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  • Quand Chicago s'inspire de la cathédrale de Rouen...

    La « Tribune Tower » de Chicago est l'un des plus célèbres gratte-ciel des États-Unis et le préféré des Chicagoans. Située sur le Michigan Avenue, elle fut jusqu'en 2018, le siège du « Chicago Tribune », le journal de la ville fondé en 1847, l'un des plus importants tirages au monde.

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    La « Tribune Tower » de Chicago (Illinois)

    Son histoire débute il y a tout juste un siècle. En 1922. Le président de la société d'édition « Tribune Compagny »», un magnat des journaux de Chicago, propriétaire du « Chicago Tribune », Robert Rutherfort dit le Colonel McCormick (1880-1955), décide, pour fêter le 75ème anniversaire de son journal, de lancer un concours d'architecture international en vue de la construction du "plus bel édifice au monde » pour abriter son journal.

    La récompense, un prix de 50 000 $, attire plus 260 participants. Le concours est remporté par les architectes américains John Mead Howells (1868-1959) et Raymond M. Hood (1881-1934).

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    A droite la tour de Beurre de la Cathédrale Notre-Dame de Rouen - A gauche la tribune Tower de Chicago

    Leur projet consiste en une tour de style néogothique, à l'image d'une cathédrale, avec des sculptures de gargouilles et ses arcs-boutants rappelant le gothique flamboyant. Ils s'inspirent de « la cathédrale française de Rouen », puis explicitement de la tour de Beurre de la Cathédrale Notre-Dame de Rouen.

    Cet édifice date du XVe siècle. Commandé par l'archevêque Robert de Croismare (vers 1445-1493), conçue et bâti par l'architecte et maître maçon rouennais Guillaume Pontifs (décédé en 1497) puis par Jacques Le Roux, il est destiné à rééquilibrer la façade occidentale de la cathédrale flanquée au nord par la tour Saint-Romain construite au début du XIIe siècle et au sud par la chapelle de la paroisse Saint-Étienne accolée à la nef. La couronne octogonale qui coiffe ladite tour est achevée en 1506. Quant à son nom de tour de Beurre, pour certains, il est dû à la couleur jaune de la pierre employée pour la construire. Pour d'autres, il a pour origine les aumônes collectées par le chapitre auprès des riches fidèles qui ne souhaitaient pas faire maigre durant le carême et qui ont servi à financer l'édifice.

    Mais revenons à notre "Tribune Tower" inaugurée en 1925 après 4 années de travaux. Fière de ses 36 étages et de ses 141 mètres de hauteur, elle est aujourd'hui l'un des plus beaux monuments néogothiques de la ville et l'un des plus visités.

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    Pour l'anecdote, à la demande du directeur de la tribune, la base du building est incrustée d’une centaine de pierres ou d’éléments décoratifs récupérés par les grands reporters du Journal sur les monuments les plus célèbres de la terre comme le Parthénon, le Colisée, le Taj Mahal, le Kremlin, la Grande Muraille de Chine, la Maison Blanche, Notre-Dame de Paris... et bien sûr une pierre de la tour de Beurre de notre belle cathédrale Notre-Dame de Rouen !

     

    Biblio. « Guide secret de Rouen et de ses environs » de A. Degon – Ed. Ouest-France, 2017.

  • Du latin de cuisine pour le prince des gastronomes

    « La littérature et la gastronomie sont inséparable, l'une est la fille de l'autre. La gastronomie est née le jour ou de grands écrivains ont consacré leur talent aux choses de la table. L'œuvre des cuisiniers n'a de raison de durer... qu’autant que les gourmets en parlent et en écrivent »

    Curnonsky, "Paris-Soir", 2 juin 1929

     

    Maurice Edmond Sailland est né à Angers (Maine-et-Loire), le 12 octobre 1872. Ce nom ne vous dit rien. Normal, car c'est sous le speudonyme qu'il s'est choisi de Curnonsky qu'il entrera dans l'histoire. Ce critique culinaire doit en réalité son "nom de scène" à la fois à un normand et au "latin de cuisine", cette imitation à but humoristique du latin, qui n’a avec le vrai que quelques assonances.

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    Archives Départementales du Maine-et-Loire" - Angers - 3ème arrondissement -

    Registre des naissances de l'année 1872

    Toute sa vie, l'homme s'attachera à défendre et à mettre en valeur la grande cuisine des terroirs. Son talent, son embonpoint et son appétit légendaire vont faire de lui une des grandes figures de la chronique gastronomique. Sa carrière, il l'a commence comme journaliste. En 1895, il devient l'un des nègres littéraire de Willy (1859-1931), le premier mari de Colette (1873-1954). C'est l'époque où il publie ses tous premiers romans tout en prêtant sa plume à la publicité et en rédigeant régulièrement des articles de presse.

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    Maurice Edmond Sailland dit Curnonssy (1872-1956)

    C'est aussi à cette époque, et plus exactement le 12 juin 1895, que pour la première fois dans le quotidien de presse "Gil Blas", il signe un article sous le pseudonyme de Maurice Curnonsky.

