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NOTRE BELLE NORMANDIE - Page 4

  • La Muette, curieux nom pour une forêt...

    Morcelée sur 13 communes* des hauteurs de Rouen, la forêt de la Muette abrite aujourd'hui sur ses 900 hectares des chênes, des châtaigniers, des hêtres, des érables, des merisiers et des épicéas.

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    Son histoire débute en l'an 535. A l'époque mérovingienne, d'une façon générale, la forêt appartient à tout le monde et les riverains exploitent à leur guise les ressources qu'elle leur offre.

    Vers 1030, le duc Robert le Magnifique (1010-1035), le père de Guillaume le Conquérant (1027/1028-1087) lègue la forêt Silveison ou Forêt Verte aux moines de l'abbaye de St-Ouen de Rouen. La propriété des moines sur la forêt n'est toutefois pas totale. Elle est limitée par l'autorité du duc de Normandie et celle du Roi de France. Et aussi par les droits d'usage des populations riveraines lesquels seront à l'origine des biens communaux : l'affouage (prélever du bois pour se chauffer ou bâtir sa maison), le pâturage et le panage (y mettre à paître son bétail et ses porcs ).

    Et tout va bien se passer tant que le peuplement va demeurer clairsemé. Ce sont les grands défrichements qui vont bouleverser cet équilibre comme celui du XIVe siècle où 200 ha sont mis à nu sur le territoire de la paroisse de Quincampoix pour y installer une muette, c’est à dire une résidence de chasse où est entretenue une meute.

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    Aspect général de l'abbatiale Saint-Ouen -Gravure du XIXe siècle.

    Les conflits entre population et religieux se multipliant, le 2 septembre 1551, à la demande du Roi, il est procédé à une « réformation », c'est-à-dire à un inventaire des peuplements afin de préciser les droits d’usage des paroisses dites « usufruitières ». S'ensuit une sentence judiciaire qui sépare en deux parts égales la Forêt Verte. La première est réservée aux religieux sans droit d’usage et sans droit d’accès. L’autre (889ha), à l'origine de la forêt de la Muette, est attribuée « en toute propriété » aux riverains.

    Durant la Révolution, les biens de la Muette, considérés comme appartenant à l’Église vont être confisqués. Ils ne seront restitués qu'un demi-siècle plus tard, après une multitude de procès.

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    En 1829, les communes reprennent possession des biens de la Muette. La gestion est alors confiée à un syndicat, le Syndicat des Biens Communaux de la Muette, plus ancien syndicat de France reconnu par le Roi Louis Philippe (1773-1850) le 22 mars 1838. La répartition des revenus de l'exploitation de la forêt est effectuée au prorata du nombre d'indigents de chaque commune.

    Aujourd'hui, toujours gérés par le syndicat des biens communaux de la Muette avec l'aide de l'Office National des Forêts (ONF), les revenus proviennent de la vente des bois et des droits de chasse attribués par adjudication. Le syndicat répartit les revenus d'exploitation aux communes concernées. Cette organisation originale, qui apportait une aide aux plus démunis, a traversé les siècle et a permis de conserver un magnifique patrimoine forestier.

     

    * Communes de Bosc-Guérard, Déville-lès-Rouen, Fontaine-sous-Préaux, Le Houlme, Houppeville, Isneauville, Malaunay, Maromme, Notre-Dame de Bondeville, Quincampoix, Saint-André-sur-Cailly, Saint-Georges-sur-Fontaine et La Vieux-Rue.

  • L'Ile Lacroix, paradis des guinguettes rouennaises du XIXe siècle

    Au centre de la capitale normande, les pieds dans la Seine et les berges vertes, elle a l’âme marinière. Dernière île sur le fleuve avant la mer, l'île Lacroix de Rouen (en référence à une croix placée à son extrémité) ne s'est pas toujours appelée comme ça ! Elle a successivement reçu, soit en totalité, soit partiellement, un assez grand nombre de dénominations différentes, dues en partie aux noms de ceux qui l'habitaient ou qui y avaient des propriétés. C'est ainsi qu'on la trouve mentionnée sous les noms d''île de la Mouque, d'île Augustine, d'île Amette, d'île du Valet, d'île Bras-de-Fer, etc...

    Pendant des lustres, l'île rouennaise n'a été qu’un banc de sable régulièrement envahi par les eaux. Longtemps accessible uniquement en barque, tout change avec la visite de l'Empereur Napoléon (1769-1821) en mai 1810. En remplacement de  l'unique et fragile pont provisoire de bateaux en fonction dans la ville depuis 1626,  il décide la construction d'un pont de pierre qui reliera l’île aux deux rives de la ville. Le chantier qui s'ouvre en 1813 va s'étaler sur 16 longues années. En 1829, composé de deux volées de trois arcades enjambant le fleuve, apparaît enfin le Pont de Pierre surnommé le Pont Circonflexe en raison de sa forme, puis successivement appelé Pont d'Angoulême, Pont d'Orléans, et enfin, à partir de 1848, Pont Corneille.  Au-milieu, à la pointe de l'île, un terre-plein est aménagé sur lequel, en 1834, est installée la statue de Pierre Corneille (1606-1684).

