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Le dernier ordre du roi

La journée du 10 août 1792, c'est, après celle du 14 juillet 1789, la plus importante des grandes journées révolutionnaires. Ce jour-là, les sans-culottes s'emparent du palais parisien des Tuileries et jettent en prison le roi Louis XVI (1754-1793) et sa famille. La monarchie française, vieille de près d'un millénaire, est abolie : le dernier ordre du roi n'aura pas épargné le sang versé !

 

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Quelques jours auparavant, soit le 5 juillet 1792, devant la succession de défaites militaires, l'Assemblée législative a déclaré la patrie « en danger ». Tous les citoyens en mesure de prendre les armes et de servir dans la Garde nationale sont placés en service actif. Des piques sont distribuées à ceux qui ne peuvent se procurer d'armes et des drapeaux sont placés dans les espaces publics, avec ces mots : « Citoyens ! La Patrie est en danger ! »

Les armées alliées autrichiennes et prussiennes sont aux frontières du pays. Le 25 juillet, Charles-Guillaume-Ferdinand de Brunswick-Wolfenbüttel (1735-1806), commandant l'armée prussienne, publie un manifeste annonçant qu'il entre en France pour y restaurer l'autorité royale et qu'il investira militairement l'Assemblée et la ville de Paris au moindre outrage envers le roi ou la reine. Connu dans la capitale dès le 1er août, ce texte, non seulement exaspère une partie de l'opinion contre la monarchie mais excite la fureur et les aspirations républicaines des révolutionnaires.

Dans la nuit du 9 au 10 août, alors que le tocsin sonne aux clochers de la capitale, une nouvelle Commune révolutionnaire prend possession de l'Hôtel de ville de Paris, siège du gouvernement. Dans la matinée qui suit, les insurgés se lancent à l'assaut de la résidence royale des Tuileries. Outre quelques aristocrates armés et un certain nombre de membres de la Garde Nationale, le palais est protégé par des Gardes suisses, soit environ 950 hommes.

Apeurés, le roi, la reine et le dauphin traversent le jardin des Tuileries et vont chercher refuge au sein de l'Assemblée installée dans le manège des Tuileries, qui se portent garante de leur sécurité.

Sur la place du Carrousel, devant le palais, l'émeute enfle. Lorsque les sans-culottes s'engouffrent dans les lieux, les gardes suisses ouvrent le feu. Les émeutiers sont fauchés presque à bout portant. Un groupe de volontaires marseillais parvient malgré tout à franchir l'enceinte et le combat reprend de plus belle.

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Pour faire cesser cette effusion de sang, Louis XVI signe alors son dernier ordre, ainsi conçu : «  Le roi ordonne aux Suisses de déposer à l'instant leurs armes et de se retirer dans leurs casernes. » Obéissants, les gardes se replient vers la place Louis XV, l'actuelle place de la Concorde. Mais ils y sont très vite encerclés et massacrés par les émeutiers. En tout, six cents Suisses ainsi que deux cents aristocrates et gens de maison perdent la vie en ce jour terrible du 10 août.

 

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 Affrontement entre les Suisses et les insurgés (dessin d'Henri-Paul Motte, 1892).

 

Le billet griffonné par le roi était adressé au Capitaine Jost de Dürler, chargé du commandement des opérations de défense des Tuileries. Ayant survécu au massacre qui suivit, il conservera le document, qu'un de ses descendants, Dagobert Schumacher, de Lucerne, vendit au musée Carnavalet en 1886.

 

Biblio. « Le Musée idéal de l'Histoire de France » de T. Sarmant - Ed. Télémaque 2011.

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