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  • Un bien joli cadeau des Vikings !

    A n'en pas douter, l'adjectif « joli » ! vient de l'ancien norrois « Hjol » que l'on peut traduire par "roue" et qui désignait à la fois le tour que fait le soleil retournant sur ses pas au solstice d'hiver et la grande fête païenne scandinave qui célébrait cet événement. Doté du suffixe « -if », sur le modèle d'aisif « agréable », dérivé d'aise, ce sont les Vikings qui l'ont introduit chez nous, en Normandie, avant qu'il ne gagne toute la France entière !joli mot viking 02.jpg

    Nommée « Jól » en Islande, « Jul » au Danemark, en Norvège et en Suède, « Joulu » en Finlande et Estonie et « Yule » en Angleterre, cette ancienne fête païenne, célébrée selon les sources soit lors du solstice d'hiver, soit à la mi-janvier, a été très vite associée à la fête de Noël. D'ailleurs, les danois disent « God Jul » pour « Joyeux Noël » ! Il est vrai que notre Noël, avant de célébrer la naissance de Jésus, était aussi une fête celte qui marquait le passage au solstice d'hiver et que l'on nommait « Noio Helle », c'est-à-dire « Nouvelle Clarté » .

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    Dans toute la Scandinavie, lors de la fête du Jol, des sacrifice aux dieux étaient censés favoriser les récoltes à venir. Selon certains textes, ce jour-là, le dieu Heimdall descendait de son trône pour rendre visite aux jeunes enfants leur distribuant des présents pour les récompenser de s’être bien comporter le reste de l’année.

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    Représentation du Dieu Heimdall sonnant du cor - Manuscrit du XVIIIe siècle

    Ajoutons qu'à l'origine, le mot « joli » » caractérisait non pas une apparence comme aujourd'hui mais une conduite. Ainsi, en ancien français, au XIe siècle, il était synonyme d'ardent. Deux siècles plus tard, il était plus proche de gai, joyeux voire désinvolte. Ce n'est qu'à la fin du Moyen-âge qu'il prit le sens de "galant", comme dans « joli cœur », un homme galant auprès des femmes, c'est-à-dire agréable à regarder, le sens qu'on lui connaît aujourd'hui.

     

     

    Biblio. « Romanesque – La folle aventure de la langue française » de L. Deutsch – Ed. Michel Lafon, 2018.

  • Le royal gâteau de Savoie

    Gâteau ou biscuit, voilà un délicieux gâteau « léger comme une plume » qui présente l’avantage d’être très peu gras puisqu’il ne comporte ni beurre, ni lait, ni huile.

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    Il se dit qu'il serait né au XIVe siècle, à une époque où la Savoie était un comté rattaché au Saint-Empire germanique. A sa tête, Amédée VI (1334-1383), surnommé le « Comte Vert », la couleur habituelle de ses vêtements. Et en ce jour de l'an de grâce 1358, dans sa résidence de Chambéry, le voici qu'il attend avec fébrilité la visite de son empereur suzerain, Charles IV de Luxembourg (1316-1378). Toute sa maisonnée est en émoi : il faut que la réception soit à la hauteur de l'hôte qu'elle honore. Lequel de son cuisinier Jean de Belleville out de son maître-queux Pierre de Yenne a eu l'idée de ce gâteau à la forme rappelant la topographie du duché de Savoie à savoir un enchaînement de vallées et de plaines, le tout surplombé d' une couronne impériale ? .

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    Amédée VI (1334-1383), surnommé le « Comte Vert »

    Lequel de ces deux hommes a eu l'idée de battre les jaunes d’œufs et le sucre pendant très longtemps jusqu'à les faire blanchir ? Lequel, afin de rendre la pâte plus légère encore et surtout plus moelleuse, imagina d’insérer les blancs montés en neige dans la préparation avant d’ajouter la farine  ? Lequel pensa à le faire cuire doucement en le plaçant dans un plateau en bois afin d'atténuer la chaleur et le faire monter très progressivement ? On ne le sait pas. Ce qu'on sait par contre c'est que c'est le comte en personne, tout de vert vêtu, qui le présenta avec fierté à la table de son invité.

    Bien entendu, ça n'a pas suffit à apaiser les conflits diplomatiques entre les deux protagonistes. De tout cela, l'histoire ne retiendra que la recette de ce gâteau à la texture aérienne et légère ! Bien sûr, avec le temps, elle va évoluer. François Massialot (1660-1733), officier de bouche à la cour de Louis XIV, puis Joseph Menon, l'auteur culinaire du XVIIIe siècle, y apporteront tour à tour leur touche en y ajoutant qui de la cannelle, qui de la vanille, qui de la fleur d’oranger, qui le zeste d'un citron. 

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    Voici pour vous la recette telle que l'a décrite en son temps le fameux maître-queux François Pierre de La Varenne (1618-1678) « Prenez 6 jaunes et 8 blancs d’œufs, avec une bonne livre de sucre en poudre, 3 quarterons (= poignées) de bonne farine faite de bon froment, avec de l'anis : battez le tout ensemble et le faites bien bouillir. Faites une pâte ny trop molle, ny trop dure. Si elle est trop molle vous y pouvez mesler de la farine de sucre pour l'affermir. Estant bien proportionnée, mettez-la dans des moules de fer-blanc faits exprès, et ensuite les faites cuire à demy dans le four ; estant demi-cuits retirez-les et remouillez par-dessus de jaunes d’œufs ; après quoy remettez-les au four cuire entièrement."Estant cuits avec proportion, en sorte qu'ils ne soient ny trop bruslez ny trop mols, tirez-les et serrez en un lieu qui ne soit ny trop frais ny trop sec. »

     

     

    Biblio. « Les Biscuits » d' A. Perrier-Robert – Ed. Du Chêne, 2000.