Il répondait (ou pas...) au petit nom de Micetto (Petit Minet). Ce chat de gouttière très ordinaire, gris-roux aux rayures transversales noires, aurait eu cependant l'immense privilège de naître en 1825 entouré de chefs d’œuvre dans la sublime loge de Raphaël au Vatican ! A cette époque et depuis deux ans déjà, le maître des lieux n'est autre que le pape Léon XII (1760-1829).
L'homme d’Église va se prendre d'affection pour ce petit félin et tous deux vont devenir inséparables. Jamais l'un sans l'autre, le chaton est toujours près de son maître, quelquefois caché sous les pans de sa chasuble ou bien lové sur ses genoux lorsque le prélat accorde des audiences.
C'est ainsi que Micetto va rencontrer celui qui allait devenir son second maître, l'illustre écrivain François-René de Chateaubriand (1768-1848), grand soutien de la Restauration et ambassadeur de France au Saint-Siège de Rome. Comme le souverain pontife, le Malouin est un grand amoureux des félidés. Sa sollicitude envers le chaton touche Léon XII. Du coup, entre les deux hommes, l'entente est immédiate : ils parlent chats !
Portrait de Léon XII par Charles Picqué (1828)
Le souverain pontif se sentant vieillir et perdre des forces, il demande tout naturellement à son ami français d'adopter Micetto quand il ne serait plus là.
Portrait de Chateaubriand par Anne-Louis Girodet (1808)
Chateaubriand raconte l'histoire dans ses « Mémoires d'outre-tombe » : « Rome, ce 17 février 1829. (…) Le successeur de saint Pierre étant mort, j’héritai du chat sans maître. (…) On vient de m'apporter le petit chat du pauvre pape : il est tout gris et fort doux comme son ancien maître. »
Une fois de retour à Paris, à son domicile, rue Denfert-Rochereau, l'écrivain s'employa à « faire oublier à l'orphelin, lequel allait devenir très vite la coqueluche du Tout-Paris, l'exil, la chapelle Sixtine et le soleil de la coupole de Michel-Ange sur laquelle il se promenait, loin de la Terre...