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    Dès lors, l'île qui jusque là n'était encore que parsemée de quelques chétives habitations entourées de jardins, va voir arriver plusieurs cafés et restaurants qui vont contribuer rapidement à lui conférer une réputation d’île Festive. En 1848, le tout-Rouen se précipite au «Château Baudet » et au « Tivoli Normand » où se tiennent fêtes et banquets mondains !

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    Trente ans plus tard, en 1878, les « Fantaisies Lyriques », un établissement de spectacle de plus de 1000 places qui sera rebaptisé au début du vingtième siècle « Théâtre des Folies Bergères » accueillent opérettes et spectacles de music-hall. Des « stars » de l'époque comme Félix Mayol, Ouvrard, Mistinguett, Aristide Bruant, Berthe Sylva, Yvette Guilbert, Dranem et Maurice Chevalier s'y produisent. En 1903, son enseigne en forme de lyre, visible des deux rives de la Seine, trône au-dessus des toits. Endommagé pendant la guerre, il rouvrira ses portes en 1952 et pour douze années sous le nom de « Théâtre de la Lyre », un complexe festif en avance sur son temps, doté d’une discothèque, la deuxième du monde après le Whisky à Gogo de Paul Pacini.

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    "La Lyre avant destruction" aquarelle de Tony FRITZ VILLARS (1965)

    Depuis le 27 novembre 2012, l'ancre de la Jeanne d'Arc, croiseur-porte-hélicoptères désarmé en 2010, dont la ville de Rouen était la marraine, a été installée à l'extrémité aval de l'île.

     

    Biblio. "Dictionnaire des rues et places de Rouen" de N. Periaux - Ed. Page de Garde, 1997.

  • Le plus vieux gisant de France est à Rouen

    La cathédrale Notre-Dame de Rouen abrite le plus vieux gisant de France, un monument funéraire de style roman, authentique et complet, datant du XIIe siècle Il est situé à gauche de la chapelle de la Vierge, dans le déambulatoire. Il s'agit de l'enfeu, c'est-à-dire de la case funéraire aménagée en surélévation par rapport au sol, dans lequel a été déposé le cercueil de l'archevêque de Rouen, Hugues d'Amiens, qui a rendu son âme le 11 novembre 1164.

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    Enfeu de l'archevêque de Rouen, Hugues d'Amiens - Cathédrale Notre-Dame de Rouen

    Retrouvé dans la crypte romane, ce monument funéraire est antérieur à la cathédrale que nous connaissons aujourd'hui et dont la construction a débuté vers 1035.

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    Détail de la baie du chœur de Saint-Ouen de Rouen représentant saint Mellon

    réalisée en 1325/1339

    Tout a commencé avec Saint-Mellon (? - vers 311-312) ! Originaire de Llanlleurog près de Cardiff, cet évêque aurait été missionné dans la deuxième moitié du IIIe siècle par le pape Étienne Ier (?- 257) pour aller convertir les païens de la région de Rotomagus (l'actuelle Rouen). Selon la légende, pour mieux entendre sa prédication, un jeune Gallo-romain du nom de Præcordius serait monté sur le toit de sa maison d'où il aurait fait une chute mortelle. Le crâne fracassé et la cervelle répandue sur le sol ensanglanté, il aurait été miraculeusement ressuscité par l'évangélisateur provoquant ainsi la conversion de nombre de ses auditeurs. En reconnaissance de ce miracle, le père du jeune homme aurait offert sa maison érigée en chapelle et les terrains l'avoisinant pour y célébrer le nouveau culte. Un incendie aux alentours de 260-280, au moment des premières incursions franques, aura raison du quartier tout entier.

    A la fin du IVe siècle, on trouve trace, à proximité d'une basilique édifiée par Saint-Victrice (vers 330-407/415), d'une cathédrale dont des éléments architecturaux sont retrouvés dans la cour d'Albane. Durant son épiscopat, son église va accueillir de nombreuses reliques faisant de Rouen jusque-là peu connue, une nouvelle Jérusalem.

    Un siècle plus tard, ces deux églises sont réunies par des galeries. C'est à cette époque que l'église du nord est dédiée au chapitre canonial et celle du sud à Notre-Dame.

    Au XIe siècle, ce groupe-cathédrale sort très endommagé des invasions vikings. Vers 1030, l'archevêque Robert le Danois (Xe siècle-1037) décide la reconstruction dans un style roman du chœur de la Basilique Notre-Dame. Des travaux d'ampleur qui s'achèveront avec la reconstruction de la nef en 1063.

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    Façade restituée de la cathédrale de Rouen au XIIe siècle – Dessin du sculpteur Jean-Baptiste Foucher (1906)

    Le 14 septembre 1130, Hugues d'Amiens est consacré Archevêque de Rouen. Dès sa prise de fonctions, il met en chantier la « Tour neuve », un beffroi à six mètres au nord de l’ancien massif de la façade romane. Achevée l'année de sa mort, la «  tour Saint-Romain » introduit l’art gothique pour la cathédrale de Rouen.

     

    Biblio. VOCHELET B. et LE CORNU F. « Rouen, itinéraires insolites » Ed. Ysec, 2008.