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Tragique destin que celui de "La Petite Irène" !...

Ce portrait d'elle à l'âge de 8 ans, elle l'a détesté dès qu'elle l'a vu. Comment expliquer cette aversion qui ne l'a quittera jamais ? Inconsciemment, savait-elle qu'il allait ruiner sa vie ?

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" La Petite Irène" d'Auguste Renoir -1880

En cette fin du XVIIIe siècle, pour subsister dans la capitale, le peintre Auguste Renoir (1841-1919), en pleine misère, loue ses services aux riches Bourgeois parisiens. Le financier et grand investisseur à la Bourse de Paris, Louis de Cahen (1837-1922), l'un des hommes les plus fortunés de son temps, lui commande le portrait de chacune de ses trois filles, Irène (1872-1963), Élisabeth (1874-1944) et Alice (1876-1965).

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Acte de naissance d'Irène de Cahen le 20 septembre 1872 au Château de la Jonchère à Bougival

Pour réaliser le portrait de l'aînée, une huile sur toile de 64 cm sur 54, Renoir se rend à l'hôtel particulier de l'homme d'affaires, au numéro 2 de la rue Bassano. Deux séances de travail vont lui être nécessaires pour réaliser sa toile appelée "Portrait d'Irène Cahen d’Anvers", "Portrait de Mademoiselle Irène Cahen d'Anvers", "La Petite Fille au ruban bleu ou bien encore et plus simplement "La Petite Irène".

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Auguste Renoir - Autoportrait

Lors de la réception du portrait par la famille, il déplut tout de suite tant au père qui rechigna à verser à son auteur les 1500 francs (environ 5000 euros) qu'il lui devait, qu'à la jeune intéressée qui fit savoir au peintre qu'elle n'appréciait pas la représentation trop sage qu'il avait fait d'elle.

Alors, on s'empressa d'oublier cette toile dans quelque coin de la demeure familiale... Et Irène grandit.

Le 8 octobre 1891, elle épouse le comte italien Moïse de Camondo (1860-1935) dont elle aura deux enfants et dont elle divorcera en 1902 pour, après s'être convertie au catholicisme, épouser le 2 mars 1903 comte Charles Sampieri (1863-1930).

Les années passent et, le 5 septembre 1917, la Première Guerre Mondiale lui enlève son fils aîné âgé de 25 ans, tué au combat. Deux ans plus tard, sa fille Béatrice (1894-1945) épouse un artiste-compositeur classique, Léon Reinach (1893-1944). Le couple aura deux enfants.

Les années passent encore. Nous sommes maintenant en 1941. L'occupant nazi spolie les biens juifs. "La Petite Irène", dont la valeur entre temps est devenue inestimable, tombe dans les mains de Goering (1893-1946) qui la cède à Emil Georg Bührle (1890-1956), un industriel suisse d'origine allemande, fabricant d'armes lourdes pour la Wermacht mais aussi collectionneur d’œuvres d'art peu scrupuleux sur leurs origines. Le gendre d'Irène, Léon Reinach (1893-1944) tente vainement de s'y opposer. Un geste qui lui sera fatal ainsi qu'à sa femme et à leurs deux enfants : tous périront en déportation à Auschwitz.

En 1946, Irène repère dans l'exposition parisienne intitulée "Chefs-d'œuvre des collections françaises retrouvées en Allemagne "le portrait que Renoir avait fait d'elle autrefois. Elle demande et obtient sa restitution. Mais elle supporte encore moins qu'avant cette toile à l'origine de la disparition de sa fille. Elle décide donc de s'en séparer et la met en vente. C'est alors qu'elle est achetée par le même Emil Georg Bührle. Voilà comment "La Petite Irène", considéré aujourd'hui comme un pur chef-d’œuvre, reprend, en toute légalité cette fois, le chemin de la Suisse. Le tableau appartient encore aujourd'hui à la Fondation Bührle de Zurich.

 

 

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