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NOTRE BELLE NORMANDIE - Page 3

  • Le plus vieux gisant de France est à Rouen

    La cathédrale Notre-Dame de Rouen abrite le plus vieux gisant de France, un monument funéraire de style roman, authentique et complet, datant du XIIe siècle Il est situé à gauche de la chapelle de la Vierge, dans le déambulatoire. Il s'agit de l'enfeu, c'est-à-dire de la case funéraire aménagée en surélévation par rapport au sol, dans lequel a été déposé le cercueil de l'archevêque de Rouen, Hugues d'Amiens, qui a rendu son âme le 11 novembre 1164.

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    Enfeu de l'archevêque de Rouen, Hugues d'Amiens - Cathédrale Notre-Dame de Rouen

    Retrouvé dans la crypte romane, ce monument funéraire est antérieur à la cathédrale que nous connaissons aujourd'hui et dont la construction a débuté vers 1035.

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    Détail de la baie du chœur de Saint-Ouen de Rouen représentant saint Mellon

    réalisée en 1325/1339

    Tout a commencé avec Saint-Mellon (? - vers 311-312) ! Originaire de Llanlleurog près de Cardiff, cet évêque aurait été missionné dans la deuxième moitié du IIIe siècle par le pape Étienne Ier (?- 257) pour aller convertir les païens de la région de Rotomagus (l'actuelle Rouen). Selon la légende, pour mieux entendre sa prédication, un jeune Gallo-romain du nom de Præcordius serait monté sur le toit de sa maison d'où il aurait fait une chute mortelle. Le crâne fracassé et la cervelle répandue sur le sol ensanglanté, il aurait été miraculeusement ressuscité par l'évangélisateur provoquant ainsi la conversion de nombre de ses auditeurs. En reconnaissance de ce miracle, le père du jeune homme aurait offert sa maison érigée en chapelle et les terrains l'avoisinant pour y célébrer le nouveau culte. Un incendie aux alentours de 260-280, au moment des premières incursions franques, aura raison du quartier tout entier.

    A la fin du IVe siècle, on trouve trace, à proximité d'une basilique édifiée par Saint-Victrice (vers 330-407/415), d'une cathédrale dont des éléments architecturaux sont retrouvés dans la cour d'Albane. Durant son épiscopat, son église va accueillir de nombreuses reliques faisant de Rouen jusque-là peu connue, une nouvelle Jérusalem.

    Un siècle plus tard, ces deux églises sont réunies par des galeries. C'est à cette époque que l'église du nord est dédiée au chapitre canonial et celle du sud à Notre-Dame.

    Au XIe siècle, ce groupe-cathédrale sort très endommagé des invasions vikings. Vers 1030, l'archevêque Robert le Danois (Xe siècle-1037) décide la reconstruction dans un style roman du chœur de la Basilique Notre-Dame. Des travaux d'ampleur qui s'achèveront avec la reconstruction de la nef en 1063.

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    Façade restituée de la cathédrale de Rouen au XIIe siècle – Dessin du sculpteur Jean-Baptiste Foucher (1906)

    Le 14 septembre 1130, Hugues d'Amiens est consacré Archevêque de Rouen. Dès sa prise de fonctions, il met en chantier la « Tour neuve », un beffroi à six mètres au nord de l’ancien massif de la façade romane. Achevée l'année de sa mort, la «  tour Saint-Romain » introduit l’art gothique pour la cathédrale de Rouen.

     

    Biblio. VOCHELET B. et LE CORNU F. « Rouen, itinéraires insolites » Ed. Ysec, 2008.

  • Une chute salutaire

    19 octobre 1834. A Rouen, à l'extrémité de l'Ile Lacroix, au milieu du Pont de Pierre. En présence du Roi des français Louis-Philippe (1773-1850), des princes de la maison d'Orléans et d'une pléiade de personnalités dont le maire de la ville Henry Barbet (1789-1875), on procède à l'inauguration de la statue de Pierre Corneille (1606-1684). Une œuvre financée par souscription publique et réalisée par le grand sculpteur David d'Angers (1788-1756). Dans le piédestal du monument sont scellés une boite en cuivre contenant des pièces de monnaie ainsi que la liste des souscripteurs et les œuvres complètes du grand dramaturge et poète.

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    Alors qu'elle fait la fierté des rouennais, un grand danger va la menacer. Nous sommes en 1940 pendant la Seconde Guerre mondiale. Les troupes allemandes sont entrées dans la ville. Pour empêcher leur progression d'une rive à l'autre, l'armée française a fait sauter le pont sans que la statue n'ait a en pâtir. Mais l'ennemi, qui a grand besoin de métaux non ferreux pour alimenter son industrie de guerre, demande qu'elle leur soit livrée au plus vite. Dans un premier temps, les autorités locales vont jouer la montre mais, très vite, les pressions se font plus menaçantes.