    Ce nom de plume, c'est le normand Alphonse Allais (1854-1905) qui lui aurait suggéré. "Pourquoi pas Sky", lui aurait-il soufflé, un nom "à la mode russe" qui colle bien à l'actualité de l'époque : la France et l'Empire russe sont alors en pleine négociation d'un accord de coopération, "l'Alliance Franco-Russe" qui restera en vigueur jusqu'en 1917. Le prenant au mot, Saillant qui, par ailleurs était un latiniste averti, se baptisa sur le champ "Curnonsky", "Cur" en latin signifiant "pourquoi" et "non" "pas". Plus tard, quand il traitera de gastronomie, il se contentera cependant de signer "Cur".

    Choisissant de se spécialiser dans la bonne chère, avec pour grand cheval de bataille la connaissance et la défense de la «cuisine régionale», il passe sa vie dans les restaurants et les cafés, de Paris et des quatre coins de la France. Au service d'une seule et même cause, celle d'une cuisine simple, sans fioritures, "quand les choses ont le goût de ce qu'elles sont", il publie à partir de 1921 avec Marcel Rouff (1877-1936) "La France gastronomique", une collection planifiée de 32 fascicules sur la cuisine régionale et les meilleurs restaurants de France, qui sera suivie en 1933, en collaboration avec Austin de Croze (1866-1937), du "Trésor gastronomique de France. Répertoire complet des spécialités gourmandes des 32 provinces françaises".

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    Recettes des Provinces de France - Édition 1962

    Le 16 mai 1927, la revue "Le bon gîte et la bonne table" lance l'idée d'une élection pour désigner "un Prince des Gastronomes". 3388 électeurs (gourmets fameux, chefs, hôteliers, membres de clubs et sociétés gastronomiques...) vont ainsi donner une majorité de voix à Curnonsky qui est alors un journaliste et auteur gastronomique aussi connu que reconnu".

    Poursuivant sa carrière, il lancera en juillet 1947 le mensuel "Cuisine de France" qui deviendra "Cuisine et Vins de France" en 1948 et qui donnera naissance en 1953 à un monumental ouvrage du même nom, "3000 recettes les plus réputées des régions de France", édité par Larousse, signé Curnonsky, réédité jusqu’en 1987.

    Décédé le 22 juillet 1956 d'une chute de la fenêtre de son appartement parisien au troisième étage du 14, Place Henri-Bergson, il est inhumé dans le cimetière de Beauchamp (Val-d'Oise).

    Ayant contribué grandement à la renommée de l'art culinaire, en 2010, lorsque le repas gastronomique à la française sera inscrit au patrimoine immatériel de l'humanité, un vibrant hommage lui sera rendu par l'acteur Gérard Depardieu.

  • Chauffe Marcel !

    Milieu du XIXe siècle. Au cœur de la ville de Paris. Les « forts des halles » sont à l'ouvrage. Ces manutentionnaires sont facilement identifiables grâce à leur vastes chapeaux, « le coltin », lesquels, dotés d’un disque de plomb, permettent de supporter de lourdes charges sur la tête. D'ailleurs, pour être embauchés, ils devaient montrer qu'ils étaient capables de porter une charge de 200 kg sur une distance de 60 mètres. Ensuite, dix heures par jour et par tous les temps, été comme hiver, avec leurs lourds chargements sur le dos ou à bout de bras, ces costauds sillonnaient les allées des halles de la capitale, l'un des plus grands marchés du monde qu' Émile Zola (1840-1902) avait baptisé «le ventre de Paris ».

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    Pour se protéger du froid glacial et surtout des courants d'air, sous leur blouse, ils se couvrent de plusieurs vêtements de laine, des tenues qui, si elles protègent efficacement les reins, nuisent cruellement à l'aisance gestuelle.

    C'est pour cette raison qu'un jour, l'un d'entre-eux, se sentant par trop entravé dans ses mouvements, va avoir l'idée, afin de  libérer ses bras, de couper les manches de son vêtement de corps. Sans le savoir, cet homme va lancer la mode du débardeur.

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    C'est là une révolution vestimentaire qui va intéresser Marcel Eisenberg, un bonnetier de Roanne (Loire). Dans son usine de confection, il sera le premier à produire en série ce nouveau maillot de corps sans manche auquel il donne son propre prénom, « Marcel », un prénom dérivé du latin « marcus » qu'on peut rapprocher du grec « martikos » signifiant « consacré au dieu Mars ».

    Très vite, son « marcel » va être adopté par les ouvriers et les agriculteurs qui, appréciant son confort, le portent sous leur chemise, avant d'aller rejoindre le paquetage des Poilus de la Première Guerre mondiale et plus tard encore la valise des premiers bénéficiaires des congés payés.

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    Charles Vanel (1892-1989) et Yves Montand (1921-1991) dans « Le salaire de la peur » (1953)

    En 1951, dans 'Un tramway nommé désir, », le marcel s'affiche on ne peut plus « sexy » sur le torse viril de l'acteur américain Marlon Brando (1924-2004). Séduits, d'autres artistes vont lui emboîter le pas comme Yves Montand (1921-1991) dans « Le salaire de la peur » en 1953, Robert de Niro dans « Raging Bull » en 1980 ou Bruce Willis dan s « Piège de cristal » en 1988.

    Adopté par la gente féminine, le « marcel », en coton et près du corps, ne tardera à se faire un nom de ce prénom en entrant triomphalement tant sur les podiums des créateurs que dans l'édition de 1980 de notre dictionnaire !

     

    Merci au site //lestricotsmarcel.com/pages/histoire