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HISTOIRE - Page 2

  • Paris et l'olympisme : La corrida de Colombes

    En ce jour dimanche 18 mai 1924, le stade de Colombes est rempli de 50 000 spectateurs pour la finale de « rugby », encore appelé « football-rugby » qui oppose la France aux États-Unis.

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    Stade de Colombes en 1924

    Les tricolores ont décroché le premier titre olympique de l'histoire de l'ovalie à domicile aux jeux de Paris de 1900 où Pierre de Coubertin, passionné par ce sport, l'avait inscrit. A l'époque, seulement trois équipes participaient à la compétition : la France, l'Allemagne et l'Angleterre. Et déjà, ce premier match opposant les Français aux Allemands, s'était déroulé dans une extrême tension, obligeant les organisateurs à faire appel à la police pour protéger les joueurs teutons. Mais on est loin de ce qui allait arriver 20 ans plus tard...

    Trois équipes, la France, les États-Unis et la Roumanie se disputent le titre olympique. Celles des nations britanniques (Irlande, Angleterre, Pays de Galles et Écosse), ont choisi de ne pas participer à la compétition considérant que le rugby était un sport d'hiver et non d'été.

    La Roumanie a été éliminée tour à tour par les deux équipes. Si l'équipe de France part favorite, l'équipe des États-Unis, tenante du titre, affiche une excellente préparation.

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    Dès le début du match, les États-Unis dominent le jeu. L'équipe de France est en échec d'autant qu'elle est rapidement réduite à 13 : deux de ses membres ayant été évacués sur une civière et à l'époque il n'y a pas de remplaçant.

    Rapidement, les joueurs en viennent aux mains et dans les tribunes le mécontentement est général. Les supporters américains trop enthousiastes sont pris à partie. Injures, gifles, coups pleuvent. Les services de secours évacuent 8 blessés.

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    En quelques minutes, le terrain est envahi. La bagarre se généralise. Des supporters français s'emparent de cailloux et les lancent sur les caméras de télévision. C'est un tel carnage que les organisateurs sont contraints de mettre fin à cette rencontre qui restera dans les mémoires comme "la corrida de Colombes".

    Le score final est sans appel : la France s'incline lourdement 17 à 3. Les supporters français enragent. Après la remise des médailles, au moment où retentit les premières notes de l'hymne national américain, ils sifflent l'équipe des Eagles qui doit retourner aux vestiaires précipitamment sous protection policière.

    Accusé d'avoir entaché l'image des Jeux olympiques, notamment l'idéal de fair-play si cher à Pierre de Coubertin, le rugby est éliminé du programme des éditions suivantes par le Comité International Olympique. Ils n'y reviendra qu'en 2016 à Rio et uniquement dans sa version du jeu à VII et non à XV.

     

     

    Biblio : « Les Jeux Olympiques – Histoires insolites et secrètes » de S. Letouzé, City Éditions, 2024.

  • Paris et l'olympisme : la revanche de 1924

    Du 4 mai au 27 juillet 1924, cette fois, ce n'est pas moins de 3256 athlètes dont seulement 135 femmes venus de 45 nations qui vont s'affronter dans 23 disciplines et 126 épreuves ! Paris 1924 voit grand pour cette huitième olympiade de l'histoire moderne qui doit faire oublier l'échec de 1900 !

    L'hiver précédent déjà, du 25 janvier au 5 février, la France a accueilli à Chamonix les premiers jeux olympiques d'hiver qui ont été un vrai succès populaire et sportif !

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    Le village olympique de Colombes

    Pour l'occasion est créé le premier village olympique de l'histoire. Situé à Colombes (Hauts-de-Seine) au Nord-Ouest de Paris, à seulement quelques encablures du stade olympique Yves-du-Manoir,  66 baraquements en bois pouvant accueillir trois sportifs par logement sont construits.  Les sportifs et leurs entraîneurs qui le souhaitent peuvent s' y loger et s'y nourrir pour « la bagatelle de 55 francs par jour (soit environ 50 euros).

    Malgré tout, certaines délégations refuseront « de cohabiter » comme les Américains qui vont préférer louer le château de Rocquencourt et son parc dans les Yvelines.

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    Pour les spectateurs, un office du logement est ouvert boulevard Haussmann. Les propriétaires intéressés par une potentielle location sont invités à se faire connaître. Un prix fixe en fonction du logis est établi. La notion d'Airbnb est née !