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    L'architecte de la ville, M. Vial et l'entrepreneur Rettagliati, tous deux chargés de son enlèvement vont alors trouver le moyen de la sauver de la fonte qui l'attend. Curieusement, l'ennemi a estimé le poids de l'ouvrage à 1,5 tonne alors qu'en réalité elle en fait presque 5 ! Ils décident donc de mettre en place le dispositif adéquat qu'ils savent cependant bien insuffisant pour la soulever. Comme prévu, le palan qui se peut soulever au maximum que 2 tonnes cède sous le poids de la charge jetant Corneille à l'eau !

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    A la libération, pour la remonter, il faudra la couper en trois morceaux. Comme le nouveau pont Corneille n'a plus rien à voir avec l'ancien, il est décidé de la placer face au Théâtre des Arts. Son inauguration eut lieu le 29 octobre 1957.

  • La toute première course de trot est née en Normandie !

    C'est chez nous, en Normandie, à Cherbourg (Manche) que s'est tenue les 25 et 26 septembre 1836 sur la grève, de la terrasse des bains à la redoute de Tourlaville, la toute première compétition officielle de trot en France.

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    Il faut savoir que dans l'hexagone, l’univers des courses hippiques se divise en deux mondes bien distincts : celui du galop et celui du trot. La première course de galop eut lieu le 9 mars 1775 sur la plaine des Sablons de Neuilly, sous l’œil curieux du roi Louis XVI (1754-1793) et de son épouse la Reine Marie-Antoinette (1755-1793) accompagnés de toute leur cour. Ce divertissement, importé d’Angleterre, va ravir les aristocrates qui voient en ces pur sang anglais l’incarnation du raffinement de la haute société.

    Un siècle plus tard, soit au début du XIXe siècle, Ephrem Houël du Hamel (1807-1885), un officier des Haras nationaux en poste à Saint-Lô, est convaincu que « les courses au trot sont le seul moyen de relever le commerce du cheval en Normandie ». Ce pionnier de l’hippologie avait fait le triste constat d'équidés aux allures molles enfermés dans des écuries sombres et peu aérées d'où ils ne sortaient que très rarement. Pour inciter les éleveurs à s'occuper davantage de leurs bêtes et notamment à les nourrir convenablement, il imagina d'organiser une course de chevaux de pays auxquels sera imposée l'allure du trot afin de donner le spectacle d'une compétition groupée en évitant la dispersion au galop d'un peloton hétérogène et étiré.

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    Ephrem Houël du Hamel (1807-1885)

    Une course de trotteurs destinée à attirer les passionnés anglais et à sélectionner les meilleurs chevaux pour tirer plus vite les voitures attelées de l’époque ? Personne n'y croit vraiment ! Mais l'homme s'obstine. Pour financer son projet, il fait appel à un producteur de vin de pays, Gustave-Joseph Le Magnen. Le commerçant est tout de suite séduit à l'idée de faire connaître ses produits à ses compatriotes britanniques. Un autre homme de cheval du Cotentin, Hippolyte de Tocqueville (1797-1877), le frère du célèbre penseur Alexis de Tocqueville (1805-1859), s'associera à l’initiative et la soutiendra.

    C'est ainsi que, les 25 et 26 septembre 1836 , la Municipalité de Cherbourg est donc la première en France à proposer ce nouveau divertissement hippique. Un premier meeting qui ne fera pas le plein, loin de là : on y dénombre seulement 14 partants ! Mais l'idée est bel et bien lancée et elle ne s'arrêtera pas là. D'ailleurs, la ville conforte l'expérience dès l'année suivante et la renouvellera ensuite régulièrement avec toujours plus de succès.

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    D'autres villes comme Caen et Dieppe en 1837, Saint-Lô, Angers et Boulogne-sur-Mer en 1838 et Langonnet en 1839 vont lui emboiter le pas. Aujourd'hui, il existe 234 hippodromes en France (dont 14 dans le seul département de la Manche) où près de 11 000 courses de trotteurs et 6 000 courses de galopeurs y sont organisées chaque année.

    Au fil des siècles, le travail de sélection génétique initié par Ephrem Houël du Hamel a payé même s’il ne s’agit plus de tirer les carrioles. Jusqu’à ces dernières années « cinq cracks ont foulé la piste de l’hippodrome cherbourgeois de La Glacerie dans leur jeunesse, puis ont gagné la plus célèbre course de trotteurs, celle du Grand Prix d’Amérique » qui a lieu chaque année le dernier dimanche de janvier sur l’hippodrome de Vincennes.