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Les hochets de Napoléon

Après la Légion d’honneur créée le le 29 floréal An X (19 mai 1802) destinée à récompenser les exploits militaires et civils, Napoléon (1769-1821) réfléchit à la manière de commémorer le jour anniversaire du fameux coup d’État du 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799). Une journée qui marque la fin du Directoire et de la Révolution française et la mise en place d'un nouveau régime, le Consulat.

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« Les Romains disait-il décernaient en récompense toutes sortes de distinctions (…) Je défie qu'on me montre une république ancienne ou moderne dans laquelle il n'y ait pas eu de distinctions. On appelle cela des hochets ! Eh bien ! C'est avec des hochets que l'on mène les hommes. »

Par décret le 11 septembre 1804, il décide donc d'instituer « les prix décennaux » destinés aux « artistes, auteurs, savants et inventeurs qui auront le plus participé à l’éclat des sciences, des lettres et des arts ».

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Une stratégie de génie qui lui permet de faire d'une pierre deux coups ! Non seulement, c'est une façon de glorifier son pouvoir mais surtout il crée une diversion en donnant aux gens de Lettres qui le prennent trop souvent pour cible à son goût d'autres motifs d'indignation que sa propre personne.

Et ça marche ! Occupés à conquérir ces nouvelles dignités, les esprits cultivés s'avilissent en rivalités et en invectives afin d'abattre collègues et concurrents.

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Louis-Antoine Bougainville (1729-1811)

Succès politique mais spectacle bien pathétique pour Louis-Antoine Bougainville (1729-1811), le célèbre navigateur, qui ne pourra s’empêcher de faire remarquer à l'empereur : « Sire, autrefois on faisait se battre les bêtes pour amuser les gens d'esprit, et aujourd'hui ont fait se battre les gens d'esprit pour amuser les bêtes. »

En novembre 1809, Napoléon qui entre temps à porté à trente-cinq le nombre de prix, dont neuf de première classe, charge les présidents et secrétaires perpétuels de l’Institut de France de choisir puis de juger les réalisations les plus remarquables de la première décennie de son gouvernement. Leurs rapports doivent ensuite être soumis aux quatre classes de l’Institut pour une première cérémonie de remise des prix prévue pour le 9 novembre 1810.

Si le choix des prix scientifiques ne pose pas de difficultés, il en est autrement pour les prix artistiques, notamment pour les arts plastiques. Comme il n'approuve pas la sélection qui lui est proposée et qu'il n’arrive pas à rallier à son point de vue les membres de l'Institut, il décide tout simplement de reporter « sine die » ladite remise des récompenses.

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