Marengo, Austerlitz ou Wagram, Calvados, Cid, Cordoue, Sagonte, ou Sélim, Bouffon, Conquérant, Extrême, Folâtre, Gracieux ou Timide : ce sont-là parmi d'autres les surnoms que l'Empereur Napoléon attribuait à ses chevaux.
Bien que souvent représenté en selle, c'était pourtant dit-on un bien piètre cavalier. Il faut dire qu'il n'avait pas non plus vraiment eu le temps d'apprendre à monter à cheval convenablement. En Corse, dans sa jeunesse, il montait le plus souvent à cru que des poneys. Plus tard, entre 1784 et 1785, il y a bien eu les quelques leçons dispensées par Monsieur d'Auvergne à l’École militaire de Paris. Mais elles n'ont pas suffi à faire de lui un cavalier émérite.
La statue de Napoléon à Rouen, carte postale ancienne (vers 1900)
Faute de style, il monte à l'instinct, très à fond dans sa selle, les jambes ballantes, les rênes posées sur l'encolure de l'animal. Hardi, méprisant totalement le danger, il ne connaît que le galop. Ce qui lui vaut tout de même quelques bonnes chutes dont celle que son entourage interpréta comme mauvais présage, la veille de l'invasion de la Russie en 1812.! Endurant, il lui arrive de fatiguer plusieurs montures dans la même journée, parcourant toujours à vive allure entre 20 et 25 lieues (80 et 100 km).
Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard par Jacques-Louis David (1748-1825), huile sur toile - (Le cheval serait Marengo)
Ces chevaux au nombre de trente, sont dits « du rang de Sa Majesté ». Ce sont principalement des étalons. Incorporés au sein de l’Équipage de selle, ils formaient avec celui d'attelage et celui de campagne ou des transports, les Écuries impériales, lesquelles, entre 1810 et 1814, comptaient environ 450 chevaux. L'effectif de la cavalerie napoléonienne était à cette date estimée à environ 140 000 bêtes.
Napoléon 1er vers 1811 montant "Wagram" par P. Courcelle
Si l'Empereur n'éprouve semble t'il que peu de sentiments envers ses chevaux, il se dit pourtant qu'il affectionnait certains d'entre-eux dont un entier autrichien noir jais cheval offert par l'empereur d'Autriche et répondant au nom de l'Ingénu qu'il surnomma le Wagram, en souvenir de sa victoire du 6 juillet 1809. Une affection particulière que le cheval lui rendait bien. A l'arrivée de son maître dans l'écurie, Wagram frappait le sol de ses sabots de devant et ne s'arrêtait qu’après que celui-ci l'ait caressé voire embrassé.