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ONOMASTIQUE - Page 4

  • De la politique au théâtre

    Marius Escartefigue : un nom qui sent bon la Provence, le Vieux-Port de Marseille et bien sûr Marcel Pagnol (1895-1974). C'est en 1929 que "naît" sous sa plume "Marius", premier acte d'une trilogie théâtrale qui fera l'objet d'une adaptation cinématographique en 1931. Pierre Fresnay (1897-1975) et Paul Dullac (1882-1941) en sont les interprètes. Le premier incarne Marius Ollivier, le fils de César propriétaire du bar de la Marine, qui, bien qu'amoureux de Fanny, décide de partir à l'aventure sur les océans. Le second prête ses traits à Félix Escartefigue, mari honteusement trompé et capitaine du « ferry-boite » lequel effectue des allers-retours dans le Vieux-Port plusieurs fois par jour.

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    Paul Dullac dans le rôle d'Escartefigue

     

    "Squarciafichi" qui a donné "Escartefigue" en provençal, est un patronyme d'origines ligures-génoises que l'on peut traduire par "déchirer les figues". Il peut s'agir soit d'un lieu-dit soit d'un sobriquet. En effet, en dialecte ligure, le mot "figue" désigne également le sexe féminin et, en Provence, être qualifié "d'Escartefigue", c'est être un conjoint déshonoré.

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    Marius Escartefigue (1872-1957)

     

    Savez-vous que Marius Escartefigue a réellement existé ? Cet ingénieur civil, né à Marseille, le 2 novembre 1872, fut élu, malgré une réputation souvent mise à mal, maire de la ville de Toulon de 1904 à 1909 et Président du Conseil Général du Var durant deux mandats, de 1928 à 1932 puis de 1936 à 1940. Epinglé à de multiples reprises pour des montages financiers qualifiés d'« acrobatiques », condamné pour escroquerie au préjudice de l'Etat en avril 1916, traînant de surcroît, au sortir de la Première-Guerre Mondiale, une casquette de déserteur, il entreprendra avec succès la reconquête de sa mairie. Après avoir voté en Juillet 1940 en faveur de la remise des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, il sera démis de son mandat départemental en novembre de la même année.

     

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    "Cherbourg éclair" - Journal du 19 avril 1916

     

    Durant toutes ces années, l'homme fait régulièrement la une de la presse. C'est, semble-t'il, le bruit médiatique fait autour de son nom qui inspira à Marcel Pagnol les patronymes de ses héros.

     

     

    Biblio. "L'Evêque Cauchon et autres noms ridicules de l'histoire" de B. Fuligni - Ed. Les Arènes, 2017.

  • Un breton au patronyme normand

    Voyez cet acte de baptême relevé sur le registre paroissial de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) en date du 12 décembre 1773.

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    Archives Départementales 35, paroisse de St-Malo, collection communale, Baptêmes p 32/34

    C'est celui de Surcouf, le "roi des corsaires". Ce célèbre malouin a harcelé les marines marchandes et militaires britanniques, ses ennemies, sur toutes les mers d'Europe et d'Inde. Redoutable et redouté à tel point qu'il paraît que son nom était utilisé comme équivalent du croquemitaine par les jeunes mamans anglaises pour calmer leurs enfants trop turbulents.

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    Robert Surcouf (1773-1827)

     

    Mais saviez-vous que "Surcouf" est à l'origine un nom de famille normand ? Tout droit sorti du Nord Cotentin ? D'ailleurs aux Moitiers-d'Allonne, commune du département de la Manche, un hameau porte ce nom. Si pour certains, il est un dérivé de "ulfr" signifiant "loup", et pour d'autres, de "surt", variante de "svart" signifiant "noir" et de "kufr" signifiant "bossu", une chose est certaine, ce patronyme provient bien du norrois !

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    Surcouf n'ignorait pas ses racines normandes. D'ailleurs, son blason porte "au chef un léopard normand d'or passant sur champ de sable de sénestre à dextre". Il avait acquis en 1795 à Quettreville-sur-Sienne près de Coutances, à proximité des plages d'Agon-Coutainville, Hauteville-sur-Mer et Granville, un manoir du XVIe siècle où il séjournait régulièrement accompagné de sa famille et dont il fit un repère.

