Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

ONOMASTIQUE - Page 2

  • Un bien curieux service rendu à la Couronne de France...

    Elle devait son surnom à son œil de verre qu'elle cachait dans la journée, à l'image des corsaires, sous un bandeau de tissu. Saint-Simon (1675-1755) la décrivait comme une « créature de beaucoup d'esprit, d'une grande intrigue, fort audacieuse, qui eut le grappin sur la reine-mère, et qui était plus que galante… » Ainsi, bien que borgne mais aussi laide, bossue et avare, Cateau la Borgnesse née Catherine Henriette Bellier  (1614-1689 ) aurait eu jusqu'à sa mort, à l'âge de 75 ans, un nombre considérable d'amants...

    catherine de beauvais 01.jpg

    Un des macarons de la cour d'honneur de l'hôtel de Beauvais - Peut-être le portrait de Catherine Bellier.

    Elle avait épousé Pierre Beauvais, Marchand de rubans et c'est grâce à lui qu'elle fit son entrée au Louvre où elle fut rapidement remarquée par Anne d'Autriche (1601-1666). Très proche de la reine à laquelle, en qualité de première femme de chambre, elle administrait notamment clystères, lavements et autres traitements médicaux usuels à l'époque, elle avait déjà quarante ans quand celle-ci lui demanda de déniaiser son fils, le futur Louis XIV (1638-1715) alors âgé d'à peine 16 ans, qui tardait d'après elle à montrer de l'appétit pour le sexe opposé.

    Apparemment, elle aurait su y faire car, toujours selon Monsieur de Saint-Simon, le jeune prince, ayant prit goût à la chose, prit du plaisir à rejoindre fréquemment sa pourtant assez repoussante maîtresse.

    Pour ce royal dépucelage, une pension de 2000 livres lui fut versée ainsi que la jouissance d'un beau terrain dans le quartier parisien du Marais. Elle s'y fit construire un véritable palace, l'Hôtel de Beauvais, qui abrite aujourd'hui la Cour administrative d'appel de Paris.

    catherine de beauvais 02.jpg

    Gravure de Jean Marot montrant la façade d'origine de l'hôtel (1660) et son registre décoratif

    Et c'est du balcon de la nouvelle demeure de sa Dame de compagnie que la reine-mère entourée du Cardinal Mazarin (1602-1661) et de Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne 1611-1675) vont assister l'après-midi du 26 août 1660 à l’entrée dans la capitale du jeune roi venu présenté son épouse Marie Thérèse (1638-1683) aux parisiens. Françoise d’Aubigné qui s’y trouvait, vit pour la première fois de sa vie son futur mari et souverain. Le porche est surmonté des armes de France en souvenir de la journée du 26 août 1660.

    catherine de beauvais 03.jpg

    La magnifique entrée du Roy et de la Royne dans leur bonne ville de Paris le 26 août 1660

     [estampe] Ladame, Gabriel (1613?-1682?) -Graveur

    Quant à son mari, en récompense de sa complaisance, en plus du titre de cocu, il reçut celui de baron ! Devenue veuve en 1674, elle se retrouva submergée de dettes. Contrainte par son âge avancé de s'éloigner de la vie de cour, elle se retira à Arrou (Eure-et-Loir). Elle acheva misérablement sa vie, ruinée par le jeu et quelques gigolos.

  • Comment naît un nom de légende ?

    Le public parisien des cafés-concerts de la fin du XIXe siècle est fan de« scies », ces refrains que l'on retient facilement et qu’on se répète sans fin dans la tête. « Qui qu'a vu Coco ? » en fait partie. Cette complainte canine qui raconte les mésaventures d'une jeune femme qui a perdu son chien dans un square a été écrite par Félix Baumaine et Charles Blondelet sur une musique Édouard Deransart .

    coco chanel.jpg

    Elle est au répertoire de la chanteuse de café-concert Élise Faure. Celle-ci, le poing sur la hanche, accentuant les sous-entendus grivois du texte, hurle plus que chante son texte pour le plus grand plaisir de son auditoire ! Et chaque soir, le public hilare reprend en chœur le refrain en bissant la plantureuse chanteuse qui ne demande que ça !

