.

    Classée au titre des monuments historiques en 1840, ce n'est que deux ans plus tard que le public sera enfin autorisé à la découvrir. Elle est depuis 1983 hébergée au centre Guillaume-le-Conquérant de Bayeux qui lui est entièrement dédié. En 2007, elle a fait l'objet d'une inscription au registre international Mémoire du monde par l'Unesco.