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Le journal de Jean Héroard

Jean Heroard, médecin-vétérinaire-zoologiste et anatomiste normand né à Hauteville-la-Guichard (Manche) le 22 juillet 1551, est attaché dès sa naissance au fils du roi Henri IV (1553-1610) et de son épouse Marie de Médicis (1575-1642), c'est-à-dire au futur roi Louis XIII (1601-1643). Et c'est en cette qualité qu'il va noter régulièrement et scrupuleusement les moindres détails de l'existence du petit prince. Sa santé bien sûr mais aussi ses jeux, son alimentation et sa manière de parler à ses parents, aux domestiques, aux artisans et à ses gouvernantes !

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Portrait de Jean Héroard (1551-1628)

 

Grâce à ces notes rassemblées dans un « Journal de la vie active du roi Louis », un document unique et incomparable, on peut notamment cerner la manière dont l'enfant s'exprimait. D'autant qu'Heroard a pris soin de transcrire ces propos de manière phonique.

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Le roi Henri IV, son épouse Marie de Médicis et leurs enfants : Louis, l'aîné, Élisabeth, Christine et Monsieur d'Orléans

On sait ainsi que la voyelle « o » est souvent prononcée « ou » par l'enfant  : « boune » pour « bonne », « mousseu » pour «monsieur » . Le « ne » est allègrement oublié dans les négations : « Le dites pas au Roi mon père » . Beaucoup de consonnes finales ne sont pas prononcées : « fils » se résume à « fi ».De même le « s » à l'intérieur de certaines syllabes disparaît parfois : « jusque » devient « juque », « reste » « rete ».

Le pronom impersonnel est régulièrement omis : il ne prononce pas « il faut dire » mais «faut dire ». Le sujet et le verbe ne sont pas systématiquement inversés dans les phrases interrogatives : « Papa vient ? » Le dauphin emploie aussi volontiers la syllabe « ti » (abréviation de « t-il ») comme dans « La vela ti pas » ou « Y a-ti longtemps ? »

Quant à la syntaxe, si elle n'est pas toujours académique (« J'y veu allé moi à la guerre »), elle est parfois tout simplement remarquable. Peu après l'assassinat de son père le 14 mai 1610, l'enfant d'à peine 9 ans s'insurge par ces mots :« Ha ! Si je y eusse été avec mon épée, je l'eusse tué ! »

A noter que Louis mange aussi certaines syllabes : « Je ne saurais ast'heure parler au Roi mon père pour vous».

Cependant, Michel Feltin-Palas, dans son livre « Cultivons la langue française* » nous met en garde : les propos retracés dans le journal d'Heroard ne sauraient être considérés comme représentatifs du langage employé par l'ensemble de la société française du XVIIe siècle. Il ne s'agit là que des propos d'enfant souffrant par ailleurs de bégaiement ! En déduire qu'il s'exprimait comme tous les francophones de son époque serait une erreur !

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Jean Heroard restera dévoué au roi jusqu'à sa mort dans sa soixante-dix-huitième année, le 11 février 1628 lors du siège de la Rochelle. Louis XIII, qui n'a pas encore 27 ans, prononcera ces paroles : « j'avais encore bien besoin de lui ! »

 

* »Cultivons la langue française ! » - Héliopoles, 2023.

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