    Il y organisait chaque année une fête, celle des « frères de la côte », à laquelle il conviait ses amis corsaires normands et bretons. Cette propriété demeura dans sa famille jusqu'en 1860, date à laquelle son petit-fils s'en sépara.

    Le navigateur s'est éteint, riche et puissant, le 8 juillet 1827 près de Saint-Servan. Inhumé dans sa ville natale, sa tombe porte cette épitaphe : « Un célèbre marin a fini sa carrière / Il est dans le tombeau pour jamais endormi / Les matelots sont privés de leur père / Les malheureux ont perdu leur ami. »

     

  • Changements de nom à la cour d'Angleterre

    22 janvier 1901. Londres est en liesse. Édouard VII (1841-1910), fils aîné de la reine Victoria (1819-1901), reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, du Canada, d'Australie et Impératrice des Indes et de son mari le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha (1819-1861) est couronné à l' Abbaye de Westminster. Là même où, le 25 décembre 1066, le Normand Guillaume le Conquérant le fut avant lui.

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    Édouard VII et son épouse légitime, Alexandra de Danemark, montés sur le trône du Royaume-Uni en 1901

    Dissous après la Première Guerre mondiale, la Saxe-Cobourg et Gotha, fondée en 1826 par Ernest Ier (1784-1844) est l’un des duchés saxons de l’époque contemporaine allemande.

    En 1917, face à une opinion publique antigermanique, le roi George V (1865-1936), fils du précédent et cousin germain du tsar Nicolas II (1868-1918 et de l'empereur allemand Guillaume II (1859-1941), juge préférable de changer son nom de "Saxe-Cobourg-Gotha", à la consonance allemande trop prononcée, en "Windsor", nom d'une forteresse médiévale située dans le Berkshire dont la construction remonte au XIe siècle. Ses proches vont alors faire de même, comme son cousin, le prince Louis Alexandre de Battenberg (1854-1921) qui anglicisera son nom en celui de "Mountbatten".

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    Élisabeth II et le Prince Philip lors du couronnement de la Reine le 2 juin 1953

    En 1947, la princesse Élisabeth, héritière du trône de George VI (1895-1952), épouse son cousin issu de germains Philippe de Grèce dont la famille est membre de la maison d'Oldenbourg, une famille elle-aussi de la noblesse allemande. Le jeune prince est le petit-neveu de la dernière tsarine Alexandra Feodorovna de Russie (1798-1860) et de la princesse Irène de Prusse (1866-1953), belle-sœur de l'empereur allemand Guillaume II. Confronté au même sentiment anti-allemand, quelques mois avant son mariage, alors qu'il a été naturalisé sujet britannique, Philip choisit de prendre le nom de "Mountbatten", celui de ses grands-parents maternels britanniques, mais surtout celui de son oncle, le très prestigieux Louis Mountbatten (1900-1979), dernier vice-roi des Indes.

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    Arbre généalogique d’Elizabeth II et du Prince Philip

     

    En 1952, après l'accession au trône d'Élisabeth II, ce dernier souhaite que la maison royale du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord ainsi que de quinze autres États souverains, appelés royaumes du Commonwealth, et de leurs territoires et dépendances, prenne le nom de "Mountbatten", comme le veut la pratique pour les épouses d'adopter le nom de leur mari. Mais voilà, la reine Mary (1867-1953) épouse du roi George V, et Winston Churchill (1874-1965) s'y opposent. Le 9 avril 1952, Élisabeth II signe une proclamation déclarant sa « volonté et plaisir que moi et mes enfants seront appelés et connus comme la Maison et la Famille de Windsor, et que mes descendants et leurs descendants, porteront le nom Windsor. » Philip va se plaindre en privé d'être « le seul homme au pays non autorisé à donner son nom à ses propres enfants."

    Le 8 février 1960, la reine va confirmer qu'elle et ses enfants continueront à être appelés maison et famille de Windsor ainsi que les descendants agnatiques qui portent le prédicat d'altesse royale et le titre de prince ou princesse. Cependant, elle va décider que les descendants agnatiques qui ne portent pas ces titres et prédicats porteront alors le nom Mountbatten-Windsor.