16/10/2016
Se faire appeler Arthur...
Certains prénoms se sont invités, allez savoir pourquoi, dans nos expressions quotidiennes. C'est le cas pour "Se faire appeler Arthur", qui signifie se faire gronder, réprimander. Pourquoi "Arthur" et pas "Paul" ou "Lucien" ? Quel est donc cet "Arthur" dont on risque de prendre le nom lorsqu'on a commis une bêtise ? S'agit-il du Roi Arthur ? Du poète Arthur Rimbaud ? De l'agronome Arthur Young ou du père de Sherlock Holmes, Arthur Conan Doyle ?
Le Roi Arthur - illustration à partir d'une version de langue galloise Geoffrey de Monmouth - Historia Regum Britanniae, XVe siècle
Aucun d'entre eux ! Car le "Arthur" dont il s'agit n'est pas le prénom d'un homme, mais une heure ! L'histoire nous ramène au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Une partie du territoire français est envahie par l'occupant allemand. Afin de tenter de prémunir au maximum la population des bombardements, les lumières de la ville donnant des points de repère à l’aviation alliée, mais aussi de limiter les activités clandestines de sabotage et de parachutage liées à la résistance, la défense passive prend de nombreuses mesures dont l'instauration d'un couvre-feu dès 8 heures du soir.
A l'heure dite, chacun doit être rentré à son domicile. Et les patrouilles allemandes qui patrouillent dans les rues pour y veiller, ne se gênent pas pour rappeler à l'ordre voire menacer vertement le ou les retardataires pris en flagrant délit. En leur indiquant leur montre, elles leur hurlent « acht Uhr ! » Car dans la langue de Goethe, 8 heures du soir se dit "Acht Uhr", prononcé "Artour". Le ton menaçant conjugué à la parfaite incompréhension de la quasi totalité de la population à la langue d’outre-Rhin a contribué à donner naissance à cette expression à connotation très négative.
06:54 Publié dans ONOMASTIQUE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : se faire appeler arthur, origine des expressions françaises, couvre-feu