    coco chanel 03.jpg

    Coco Chanel a 26 ans peu après son départ de Moulins

    Au tout début du XXe siècle, Gabrielle Chasnel qui exerce à Moulin le métier de couseuse dans un atelier de couture spécialisé en trousseaux et layettes où elle s'ennuie un peu, se met à rêver de music-hall. En 1904, à vingt-quatre ans, elle est recrutée dans la très chic brasserie de style Art Nouveau de la ville, en qualité de « pauseuse », chanteuse censée meubler le silence en attendant le retour des artistes. Sur scène, la voici qui entonne à son tour « Qui qu'a vu Coco dans l'Trocadéro ? » La Rotonde est le lieu de rendez-vous des officiers du 10ème régiment de chasseurs à cheval, lesquels, sous le charme de la jeune femme, vont la surnommer « Coco ! »

    coco chanel 00.png

    Acte de naissance de Gabrielle Chasnel

    Coco Chanel ne changera pas seulement prénom ! Née Gabrielle Chasnel le 19 août 1883 à Saumur (Maine-et-Loire), elle simplifiera aussi son patronyme en lui ôtant le « s ».

  • Clicquot, un patronyme qui résonne et pas seulement en trinquant !

    Aujourd'hui, Clicquot rime avec Champagne ! Pourtant, cette famille bourgeoise originaire de Flandres ou d'Artois, installée depuis très longtemps dans le département de la Marne, a donné naissance à deux branches principales. Et si l'une s'est distinguée dans le négoce et le commerce du vin, l'autre a brillé dans la construction et l'entretien des orgues.

    Le plus célèbre des représentants de cette dernière branche est considéré comme le plus important facteur d'orgues français du début du XVIIIe siècle. Il se nommait Robert Clicquot (1644-1719). En 1692, c'est lui qui va officier sur l'orgue de la cathédrale Notre-Dame de Rouen, l'une des premières cathédrales d'Occident à en avoir été dotée.

    clicquot 00.jpg

    Orgue de la cathédrale Notre-Dame de Rouen

    Robert Clicquot a été baptisé à Reims (Marne) le 28 avril 1644. Son père, Jean Nicolas Clicquot, lui-même également facteur d'orgues, est le septième et avant-dernier enfant d' Anthoine Clicquot établi à la fin du XVIe siècle Marchand-Tonnelier à Reims avec son épouse Liesse Le Fricque.

    clicquot 01.JPG

    Robert apprend le métier avec son beau-frère, Étienne Enocq, le mari de sa demi-sœur Jacqueline. Vers 1679, avec son épouse Marie Colbert, ils vont quitter Reims à la demande d'un parent éloigné de sa femme, un des principaux ministres du roi Louis XIV (1638-1715), Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), tout comme eux originaires de Reims. Colbert lui confie la construction du grand orgue de la Chapelle royale de Versailles. Il est nommé « facteur d'orgue royal » et reçoit le titre d'Officier commensal, lequel va lui valoir de nombreux privilèges comme ceux de porter l'épée et aussi de ne pas payer d’impôts. Après lui, son fils Louis-Alexandre Clicquot (1680-1760) et son petit-fils François Henry Clicquot (1732-1790) poursuivront son œuvre.

    clicquot 02.jpg

    Barbe Nicole Ponsardin (1777-1866), la veuve de François Clicquot, descendant à la 5ème génération de Victor, fils aîné d'Antoine et Liesse Le Fricque et frère de Robert, deviendra célèbre sous le nom de Veuve Clicquot.

    Pour la petite histoire, le patronyme Cliquot, principalement porté dans l'Aisne et l'Oise ainsi que dans les Ardennes, est le diminutif de «Clicq » ou « Clique », surnom onomatopéique qui pourrait avoir été donné à un sonneur de cloches ou à un porteur de clochette ...