Ami, entends-tu
Le vol noir du corbeau sur nos plaines ?
Ami, entends-tu
Ces cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
Londres. Au cours de l'hiver 1943-1944, à l'occasion d'une soirée amicale entre Français exilés, la jeune chanteuse et guitariste Anna Marly (1917-2006), fille de Russes blancs émigrés en France, interprète à la guitare une complainte en russe à la fois nostalgique et prenante qu'elle vient de composer pour les combattants de Stalingrad. Elle s'est inspirée d'une mélodie populaire slave et l'a baptisée « Guerilla Song » ou « Marche des partisan ».
De son talent, Anna Marly a su faire, selon le mot du général de Gaulle « une arme pour la France. »
En l'écoutant, très impressionné, Joseph Kessel (1898-1979), également d'origine russe, s'écrie « Voilà ce qu'il faut pour la France ! ». Avec son neveu Maurice Druon (1918-2009), lequel, tout comme lui, a rejoint les Forces françaises libres, ils s'appliquent à mettre en forme un texte qui sera le symbole de la France résistante et de la Libération : « Le Chant des Partisans ».
La mélodie, sifflée, devient dès le 17 mai 1943 l'indicatif de l'émission « Honneur et Patrie », diffusée deux fois par jour par la BBC, puis un signe de reconnaissance dans les maquis.
Le 30 mai 1943, l'actrice et chanteuse Germaine Sablon (1899-1985), alors compagne de Kessel, l'interprète pour la première fois dans le film de propagande « Three Songs about Resistance”.
Quant au manuscrit original du Chant des Partisans apporté clandestinement en France en juillet 1943, il a été classé monument historique.