« Or, en sortant du concert, comme, en reprenant le chemin qui va vers l’hôtel, nous nous étions arrêtés un instant sur la digue, ma grand-mère et moi, pour échanger quelques mots avec madame de Villeparisis qui nous annonçait qu’elle avait commandé pour nous à l’hôtel des croque-monsieur et des œufs à la crème… »
Extrait de « A l'ombre des jeunes filles en fleurs » de Marcel Proust (1919)
En 1966, alors qu'ils travaillent à la 9ème édition de leur dictionnaire, les membres de l'Académie française arrêtent la définition du mot « croque-monsieur » : « un mets composé de deux tranches de pain de mie entre lesquelles on a placé du jambon recouvert de fromage et que l'on passe au four ». Une définition partiellement erronée puisque, comme chacun le sait, le croque-monsieur ne se cuit pas au four mais au moyen d'un ustensile ménager spécifique, un « fer à croque-monsieur » !
Apparu sur les cartes des restaurateurs dès la fin du XIXe siècle, l'origine du mot « croque-monsieur » reste cependant bien mystérieuse. Quelques belles histoires ont bien sûr été avancées mais aucune n'a rien prouvé !
Ce qui semble avéré par contre, c'est que l'ancêtre de notre croque-monsieur aurait vu le jour, non pas en France, mais en Australie. Les aborigènes nomades faisaient cuire leur chasse du jour en la pressant entre deux tranches de pâte au-dessus d'un feu de bois, à l'aide d'une grande pince. Cette préparation "toastée" est ensuite apparue en Indonésie puis dans le Pacifique quelques siècles plus tard. Chez nous, le croque-monsieur aurait été proposé pour la première fois en 1910 dans le menu d'un café parisien, situé sur le boulevard des Capucines.
Aujourd'hui, il se cuisine aussi bien sucré ou salé, avec toutes sortes de fromages et de sauces. Le saumon mais aussi l'ananas ou la banane ont remplacé le traditionnel jambon. Il s'est aussi expatrié partout en Europe et vers les États-Unis.
Pour vous, amis gourmands aux babines alléchées, voici une version normande du croque-monsieur, des « tartines à la normande »*, vite prêtes et délicieuses à déguster lors d'un apéritif, en entrée ou tout simplement pour caler une petite faim.
Pour 6 personnes, prévoir 15 minutes de préparation et 12 minutes de cuisson.
Ingrédients : un camembert bien fait mais ferme, de 6 tranches de pain de campagne, 50 g de beurre doux, 2 pommes acidulées (Granny Smith, Boskoop, Pink Lady, ...), 1 cuillerée à soupe de miel, de la chapelure, quelques tours de moulin à poivre.
Peler les pommes, les couper en petits morceaux, les mettre dans un bol avec une cuillerée d'eau et les faire cuire au micro-ondes 8 mn. Ajouter le miel et le poivre et laisser refroidir. Passer les tartines au grille-pain. Les beurrer encore chaudes.
Étaler une couche de compote de pommes en veillant à ne pas aller trop près des bords pour éviter que la compote ne coule. Couvrir de chapelure le camembert. En couper des tranches fines et les répartir sur chaque tartine. Les passer ensuite 4 à 5 mn sous le gril.
Bon appétit !
* Photographie et recette issue de « Cuisine Normande » de M. Nouet et L. Herzog, éditions Ouest-France, 2010.