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    Edmond Dehorter, paré à commenter dans les airs, micro en main et jumelles autour du cou, lors des Jeux olympiques de Paris en 1924

    Enfin, grâce à la technologie de la télégraphie dans fil (TSF), Edmond Dehorter de « Radiola », média parisien qui sera rebaptisé « Radio-Paris » va être le premier journaliste à couvrir les Jeux Olympiques en direct à la radio d'abord du haut de sa montgolfière avant d'être admis au même titre que les journalistes de la presse écrite dans les tribunes du stade.

    Au programme de ces jeux et pour la première fois, une épreuve féminine de fleuret et des sports de démonstration tels que la pelote basque, la savate (boxe française), le canoë et la canne de combat, un art martial français similaire à l'escrime mais avec une canne.

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    C'est un normand originaire d'Elbeuf, Raoul Bénard (1881-1961) qui a été choisi comme graveur des médailles officielles.

    La devise olympique de Pierre de Coubertin empruntée à son ami l'abbé Henri Didon, directeur du collège Albert-le-Grand d'Arcueil, « Citius, Altius, Fortius » soit « Plus vite, plus haut, plus fort » fait également son entrée officielle ainsi que le rituel de lever des trois drapeaux lors de la cérémonie de clôture : celui du Comité International Olympique, le drapeau du pays-hôte, soit le drapeau français, et le drapeau du prochain pays-hôte des Jeux Olympiques d'été, en l'occurrence celui des Pays-Bas.

    A suivre...

    Biblio : « Les Jeux Olympiques – Histoires insolites et secrètes » de S. Letouzé, City Éditions, 2024.

  • Paris et l'olympisme : place aux femmes !

    Pour le baron Pierre de Coubertin (1863-1937) leur fondateur, les Jeux olympiques modernes sont une célébration de la virilité donc une affaire exclusivement masculine. A ses yeux, les Jeux constituent « l’exaltation solennelle et périodique de l’athlétisme mâle avec […] l’applaudissement féminin pour récompense». Il persiste en 1912 soulignant «qu'une olympiade femelle ne pourrait être qu'impratique, inintéressante, inesthétique, et incorrecte, ». Et maintient sa position en 1928 par ces mots : «Quant à la participation des femmes aux Jeux, j’y demeure hostile. C’est contre mon gré qu’elles ont été admises à un nombre grandissant d’épreuves». On ne peut être plus clair !

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    En réalité, Pierre de Coubertin n’est pas opposé à la femme sportive, il est opposé à la compétition pour les femmes et au spectacle inconcevable à ses yeux qu'elles donneraient en montrant leurs jambes et en transpirant...

    La première édiction de ces jeux à Athènes en 1896 s'ouvre donc sans surprise sans aucune athlète femme. Faut reconnaître qu'en cette fin du XIXe siècle, il y a très peu de femmes sportives. Seulement quelques aristocrates ou dames de la très haute bourgeoisie qui pratiquent pour le loisir l'équitation, le tennis ou éventuellement le croquet. La place de la femme est au foyer. Son rôle est d'être une bonne épouse et une bonne mère. Elle n'a pas le droit de vote ni celui d’avoir un compte en banque.

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    La joueuse de tennis britannique Charlotte Cooper,

    première championne olympique dans une épreuve individuelle, photographiée en 1900.

    Aux Jeux de Paris de 1900, soit quatre ans après la première édition, 22 femmes sur les 997 athlètes présents vont participer à des épreuves dites « compatibles avec leur féminité et leur fragilité » : le tennis, la voile, le croquet, l'équitation et le golf.

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    La course féminine du 100 mètres aux Jeux olympiques de 1928

    Et c'est ensuite graduellement que les femmes vont se faire une place dans les Jeux. En 1928, aux JO d'Amsterdam, après un bras de fer avec la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) menée par Alice Milliat (1899-1938) grande militante du sport féminin, le CIO accepte enfin d'introduire cinq épreuves féminines d’athlétisme. Mais, après un tollé public provoqué par l'épuisement des coureuses du 800 m, les organisateurs interdiront, et jusqu'en 1960, toute course féminine longue de plus d'un demi-tour jugée inadaptée à la condition physique féminine.

    Si la participation féminine devient pérenne en 1930 lors des JO de Prague, i l faut attendre 2007, soit le XXIe siècle pour que « la Charte olympique rende obligatoire la présence des femmes dans tous les sports ». Aux Jeux de Paris 2024, il y aura pour la première fois autant d’athlètes hommes que femmes !

     

    A suivre...